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Affichage des articles associés au libellé Brésil

“Sans cœur” de Nara Normande et Tião

  Sem Coração Film brésilo-franco-italien de Nara Normande et Tião (2023), avec Maya de Vicq, Eduarda Samara, Alaylson Emanuel, Maeve Jinkings, Erom Cordeiro… 1h31. Sortie le 10 avril 2024.   Maya de Vicq Du cinéma brésilien contemporain, on ne connaît guère que les films montrés dans les festivals et deux auteurs majeurs : Karim Aïnouz, dont deux films sortent consécutivement ce printemps, Le jeu de la reine tourné sous pavillon britannique et le documentaire Marin des montagnes qu’il a consacré à ses origines algériennes, et Kleber Monça Filho soutenu par le producteur français Saïd Ben Saïd sur ses deux films les plus célèbres, Aquarius (2016) et Bacurau (2019). On retrouve aujourd’hui les noms de ce dernier et de son associée Émilie Lesclaux au générique de Sans cœur, le premier long métrage de Nara Normande et Tião inspiré lui-même de leur court homonyme tourné en 2014. Un film délicat empreint de nostalgie qui utilise le cadre de la chronique d’apprentissage adolescente po

“They Shot the Piano Player” de FernandoTrueba et Javier Mariscal

Film d’animation hispano-franco-portugo-péruvio-néerlandais de Fernando Trueba et Javier Mariscal (2023), avec (voix) Jeff Goldblum, Roberta Wallach, Tony Ramos, Abel Ayala, Ângela Rabelo, Stephen Hughes, Alejandra Flechner, Malena Barretto, Raymundo Bittencourt… 1h43. Sortie le 31 janvier 2024. Le cinéma d’animation est parfois l’occasion pour certains réalisateurs de s’aventurer hors de leur zone de confort, dans des univers plus oniriques ou dont la reconstitution s’avèrerait hors de prix. De plus en plus s’y essaient ponctuellement pour des raisons diverses, de Patrice Leconte avec Le magasin des suicides (2012) à Zabou Breitman (et Eléa Gobbé-Mévellec) avec Les hirondelles de Kaboul (2019), en passant par Pablo Berger avec Mon ami robot et Michel Hazanavicius avec La plus précieuse des marchandises. Le cinéaste espagnol Fernando Trueba poursuit quant à lui son association avec le dessinateur Javier Mariscal sous le signe de la musique après Chico & Rita (2011). Aux rythme

“Portraits fantômes” de Kleber Mendonça Filho

Retratos Fantasmas Documentaire brasilo-portugais de Kleber Mendonça Filho (2023), avec (voix) Kleber Mendonça Filho… 1h33. Sortie le 1 er novembre 2023. La cinéphilie constitue l’un des multiples chemins qui mènent au cinéma. Journaliste de formation, le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho a été critique et programmateur. Simultanément, depuis les années 90, il a pratiqué tous les formats de prise de vues existant ou ayant existé et a accumulé des images que le temps s’est chargé de transformer en archives comme sous l’effet d’une pierre philosophale. C’est dans ce pactole mémoriel qu’il a puisé l’inspiration de son documentaire Portraits fantômes , mais aussi dans les images de plusieurs courts métrages tournés dans sa ville de Recife dont les cinémas ont souvent été détournés de leur fonction originelle pour accueillir des rassemblements populaires. Il rend ici hommage à ces temples monumentaux pour la plupart disparus qui sont aussi indissociables de sa cinéphilie que des

“Medusa” d’Anita Rocha da Silveira

Film brésilien d’Anita Rocha da Silveira (2021), avec Mari Oliveira, Lara Tremouroux, Bruna Linzmeyer, Felipe Frazão, Thiago Fragoso, Joana Medeiros, Bruna G… 2h07. Sortie le 16 mars 2022. C’est bien connu, le cinéma de genre doit ses lettres de noblesse à ces œuvres qui choisissent ses artifices pour exprimer des idées subversives qui passeraient sans doute plus difficilement sous un régime autoritaire et n’atteindraient certainement pas un public aussi vaste. Tel est le postulat de Medusa dans lequel la réalisatrice Anita Rocha da Silveira exprime un féminisme militant en glissant délibérément vers le fantastique, une longue tradition nationale qu’exprima en son temps un cinéaste tel qu’Alberto Cavalcanti et que Les bonnes manières (2017) de Marco Dutra et Juliana Rojas et Bacurau (2019) de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles sont venus rappeler récemment à notre souvenir avec une indéniable virtuosité. Les hauts et les bas spectaculaires du régime politique ont incité ses

