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Affichage des articles associés au libellé Documentaire

“Jeunesse (retour au pays)” de Wang Bing

Qingchun : Gui Documentaire luxembourgo-franco-néerlandais de Wang Bing (2024) 2h32. Sortie le 9 juillet 2025. Nettement plus concis que les précédents, le dernier pan de la trilogie documentaire Jeunesse s’attache au Retour au pays des ouvriers des ateliers de confection de Zhili qui rapportent le fruit de leur labeur à leur famille qu’ils contribuent largement à entretenir. On réalise à cette occasion l’inanité de ce système économique qui impose à des jeunes gens le poids de responsabilités considérables, obstacle rédhibitoire aux velléités qu’ils pourraient avoir de progresser dans l’échelle sociale ou de pratiquer un métier de leur choix. Pas question ici d’individualisme ni même de libre-arbitre. Ces petites mains de l’industrie textile surveillées par des contremaîtres guère mieux traités, pour le compte de patrons eux-mêmes aux abois, sont ni plus ni moins des esclaves de notre temps. On s’en rend compte en les surprenant au quotidien se comportant comme des gamins et ob...

“Une chronique américaine” d’Alexandre Gouzou et Jean-Claude Taki

Documentaire français d’Alexandre Gouzou et Jean-Claude Taki (2023), avec Paulo Branco, Stéphane Tchalgadjieff… 1h06. Sortie le 18 juin 2025. C’est l’histoire d’un film jamais tourné qui a failli voir le jour à plusieurs reprises. Un scénario écrit par le grand réalisateur italien Michelangelo Antonioni avec l’écrivain américain Rudy Wurlitzer auquel le premier producteur à s’intéresser a été un chantre de l’indépendance, Paulo Branco, qui possédait dans son écurie des pur-sang tels que Raoul Ruiz et Manoel de Oliveira. Il a envisagé un tournage à Vancouver, au Canada, pour une histoire située aux États-Unis qu’aucun Américain n’aurait osé produire, même si Antonioni avait déjà tourné dans ce pays Zabriskie Point (1970). Two Telegrams s’attache à une femme mariée en proie à un irrépressible désir sexuel et prend pour cadre deux gratte-ciel qui se font face. Le réalisateur italien y traite d’une de ses obsessions : le désir féminin. La vie se charge toutefois d’interférer dans ce ...

“Voyage au bord de la guerre” d’Antonin Peretjatko

Documentaire français d’ Antonin Peretjatko (2024) 1h02. Sortie le 18 juin 2025. Des documentaires consacrés à l’invasion de L’Ukraine, il y en a déjà eu beaucoup, surtout à la télévision. Le film que consacre aujourd’hui Antonin Peretjatko à ce conflit commence comme un devoir de mémoire dicté par les circonstances. Quand la guerre éclate, au printemps 2022, il décide d’accompagner un réfugié désireux de retourner chercher quelques affaires chez lui et en profite pour apporter des vivres et des vêtements à ceux qui sont restés. Au fil de ce périple entrecoupé de haltes dans des sites bombardés et d’interminables files d’attente pour trouver du carburant, affleurent les signes extérieurs et les traumatismes liés à ce conflit médiatisé qu’il capte à sa façon, en interrogeant des témoins, en croisant des personnes déplacées et en évoquant des problématiques qui ont cessé de faire la une des chaînes info, à l’instar de ces enfants kidnappés par les Russes dans des pensionnats et des écol...

