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Affichage des articles associés au libellé noir et blanc

“Le Comte” de Pablo Larraín

El Conde Film chilo-américain de Pablo Larraín (2023), avec Jaime Vadell, Gloria Münchmeyer, Alfredo Castro, Paula Luchsinger, Antonia Zegers, Amparo Noguera, Diego Muñoz, Marcial Tagle… 1h50. Mise en ligne le 15 septembre 2023 sur Netflix. Alfredo Castro et Paula Luchsinger Le cinquantenaire du coup d’état du général Augusto Pinochet méritait à tout le moins une initiative cinématographique de grande ampleur. Au mémorialiste Patricio Guzman la charge de consacrer l’essentiel de son œuvre à étudier l’histoire officielle dans ses moindres détails, en s’attachant à la chute de son prédécesseur devenu l’espoir de tout un peuple et le martyr de son illusion démocratique, Salvador Allende. Rompu à l’art du biopic décalé depuis ses deux opus précédents, Jackie (2016) et Spencer (2021), consacrés à des femmes rebelles et modernes, Pablo Larraín est né quant à lui sous la dictature. Il se détourne donc de la stricte doxa historique pour brosser le portrait saisissant d’un militaire droit da

“Kasaba” de Nuri Bilge Ceylan

Film turc de Nuri Bilge Ceylan (1997), avec Mehmet Emin Toprak, Havva Saglam, Cihat Bütün,  Mehmet Emin Ceylan, Sercihan Alioglu,  Fatma Ceylan, Semra Yilmaz, Latif Altintas, Muzaffer Özdemir… 1h22. Sortie le 16 août 2023. Cihat Bütün  et  Havva Saglam Il est toujours passionnant de découvrir a posteriori le premier film d’un cinéaste consacré. On pourra toutefois s’étonner qu’il ait fallu tant de temps pour qu’il nous soit donné de découvrir le chaînon manquant de l’œuvre du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan. Une chronique de l’enfance en noir et blanc (le réalisateur a d’abord été photographe) qui recèle déjà la plupart des obsessions ultérieures de cet ascète, distille des sentiments universels et s’attarde avec insistance sur les visages, comme pour y déceler des sentiments cachés. Avec toutefois en prime une concision et un rythme qui laisseront place à un autre tempo dès son opus suivant, Nuages de mai , sélectionné à la Berlinale en l’an 2000, celui qui l’a véritablement imposé co

“Quand les vagues se retirent” de Lav Diaz

Kapag Wala Nang mga Alon Film philippino-franco-dano-portugais de Lav Diaz (2022), avec John Lloyd Cruz, Ronnie Lazaro, Don Melvin Boongaling, Shamaine Buencamino, Danilo Ledesma, Aryanne Gollena, Roel Laguerta, Neil Alvin Delas Alas, Ronaliza Jintalan… 3h07. Sortie le 16 août 2023. John Lloyd Cruz et Shamaine Buencamino Lav Diaz est le plus célèbre représentant du cinéma philippin contemporain. Un esthète adepte de l’art de la fresque qui use le plus souvent du noir et blanc pour mettre en scène des tableaux historiques qui renvoient par leur puissance d’évocation et leur sens de l’esthétique au premier âge du cinéma, celui au cours duquel s’illustrèrent ces pionniers que furent l’Américain David Wark Griffith, le Russe Sergeï Mikhaïlovitch Eisenstein et le Français Abel Gance. Chez Diaz, cet art de l’épopée va de pair avec un goût prononcé pour l’intimisme, même s’il puise volontiers son inspiration dans des moments de l’histoire de son pays qui nous sont inconnus et se manifestent

“Belfast” de Kenneth Branagh

Film britannique de Kenneth Branagh (2021), avec Caitríona Balfe, Jamie Dornan, Ciarán Hinds, Jude Hill, Judi Dench, Colin Morgan, Lara McDonnell, Josie Walker, Máiréad Tyers, Michael Maloney… 1h39. Sortie le 2 mars 2022. Seulement trois semaines après Mort sur le Nil , sa deuxième adaptation d’Agatha Christie, voici Kenneth Branagh de retour avec son film le plus personnel. Une évocation de son enfance en Irlande du Nord semée de petits cailloux blancs qui semblent là pour nous convaincre de sa sincérité, qu’il feuillette un illustré à la gloire de Thor, regarde la série “Strar Trek” à la télévision où qu’il aille au cinéma découvrir ces fleurons du cinéma du samedi soir que sont Un million d’années avant J ésus Christ ou Chitty Chitty Bang Bang . Le film s’ouvre sur des images aériennes de la ville portuaire en couleur, pour passer en noir et blanc dans un panoramique vertical d’une rare élégance. Passé du théâtre au cinéma, Branagh est devenu un virtuose de la mise en scène qui a

“Les Olympiades” de Jacques Audiard

Film français de Jacques Audiard (2021), avec Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant, Jehnny Beth, Annabelle Milot, Pol White, Lumina Wang, Camille Léon-Fucien… 1h45. Sortie le 3 novembre 2021. Lucie Zhang et Makita Samba Le treizième arrondissement de Paris reste sans doute l’un des moins souvent filmés au cinéma. Il contient pourtant en son cœur un monde à part : le quartier des Olympiades, épicentre de la communauté asiatique Rive Gauche qui fait pendant au quartier de Belleville Rive Droite. C’est là que Jacques Audiard circonscrit son nouvel opus sur le registre de l’étude de mœurs. Après deux exercices de style, Dheepan et Les frères Sisters , le réalisateur a décidé de renverser la table et de changer de collaborateurs. Ses coscénaristes Thomas Bidegain et Noé Debré ayant entre-temps été sollicités pour écrire Stillwater , il a fait appel à deux réalisatrices réputées pour la qualité de leur écriture : Céline Sciamma et Léa Mysius. La première a collaboré avec André Téchiné

“Malcolm & Marie” de Sam Levinson

Film américain de Sam Levinson (2020), avec Zendaya et John David Washington 1h46. Mise en ligne sur Netflix le 5 février 2021. John David Washington et Zendaya La psychologie n’est pas le genre roi du cinéma américain. Sur ce terrain particulier qui flirte volontiers avec les tréfonds de l’intime, les Européens et les Asiatiques mènent le jeu depuis des lustres. Y compris aux États-Unis quand ils y sont invités. Le cinéaste hongrois Kornél Mundruczó l’a prouvé récemment sur Netflix avec Pieces of a Woman, comme avant lui le mexicain Alfonso Cuaron avec Roma ou, dans une moindre mesure, le new-yorkais Noah Baumbach dans son Marriage Story, plus conventionnel que réellement audacieux sur le plan psychologique. Sam Levinson s’inscrit avec Malcolm & Marie sur le registre de l’exercice de style, en respectant la sacro-sainte règle théâtrale des trois unités, dans le cadre d’un traitement formel minimaliste qui joue des clairs obscurs et de l’harmonie des silhouettes que permet un t