“À nos enfants” de Maria de Medeiros

Aos nossos filhos Film brésilien de Maria de Medeiros (2019), avec Marieto Severo, Laura Castro, José de Abreu, Marta Nobrega, Andrei Cardoso, Cláudio Lins, Antonio Pitanga, Denise Crispin… 1h47. Sortie le 23 février 2022. Laura Castro,  Marieto Severo et  Marta Nobrega Actrice du cinéma d’auteur européen parvenue à un rayonnement international grâce à Pulp Fiction de Quentin Tarantino, la comédienne portugaise Maria de Medeiros s’est alors tournée vers la réalisation, en passant du documentaire à la fiction. Avec À nos enfants , c’est sous bannière brésilienne qu’elle s’attache à la directrice dévouée d’un orphelinat pour enfants séropositifs des favelas qui renoue avec sa propre fille, elle-même en couple avec une femme et en quête de maternité par PMA. Deux générations qui reflètent les paradoxes d’une société brésilienne contrastée et incarnent l’évolution de la condition féminine en l’espace de deux générations. C’est avec l’interprète de la fille, Laura Castro, par ailleurs à l

“Je m’appelle Bagdad” de Caru Alves de Souza

Meu Nome é Bagdá Film brésilien de Caru Alves de Souza (2019), avec Grace Orsato, Helena Luz, Karina Buhr, Williiam Costa, Carlota Joaquina, Gilda Nomacce, Marie Maymone, Suzy Rêgo… 1h36. Sortie le 22 septembre 2021. Le titre pourrait prêter à confusion et donner l’impression que ce film brésilien traite de l’Irak donc de la guerre. Il n’en est absolument rien. Le combat que mène quotidiennement sa jeune héroïne est d’un tout autre ordre, mais il lui importe tout autant qu’une guerre en bonne et due forme. C’est celui d’une skateuse de 17 ans, plus sauvage que véritablement rebelle, qui vit dans un quartier populaire de São Paulo, entourée de sa famille et de ses amis. Sa rencontre avec un groupe de filles qui pratiquent son sport va lui ouvrir de nouveaux horizons et la faire basculer malgré elle dans cet âge adulte dont elle redoutait tant les contraintes, avec à la clé la découverte d’une sexualité alternative indissociable de la notion de tolérance. Avec sa moue boudeuse et sa cou

“Irmã” de Vincius Lopes et Luciana Mazeto

Film brésilien de Vincius Lopes et Luciana Mazeto (2020), avec Maria Galant, Anaís Grala Wegner, Felipe Kannenberg, Marina Mendo… 1h28. Sortie le 7 juillet 2021. Maria Galant et Anaís Grala Wegner Lorsque leur mère tombe gravement malade, Ana et Julia partent sur les routes en quête de leur père qu’elles connaissent à peine et qui les a abandonnées. Ce Road Movie en direction du Sud du Brésil prend l’allure d’un voyage initiatique où l’aînée assure la protection de sa petite sœur, face à un monde hostile où l’imaginaire vient télescoper la réalité, à l’instar d’un mystérieux astéroïde qui va auréoler de surnaturel ce périple entrepris pour des raisons prosaïques dont le symbole est un dinosaure. Les réalisateurs de ce premier film délicat et sensible jouent sur la grâce cumulée de leurs jeunes interprètes, Maria Galant et Anaís Grala Wegner, jetées malgré elles prématurément dans le grand bain de l’âge adulte. Ils jouent pour cela sur une poésie fantastique qui instaure une confusion r

Fernando Meirelles : le Brésil dans la peau

Fernando Meirelles ©DR C’est après avoir effectué ses premières armes dans le domaine de la vidéo expérimentale et s’être imposé comme une superstar du cinéma publicitaire, du clip et de la télévision que le réalisateur brésilien Fernando Meirelles, né en 1955, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Après quelques essais limités à une audience locale, il a jeté son dévolu sur un best-seller de Paulo Lins intitulé La Cité de Dieu , qu’il a découvert en 1997. Une prose luxuriante qui décrit la vie quotidienne d’une immense Favela en mettant en scène quelque trois cent cinquante personnages. Un véritable défi scénaristique qu’il a relevé avec le concours de ses habitants, en misant à la fois sur une équipe technique expérimentée et des interprètes non professionnels. À l’arrivée, le film a obtenu quatre nominations aux Oscars et propulsé son metteur en scène dans le cercle très fermé des talents les plus sollicités. Tout en résistant aux pressions d’Hollywood, il a conforté sa