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Affichage des articles associés au libellé Suède

Gustaf Molander (1888-1973)

Gustaf Molander © D.R. Les adeptes du streaming manifestent une fâcheuse tendance à se comporter comme des moutons de panurge en se laissant guider aveuglément par les ténébreux algorithmes supposés constituer le secret magnifique de ces plateformes. Netflix illustre ce phénomène qui met en avant ses champions en ne contribuant ainsi qu’à renforcer encore leur audience dans une ronde infernale où le succès ne fait qu’en appeler un plus fort encore, souvent sans le moindre critère qualitatif pour le justifier. Derrière un rubriquage sommaire qui varie lui-même en fonction du profil des streamers en les confortant dans leurs goûts supposés, il y a pourtant une épaisse forêt qui ne demande qu’à être explorée. Il faut pour cela remonter les niveaux de chaque catégorie et ne surtout pas s’en tenir aux propositions du site. En effet, les plateformes possèdent des droits, mais aussi des devoirs strictement encadrés, notamment en matière de quotas. Même si les productions anglo-saxonnes et asi

“La conspiration du Caire” de Tarik Saleh

Boy from Heaven Film suédo-franco-finlandais de Tarik Saleh (2022), avec Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri, Makram Khoury, Mehdi Dehbi, Moe Ayoub, Sherwan Haji, Ramzi Choukair… 1h59. Sortie le 26 octobre 2022. Sherwan Haji  et  Tawfeek Barhom Révélé en France par le formidable thriller Le Caire confidentiel , Tarik Saleh incarne cette diaspora de cinéastes du Proche et du Moyen Orient exilés en Scandinavie dont la récente montée en puissance a été entérinée cette année à Cannes par la sélection officielle simultanée en compétition de Leila et ses frères de Saeed Roustayi et Les nuits de Mashhad d’Ali Abbasi, deux visions singulières de l’Iran chiite. C’est en Turquie, et notamment dans la mosquée Süleymanye d’Istanbul, que le réalisateur suédois est allé tourner La conspiration du Caire , un authentique thriller situé dans le saint des saints de l’Islam sunnite : la prestigieuse université Al-Azhar du Caire. Là, l’irruption d’un jeune homme d’origine modeste qui a bénéfici

“Sans filtre” de Ruben Östlund

Triangle of Sadness Film suédo-germano-franco-britannique de Ruben Östlund (2022), avec Harris Dickinson, Charlbi Dean, Dolly de Leon, Zlatko Buric, Iris Berben, Vicki Berlin, Henrik Dorsin, Jean-Christophe Folly, Woody Harrelson, Arvin Kananian, Hanna Oldenburg… 2h29. Sortie le 28 septembre 2022. Arvin Kananian et  Woody Harrelson Avec Sans filtre , le cinéaste suédois Ruben Östlund a réussi à égaler un exploit déjà réalisé par son compatriote Bille August en son temps avec Pelle le conquérant (1988) et Les meilleures intentions (1992) : remporter la Palme d’or à Cannes pour deux films consécutifs, cinq ans après The Square . Il s’attache cette fois à un périple nautique qui réunit un panel de personnages sur un bateau ivre dont le capitaine réfère vivre caché de ses passagers. Une comédie de mœurs narquoise qui débute comme une partie de plaisir, vire au jeu de massacre et s’achève à la manière d’un épisode de la série “Lost”. Ôstlund est un observateur redoutable qui ne ménage au

“Les nuits de Mashhad” d’Ali Abbasi

Holy Spider Film franco-dano-suédo-allemand d’Ali Abbasi (2022), avec Mehdi Bajestani, Zar Amir Ebrahimi, Arash Ashtiani, Forouzan Jamshidnejad, Alice Rahimi, Sara Fazilat, Sina Parvaneh, Nima Akbarpour… 1h56. Sortie le 13 juillet 2022. Zar Amir Ebrahimi Dans l’Iran de 2001, une journaliste entreprend de donner de sa personne pour essayer de démasquer le mystérieux tueur de dames qui sévit dans la ville sainte de Mashhad sous le nom de l’Araignée. Une enquête en immersion qui va mettre en évidence certains paradoxes de la république islamiste. Ce sujet scabreux, le cinéma persan d’aujourd’hui serait bien en peine de l’aborder par son traitement radical de la sexualité et un comportement criminel dont la représentation même s’avèrerait incompatible avec les préceptes moraux édictés par les mollahs. Il a d’ailleurs violemment condamné le film. Ali Abbasi, lui, est un Iranien de la diaspora né à Téhéran en 1981 et naturalisé danois qui a trouvé refuge en Scandinavie au moment d’entrepren

“Pleasure” de Ninja Thyberg

Film suédo-hollando-franco-américain de Ninja Thyberg (2019), avec Sofia Kappel, Kendra Spade, Revika Anne Reustle, Evelyn Claire, Dana de Armond, Chris Cock, Jason Toler, Mark Spiegler, Kasia Szarek… 1h45. Sortie le 20 octobre 2021. Une jeune Suédoise s’installe à Los Angeles afin d’y faire carrière dans le cinéma porno. Un sujet ô combien délicat à l’ère du mouvement #MeToo qui aurait sans doute donné lieu à une vive polémique s’il avait été abordé par un homme. La réalisatrice Ninja Thyberg, qui avait déjà tourné un court métrage sous le même titre dès 2013 et a obtenu le prix du jury au festival de Deauville, s’en empare sans tabou ni pudeur. Pas question pour elle d’éviter les questions qui fâchent. Elle choisit pour personnage principal une jeune femme ambitieuse et passablement déterminée à réussir à tout prix dans cet univers glauque et crapoteux. L’industrie du cinéma pornographique californien que décrit Pleasure n’a que peu à voir avec celle mise en scène par Paul Thomas An