“Les mots qu’elles eurent un jour” de Raphaël Pillosio

Documentaire français de Raphaël Pillosio (2024) 1h24. Sortie le 11 juin 2025. C’est en retrouvant les rushes muets d’un reportage effectué en mars 1962 par le documentariste Yann Le Masson (1930-2012) à la prison de Rennes d’où étaient libérées des femmes condamnées pour leur engagement dans les rangs du FLN qu’est né ce film qui s’apparente à l’œuvre d’un anthropologue. Le réalisateur y marche sur les traces de ces inconnues qu’il réussit à identifier à travers un faisceau de témoignages et de recoupements. Un véritable travail de fourmi d’où finit par affleurer une vérité différente de celle que l’enquêteur croyait être allé chercher. Sans relâche, Raphaël Pillosio passe en revue les mouvements panoramiques qui balaient cette assemblée peuplée de visages majoritairement féminins, tandis que des mots muets échappent çà et là de certaines bouches, provoquant parfois parmi les autres des réactions tout aussi indéchiffrables. Petit à petit pourtant, des témoins providentiels apparaissen...

“Fragments d’un parcours amoureux” de Chloé Barreau

Frammenti di un percorso amoroso Documentaire italien de Chloé Barreau (2023), avec Rebecca Zlotowski, Anna Mouglalis, Anne Berest, Jeanne Rosa, Ariane Deboise, Jean-Philippe Raiche, Sébastien Ryckelynck, Laurent Charles-Nicolas, Bianca di Cesare, Marina Jankovic, Marco Giuliani… 1h35. Sortie le 4 juin 2025. Anna Mouglalis Certains projets défient l’imagination et outrepassent les règles élémentaires de la bienséance. Chloé Barreau signe avec son premier long métrage une entreprise pour le moins singulière par son narcissisme assumé et un exhibitionnisme qui peuvent mettre mal à l’aise sinon choquer. Avant même de devenir réalisatrice, elle a tenu le journal filmé de ses amours et en livre aujourd’hui des extraits qui créent un malaise indéniable en raison de la personnalité de ses amants et surtout de ses maîtresses. Est-ce pour cette raison que Fragments d’un parcours amoureux     (dont le titre paraphrase évidemment les “Fragments d’un discours amoureux” de Roland Barthes)...

“Sauve qui peut” d’Alexe Poukine

Documentaire belgo-franco-suisse d’Alexe Poukine (2023) 1h38. Sortie le 4 juin 2025. On reproche trop volontiers au personnel hospitalier de manquer de tact et de délicatesse pour ne pas apprécier à sa juste valeur cette immersion dans des centres de simulation médicale dont on ne supputait même pas toujours l’existence. Leur principe consiste à inculquer aux soignants comment réagir dans toutes les situations afin de rasséréner les patients, notamment dans les circonstances les plus extrêmes. La cinéaste belge Alexe Poukine (dont le film suivant, Kika , figurait parmi la sélection de la Semaine de la critique 2025) y explore les trésors de conditionnement et d’imagination déployés afin d’établir des liens plus humains et surtout plus pragmatiques entre des professionnels de santé soumis à rude épreuve et des patients en proie à des problèmes spécifiques que ne peut qu’accroître leur inquiétude légitime face à un manque de compassion ou à un déficit d’explications caractérisés. La pand...

Marcel Ophuls (1927-2025) : Un homme contre, tout contre…

Se lancer en tant que réalisateur dans les années 60 était moins que jamais une sinécure, dans un contexte où la Nouvelle Vague tenait le haut du pavé et enchaînait les coups d’éclat, face à un cinéma commercial consommateur de vedettes. Il est amusant de noter que c’est le moment commun que choisirent deux fils de… pour marcher sur les traces de leurs glorieux aînés. Leurs pères respectifs ayant par ailleurs compté parmi les rares chouchous des “Cahiers du Cinéma” à une époque où le cinéma français brillait plutôt par son académisme en charentaises, ils pouvaient escompter une certaine bienveillance de la part de ses critiques pas encore passés à l’acte. Marcel Ophuls est né au cœur de l’âge d’or la République de Weimar, le 1 er novembre 1927, tout juste quelques mois après la sortie de Metropolis de Fritz Lang et alors que son propre père, Max, directeur de création du Burgtheater de Vienne, n’avait pas encore goûté au cinéma. Son fils prodigue est décédé le 24 mai 2025 au cœur du ...