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Articles

Affichage des articles du août, 2020

"Une barque sur l’océan" d’Arnold de Parscau

Film français d’Arnold de Parscau (2019), avec Hari Santika, Dorcas Coppin, Elisza Cahaya… 1h35.  Sortie le 26 août . Hari Santika et Dorcas Coppin Une fille d’expatriée entreprend d’initier au piano un artiste indonésien autodidacte dans les bras duquel elle finit par succomber. Tandis que le jeune homme commence à voler de ses propres ailes en composant des morceaux de plus en plus élaborés et en s’affranchissant de celle qui lui a tout appris, cette passion interdite commence à leur peser pour des raisons différentes. Singulière initiative que cette Love Story tournée intégralement à Bali avec des interprètes inconnus qui raconte la plus banale des histoires d’amour impossibles, sans jamais sombrer pour autant dans les clichés les plus éculés. Sans doute grâce à la photogénie envoûtante des deux protagonistes principaux : Hari Santika et surtout la très sensuelle Dorcas Coppin. Dorcas Coppin et  Hari Santika Il y a quelque chose qui relève du péché ori

"Citoyens du monde" de Gianni di Gregorio

Cittadini del mondo   Film italien de  Gianni di Gregorio  (2020),  avec Gianni di Gregorio, Ennio Fantastichini, Giorgio Colangeli…  1h31. Sortie le 26 août.   Trois amis de longue date décident d’aller prendre leur retraite ensemble, mais hésitent encore sur leur pays d’adoption. Ces sexagénaires romains pétris d’habitudes se voient déjà allongés sur une plage avec le soleil pour témoin. Mais il leur faut d’abord en finir avec leur quotidien douillet et tous ces petits tracas qui se sont accumulés au fil de leurs vies banales, ne serait-ce qu’en vendant tout ce qui mérite de l’être, de façon à profiter au mieux de leurs vieux jours en terre étrangère. Cette comédie italienne délibérément jubilatoire est signée par un expert en la matière, Gianni di Gregorio, qui excelle à se mettre en scène sans complaisance, mais avec une lucidité pas toujours dénuée de cruauté qui donnait déjà une saveur particulière à ses trois opus précédents, d’exquise mémoire : Le déjeuner du

"Effacer l’historique" de Gustave Kervern et Benoît Delépine

Film franco-belge de Benoît Delépine et   Gustave Kervern (2019), avec Blanche Gardin, Denis Podalydès, Corinne Masiero, Vincent Lacoste… 1h46. Sortie le 26 août 2020. Corinne Masiero, Denis Podalydès et Blanche Gardin Comme Quentin Dupieux, le tandem Kervern-Delépine creuse son propre sillon au sein d’un genre aux codes établis : la comédie. Avec Effacer l’historique, les deux compères s’attaquent aux nouveaux croquemitaines de l’ère Internet : ces Gafa qui ont soumis des prolétaires traditionnels à un nouveau mode d’esclavagisme contre lequel ils sont bien décidés à lutter. Lorsqu’une femme victime d’un chantage à la sextape, le père d’une élève soumise au harcèlement et une chauffeuse VTC sous-exploitée s’unissent pour demander des comptes aux grands manitous des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, c’est dans une véritable croisade que se lancent ces damnés de la terre unis contre des forces occultes. Plus narquois que jamais, les auteurs du Grand soir

"A Perfect Family" de Malou Leth Reymann

En Helt Almindelig Familie  Film danois de Malou Leth Reymann (2019), avec Kaya Toft Loholt, Mikkel Boe Folsgaard, Neel Ronholt… 1h41. Sortie le 19 août 2020. La transsexualité est un sujet ô combien délicat que le cinéma a abordé récemment dans des films tels qu’ Une nouvelle amie de François Ozon ou les opus belges Girl de Lukas Dhont et Lola vers la mer de Laurent Micheli. A Perfect Family s’attache à la situation d’un père divorcé qui vient de changer de sexe et part en vacances avec ses deux filles… en se faisant passer pour leur mère. Le postulat est audacieux. Son traitement décomplexé et jamais polémique reflète l’avancée des mœurs en Scandinavie par rapport au reste de l’Europe, sans aucune dramatisation artificielle. Le film repose en effet sur ses protagonistes davantage que sur ses rebondissements. S’il fallait le définir, sans doute le qualifierait-on d’étude de mœurs ou de comédie de caractères. Sa profondeur s’appuie en effet sur sa simplicité trom

