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Affichage des articles associés au libellé Documentaire

“Les vieux” de Claus Drexel

Documentaire français de Claus Drexel (2022) 1h36. Sortie le 24 avril 2024. C’est a priori l’un des films qu’on a le moins envie de voir. Parce que son sujet n’implique nécessairement que des images pénibles et des propos d’un autre âge. Et pourtant… Avec Les vieux , Claus Drexel réussit une fois de plus l’impossible par l’empathie hors du commun qu’il parvient à établir avec ses interlocuteurs, des seniors qui s’assument en tant que tels et évoquent face caméra des souvenirs parfois lointains et des états d’âme souvent surprenants. Par sa capacité d’écoute et la personnalité des gens auxquels il donne la parole, le réalisateur démontre que la vieillesse n’est pas nécessairement le naufrage annoncé et qu’elle engendre aussi une sagesse qui fait trop souvent défaut à notre société. Le panel choisi s’avère en cela pertinent par sa variété et tranche avec cette idée reçue selon laquelle le grand âge ne serait synonyme que de déchéance, de solitude et d’atteintes irrémédiables. En découvra

“Occupied City” de Steve McQueen

Documentaire néerlando-britanno-américain de Steve McQueen (2022) 4h26. Sortie le 24 avril 2024. Artiste multi-tâche, Steve McQueen s’est fait connaître par des expositions et des installations avant d’aborder le cinéma avec un appétit peu commun et des ambitions qui l’ont mené de  Hunger  (2008) et  Shame  (2011) à  12 Years a Slave  (2013) sans jamais se répéter. Présenté l’an dernier au Festival de Cannes,  Occupied City  est un projet à sa démesure qui évoque le labeur des encyclopédistes par son postulat de départ. Ce documentaire de quatre heures et demie ambitionne de raconter l’histoire d’Amsterdam au cours de la Seconde Guerre mondiale en quadrillant la ville pour évoquer ce qui s’est passé à chaque endroit pendant l’Occupation nazie. Cette mécanique rigoureuse fonctionne comme une sorte de porte-à-porte mémoriel qui trouve son origine dans un ouvrage monumental de l’épouse du réalisateur, l’historienne Bianca Stigter, intitulé “L’atlas d’une ville occupée : Amsterdam 1940-194

“La machine à écrire et autres sources de tracas” de Nicolas Philibert

  Documentaire français de Nicolas Philibert (2024), avec Patrice d’Hont, Walid Benziane, Goulven Cancouët, Muriel Thouron, Jérôme Délia, Ivan Vdovine, Gad Abécassis, Frédéric Prieur, Bruno Voillot, Céline Fogler… 1h12. Sortie le 17 avril 2024. Le dernier pan de la trilogie consacrée par Nicolas Philibert aux personnages cabossés venus chercher du réconfort Sur l’Adamant montre leur quotidien et ces minuscules déraillements qui les perturbent parfois, quand un objet du quotidien vient à faire des caprices. Tout commence avec une machine à écrire facétieuse que tentent de réparer deux trentenaires pleins de bonne volonté chez un poète graphomane dont c’est l’outil de travail d’un autre âge. Pour lui, cette panne revêt une importance déterminante. D’un coup, c’est comme si on lui avait coupé les mains pour l’empêcher de projeter sa pensée sur le papier avec ce fétichisme que supposent ces pratiques d’un autre âge. Le film enchaîne ainsi des saynètes où les pensionnaires apparaissent bie

“L’homme aux 1000 visages” de Sonia Kronlund

  Documentaire français de Sonia Kronlund (2023) 1h30. Sortie le 17 avril 2024. Le schizophrène est un pilier du cinéma policier dont la pathologie a nourri l’imagination des romanciers, des dramaturges et des cinéastes. Rares sont en revanche les documentaires à avoir réussi la prouesse d’appréhender ces personnages dont la particularité est de se cacher derrière de multiples identités en toute impunité. L’homme aux 1000 visages de Sonia Kronlund constitue en cela un véritable tour de force dont le point de départ est une sorte de serial lover qui sévit sur les réseaux sociaux où il séduit des proies faciles pour le seul plaisir d’accrocher de nouveaux trophées à son tableau de chasse et de mener plusieurs liaisons simultanément en cloisonnant sa vie vis-à-vis de l’extérieur. Ce Casanova des réseaux sociaux se dissimule sous de multiples pseudonymes avec une virtuosité qui forcerait l’admiration s’il ne s’agissait pas également d’un escroc professionnel qui ne se contente pas d’un se

Sébastien Lifshitz : Humain, très humain

Sébastien Lifshitz © Jean-Philippe Guerand Avec Madame Hofmann , le réalisateur d’ Adolescentes (2019) et de Petite fille (2020) dresse le portrait d’une infirmière cheffe de l’Hôpital Nord de Marseille qui a consacré toute sa vie aux autres. À travers cette femme hors du commun et son équipe, il célèbre aussi le dévouement du personnel soignant qui est parvenu à résister à la pandémie de Covid en empêchant notre système de santé de s’effondrer. Un projet qui est passé par des tours et détours comme Sébastien Lifshitz s’y est accoutumé, lui qui réussit à établir une telle empathie avec ses sujets qu’il insuffle dans ses documentaires une vérité que ne réussirait sans doute à atteindre aucun film de fiction, pas même les siens. Peut-être aussi parce qu’il sait prendre son temps et laisser le réel s’installer à l’écran, sans recourir pour autant au moindre artifice. Son nouveau film est ainsi indissociable de son personnage principal avec qui la caméra en arrive à ne faire qu’un, à un