Film français d’Enya Baroux (2024), avec Hélène Vincent, Pierre Lottin, David Ayala, Juliette Gasquet, Gabin Visona, Brigitte Aubry, Fannie Outeiro da Costa, Jeanne Arènes, Nicolas Lumbreras, Ariane Mourier, Cléa Godji, Nicolas Martinez… 1h37. Sortie le 12 mars 2025.
Hélène Vincent et Pierre Lottin
Hélène Vincent a tenu il y a quelques années l’un de ses plus beaux rôles à l’écran dans Quelques heures de printemps (2012) de Stéphane Brizé. Elle y incarnait une femme atteinte d’un cancer incurable bien déterminée à mettre fin à sa vie au moment de son choix. Impossible de ne pas mettre ce rôle en parallèle avec celui qu’elle tient dans le premier long métrage d’Enya Baroux. L’argument est assez proche, mais le traitement est très différent. Incapable d’annoncer sa décision de mourir à son fils et à sa petite fille, elle leur demande de l’accompagner en Suisse sous prétexte d’y récupérer un héritage providentiel, et embarque dans cet étrange voyage un auxiliaire de vie qu’elle vient de rencontrer. Le film applique la structure du Road Movie à une comédie de mœurs d’une grande subtilité qui repose pour une bonne part sur l’alchimie qui s’instaure entre ces quatre protagonistes pour qui la parole n’est pas toujours évidente. Dès lors, c’est le casting qui fait toute la différence avec en son cœur Hélène Vincent dans une composition d’une grande subtilité pour laquelle elle a d’ailleurs partagé le Prix d’interprétation féminine du festival de l’Alpe d’Huez avec sa jeune partenaire Juliette Gasquet en adolescente ingrate confrontée à l’immaturité de ses aînés. Cette dernière a d’ailleurs tourné ce film tout en préparant son bac et son entrée au Cours Florent.
On ira est aussi l’occasion pour Hélène Vincent de retrouver l’un de ses partenaires de Quand vient l’automne de François Ozon en la personne de Pierre Lottin, monté en puissance entre-temps dans En fanfare et God Save the Tuche. Il déploie ici ses ailes dans un emploi de brave type qui a les pieds sur terre, quitte à se mêler de ce qui ne le regarde pas pour recoller les morceaux d’une famille qui a accumulé trop de non-dits. Et puis, comment ne pas louer la composition de David Ayala, nommé récemment au César du meilleur acteur dans un second rôle pour Miséricorde d’Alain Guiraudie. Il campe cette fois un paumé magnifique aussi incapable d’assumer ses responsabilités en tant que fils qu’en tant que père. Une performance d’autant plus remarquable que cet emploi était destiné à l’origine par la réalisatrice au meilleur ami de son père (Olivier Baroux) qui est par ailleurs son parrain, Kad Merad, lequel a dû y renoncer pour tourner sous la direction de Costa-Gavras Le dernier souffle, un autre film consacré la fin de vie. Un sujet décidément plus que jamais dans l’air du temps, alors que les parlementaires s’en emparent à leur tour. Par son habileté à pratiquer le mélange des genres en dédramatisant cette thématique du suicide assisté toujours abordé sur un registre tragique, Enya Baroux trouve toujours le ton juste et réussit à se faire un prénom en beauté avec un film qui va droit au cœur.
Jean-Philippe Guerand
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