"La troisième femme" d'Ash Mayfair

Nguoi Vo Ba  Film vietnamien d’Ash Mayfair (2018), avec Nguyen Phuong Tra My, Tran Nu Yên Khê, Mai Thu Huong… 1h36. Sortie le 19 août 2020.  Dans le Vietnam rural du XIX e siècle, une gamine de 14 ans est choisie pour devenir la troisième épouse d’un riche propriétaire terrien à qui ses deux précédentes compagnes n’ont pas réussi à donner un héritier mâle. Lorsque la jeune femme tombe enceinte, elle réalise le pouvoir que va lui procurer cette situation si elle parvient à l’exploiter à son avantage. Elle va trouver pour cela la plus imprévue des alliées et jouir de sa véritable sexualité. Du cinéma vietnamien, on ne connaît que quelques films d’auteur signés le plus souvent par des membres de la diaspora qui ont étudié le cinéma à l’étranger. À l’instar du vétéran Tran Anh Hung (L’odeur de la papaye verte , 1993), qui a imposé son style en quelques films, sans toutefois réussir à concrétiser tous les espoirs placés en lui après des débuts fulgurants. Titulaire d’un

"Never Rarely Sometimes Always" d'Eliza Hittman

Film américain d’Eliza Hittman (2020), avec Sidney Flanigan, Talia Ryder, Théodore Pellerin… 1h35. Sortie le 19 août 2020. C’est une histoire d’une terrible banalité. Une jeune fille se retrouve enceinte sans l’avoir désiré. Face à l’insouciance irresponsable de son séducteur et au conservatisme buté de sa famille, elle décide de quitter sa bourgade rétrograde du fin fond de la Pennsylvanie pour New York où elle pourra se faire avorter dans la clandestinité. Au cours de cette expédition en compagnie de sa cousine, elle va prendre conscience de la cruauté du monde et de la lâcheté de certains hommes. “Jamais, rarement parfois toujours” : les quatre hypothèses standards d’un questionnaire impersonnel censé cerner les habitudes sexuelles des jeunes femmes confrontées à des grossesses non désirées. Grand Prix du jury lors de la dernière Berlinale et Prix spécial du jury à Sundance, Never Rarely Sometimes Always nous invite à une plongée au cœur de l’Amérique de Trump en

"Family Romance, LLC" de Werner Herzog

Film américain de Werner Herzog (2019), avec  Miki Fujimaki ,  Umetani Hideyasu ,  Shun Ishigaki…  1h29. Sortie le 19 août 2020. Un homme rencontre parmi les cerisiers en fleurs une jeune fille à qui il déclare tout de go être le père qu’elle n’a jamais connu. En fait, il joue un rôle et a été engagé par sa mère pour combler un manque affectif. Au fil de leurs rendez-vous, une véritable relation filiale s’instaure qui va inciter la commanditaire un rien mythomane à proposer à l’imposteur de l’épouser pour reconstituer une sorte de famille idéale. À Tokyo, il existe une société qui loue ses services dans les circonstances les plus folles. Ainsi cet employé des chemins de fer contraint de se mettre à genoux devant son supérieur pour avoir fait partir un train avec deux minutes d’avance et séparé une mère de son enfant, l’un étant resté sur le quai alors que l’autre était déjà à bord du convoi. Family Romance, LLC s’impose comme l’un des documentaires les p

"Light of My Life" de Casey Affleck

Film américain de Casey Affleck (2019), avec Casey Affleck, Anna Pniowsky, Elisabeth Moss… 1h59.  Sortie le 12 août 2020. Acteur discret, mais associé à des films souvent sensibles, dont les déchirants Manchester by the Sea (2016) de Kenneth Lonnergan et A Ghost Story (2017) de David Lowery, le petit frère de Ben Affleck a réalisé en 2010 son premier long métrage, I’m Still Here, un faux documentaire sur la soi-disant reconversion de Joaquin Phoenix en rappeur. Le deuxième, Light of My Life, l’aura hanté quant à lui pendant près d’une décennie avant qu’il ne se décide à le filmer. C’est un road movie post-apocalyptique et minimaliste où un père désireux de sauver sa fille d’une pandémie qui frappe les femmes, la fait passer pour un garçon au fil d’un périple à travers des contrées hostiles. Comme ces prophéties que sont Les fils de l’homme de P.D. James, adapté par d’Alfonso Cuarón en 2006, et La route de Cormac McCarthy, porté à l’écran par John Hillcoa

"The Perfect Candidate" de Haifaa Al Mansour

Film germano-saoudien de Haifaa Al-Mansour (2019), avec Mila Alzahrani, Dae Al Hilali, Khalid Abdulrhim… 1h45.  Sortie le 12 août 2020. Face à l’incurie criante de l’administration qui refuse de construire une route en dur pour accéder à la clinique dans laquelle elle exerce, Maryam, médecin célibataire, candidate à un poste au sein de l’unité de chirurgie d’un grand hôpital de Ryad. Mais ses projets sont compromis lorsqu’elle se voit signifier l’interdiction de prendre l’avion sans une autorisation signée de… son père. Révoltée par ce règlement archaïque, elle entreprend de braver le système en se présentant aux élections municipales, ce qui n’est évidemment du goût ni des édiles en place, qui acceptent mal de la voir venir jouer les trouble-fêtes dans leur pré carré, ni même de son veuf de père qui conteste sa décision. Le statut de notable de Maryam n’est que de peu de poids face au fait qu’en Arabie Saoudite, il est hors de question pour une femme d’aspirer à des f

"The Crossing" de Bai Xue

Guo Chun Tian  Film chinois de Bai Xue (2018), avec Hung Yao, Sunny Sun,  Carmen Soup… 1h39. Sortie le 12 août 2020.   Le cinéma chinois est décidément multiple. Il y a les productions officielles, souvent spectaculaires et calquées sur le modèle hollywoodien, et les indépendantes, parfois tournées en catimini grâce à des financements étrangers et sans accord préalable de la censure. Passé par Toronto et à la Berlinale, The Crossing se situe de toute évidence plutôt dans cette catégorie en témoignant des aspirations de la jeunesse chinoise tentée elle aussi par les sirènes de la société de consommation qui a annihilé ses velléités de révolte. Originaire de Shenzhen où elle vit avec sa mère, Peipei, 16 ans, lycéenne à Hong Kong, ne rêve que de partir au Japon pour Noël avec sa meilleure amie. Jusqu’au moment où les deux jeunes filles se voient proposer de profiter de leurs allers et retours incessants pour passer illégalement des téléphones portables d’un côté à l’aut

"Just Kids" de Christophe Blanc

Film franco-suisse de Christophe Blanc (2019), avec Kacey Mottet Klein, Andrea Maggiulli, Anamaria Vartolomei 1h43. Sortie le 5 août 2020. Christophe Blanc fait partie de ces cinéastes français qui n’ont jamais dévié de leur ligne, n’ont jamais connu de succès notoire, mais gardent le cap coûte que coûte. Ce sont là les caractéristiques d’un auteur au sens le plus noble du terme. Just Kids est son quatrième film pour le cinéma en vingt-cinq ans après Faute de soleil (1995), Une femme d’extérieur (2000) et Blanc comme neige (2010). Entre-temps, il a signé deux téléfilms et coréalisé deux courts métrages. Fidèle à son attrait pour les personnages un peu “hors-sol”, il s’attache ici à l’étrange relation entre deux frères et une sœur devenus brutalement orphelins et contraints de se serrer les coudes pour affronter le monde des adultes. La réussite du film, le plus abouti de son auteur à ce jour, repose sur son casting et le parti que tire le metteur en scène de trois inte

"Eva en août" de Jonás Trueba

La virgen de agosto  Film espagnol de Jonás Trueba (2019), avec Itsaso Arana, Vito Sanz, Isabelle Stoffel… 2h09. Sortie le 5 août 2020. Voici un film très singulier, presque à contre-courant, qui ose prendre son temps et s’abandonner parfois à la pure contemplation. Il s’attache à une trentenaire qui décide de rester à Madrid, au moment même où tous ses amis sont partis en vacances. C’est avec les yeux d’une touriste qu’elle décide de redécouvrir sa ville livrée à une nouvelle population : les touristes. Fils prodigue de Fernando Trueba (L’artiste et son modèle) , Jonás Trueba évite toutes les facilités auxquelles aurait pu prêter un tel prétexte narratif. Très vite, il apparaît que cette quête relève de l’introspection. En se laissant porter par la torpeur du mois d’août dans un lieu familier qui lui devient soudainement étranger parce qu’il est dépossédé de ses habitants habituels, Eva cherche à se resourcer pour trouver un nouveau sens à sa vie. La bea

"Le défi du champion" de Leonardo d’Agostini

Il campione  Film italien de Leonardo d’Agostini (2019), avec Stefano Accorsi, Andrea Carpenzano, Ludovica Martino… 1h45. Sortie le 5 août 2020. L’argument n’est pas d’une folle originalité. Un footballeur de l’A.S. Roma jugé trop turbulent est astreint par le patron de son club à suivre des cours particuliers. L’enseignant qui lui est assigné découvre à son contact un monde peuplé de gosses de riches immatures chez qui le talent n’a rien à voir avec l’intelligence et où l’argent ne fait pas vraiment le bonheur. Le sportif ignare fait de son côté l’apprentissage de la culture et va jusqu’à prendre goût à ce monde de la connaissance qui s’entrouvre à lui. Cette histoire d’amitié hautement improbable mais propice à quelques belles scènes est traitée par Leonardo d’Agostini à la manière d’un conte de fées moderne. Stefano Accorsi y fait merveille dans le rôle du pédagogue en immersion dans un monde à part, face à l’étonnant Andrea Carpenzano découvert il y a