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Affichage des articles associés au libellé Palestine

“Bye Bye Tibériade” de Lina Soualem

Bye bye Tiberias Documentaire franco-belgo-qataro-palestinien de Lina Soualem (2023), avec Hiam Abbass,  Lina Soualem … 1h22. Sortie le 21 février 2024. Hiam Abbass et  Lina Soualem Destin de femme Certains acteurs sont aussi des personnages de cinéma hors du commun par leur itinéraire et leurs choix. C’est le cas de la comédienne Hiam Abbass, héritière des grandes tragédiennes méditerranéennes mise aujourd’hui en lumière par Lina Soualem, sa fille prodigue, laquelle a choisi d’emprunter la voie du documentaire et célèbre ici ses racines aussi tortueuses que l’histoire du Moyen-Orient. Une trajectoire mémorielle qui-sous-tendait déjà son premier film, Leur Algérie (2020), dans lequel elle interrogeait cette fois les racines de son père, lui aussi acteur, Zineddine Soualem. Ces deux documentaires passionnants où les témoignages se mêlent aux films de l’album de famille façonnent ainsi un devoir de mémoire en miroir qui ne se complaît jamais dans la nostalgie ni la complaisance. À trav

“Alam, le drapeau” de Firas Khoury

Alam Film palestino-franco-tuniso-saoudo-qatari de Firas Khoury (2022), avec Mahmood Bakri, Sereen Khass, Mohammad Karaki, Muhammad Abed Elrahman, Ahmad Zaghmouri, Saleh Bakri… 1h40. Sortie le 30 août 2023. Mahmood Bakri et Sereen Khass Un lycéen de la communauté palestinienne installé en Israël se trouve rattrapé par ses origines le jour où une nouvelle venue le persuade de participer à un raid destiné à substituer au drapeau de l’État hébreu celui de son peuple, à l’occasion de la fête de l’indépendance israélienne considérée par les Palestiniens comme un jour de deuil. La singularité du premier film de Firas Khoury consiste à mettre les conventions du cinéma de teenagers au service d’un véritable message politique qui prend l’allure d’une authentique quête identitaire. Le personnage principal s’inspire en ligne directe de l’adolescent qu’il a été : pas particulièrement engagé dans la cause de son peuple et plus soucieux de séduire une jolie fille (Sereen Khass)   que d’affirmer son

“Fièvre méditerranéenne” de Maha Haj

Mediterranean Fever Film palestino-franco-germano-chyprioto-quatari de Maha Haj (2022), avec Amer Hlehel, Ashraf Farah, Anat Hadid, Samir Elias, Cynthia Saleem, Shaden Kanboura… 1h50. Sortie le 14 décembre 2022. Amer Hlehel et Ashraf Farah Le meilleur remède à l’oppression n’est pas toujours l’attaque. Elia Suleiman l’a maintes fois démontré à travers des films qui expriment la détresse et le déracinement du peuple palestinien sur le ton de la comédie. Une approche d’autant plus pertinente qu’elle vise à une certaine universalité et égrène des considérations souvent très graves sur un ton faussement badin. C’est le lot des plus grands artistes d’adopter une telle posture en nourrissant leur inspiration d’une observation attentive du monde qui nous entoure. Avec Fièvre méditerranéenne , la réalisatrice Maha Haj adopte une posture assez proche en se réappropriant les codes du film noir au profit d’une comédie de mœurs qu’on qualifiera à tout le moins de sardonique. Elle y orchestre la r

“Et il y eut un matin” d’Eran Kolirin

Vayehi Boker Film israélo-français d’Eran Kolirin (2020), avec Alex Bachri, Juna Suleiman, Salim Daw, Eihab Salame, Khalifa Natour, Isabelle Ramadan, Samer Basharat, Doraid Liddawi, Yara Elham Jarrar… 1h41. Sortie le 13 avril 2022. Alex Bachri et Juna Suleiman De retour pour le mariage de son frère dans le village arabe de son enfance où il est accueilli en véritable fils prodigue, Sami se retrouve prisonnier avec sa femme et son fils, lorsque l’armée israélienne coupe le lieu du monde en y disposant des checkpoints, sans la moindre explication rationnelle. Une situation absurde qui va attiser les tensions et l’incompréhension ambiante. Et il y eut un matin est l’adaptation d’un roman de Sayed Kashua par un réalisateur qui a vécu des expériences extrêmes avec ses trois longs métrages précédents. Au triomphe international du premier, La visite de la fanfare (2007), adapté en comédie musicale à Broadway, ont succédé The Exchange (2011), puis Au-delà des montagnes et des collines (20

“Gaza mon amour” de Tarzan et Arab Nasser

Film franco-germano-portugo-qataro-palestinien de Tarzan et Arab Nasser (2020), avec Salim Daw, Hiam Abbass, Maisa Abd Elhadi, Manal Awad, George Iskandar, Nabil Kawni… 1h28. Sortie le 6 octobre 2021. Hiam Abbass et  Salim Daw Derrière leurs prénoms pittoresques qui semblent vouloir s’affirmer comme des pseudonymes délibérément naïfs en évoquant un mythe du cinéma et une identité ethnique, Tarzan et Arab Nasser, de leurs vrais noms Ahmad et Mohammed Abou Nasser, cultivent une conception engagée du cinéma. Sans être à proprement parler un film politique, Gaza mon amour confirme et améliore les promesses de leur opus précédent, Dégradé, sélectionné par la Semaine de la critique à Cannes en 2015, dans lequel jouait déjà Hiam Abbass. La découverte par un pêcheur sexagénaire d’une statue antique du dieu Apollon dans ses filets va provoquer une sorte de réaction en chaîne parmi son entourage, en interférant dans ses relations intimes avec la couturière dont il est amoureux et qu’il s’apprê

“200 mètres” d’Ameen Nayfeh

200 Meters Film palestino-jordano-quatari-suédo-italien d’Ameen Nayfeh (2020), avec Ali Suliman, Anna Unterberger, Lana Zreik, Motaz Mahlees… 1h37. Sortie le 9 juin 2021. Il est des réalités qui dépassent la plus folle des fictions. C’est le cas du point de départ de 200 mètres dans lequel un père qui voit son épouse et ses enfants de sa fenêtre, au point de pouvoir leur adresser des signes, doit accomplir un véritable chemin de croix chaque fois qu’il veut les étreindre. Parce qu’il habite d’un côté du mur qui fracture l’État d’Israël et eux de l’autre. Tout l’intérêt de cette fiction au point de départ intimiste est d’étendre son propos à une réflexion universelle sur l’enfermement et ce fonctionnement en vase clos qui contraint chaque jour des centaines voire des milliers de personnes à accomplir un véritable parcours du combattant pour rejoindre leur proches ou se rendre simplement sur leur lieu de travail, pour peu qu’il se trouve de l’autre côté de cette muraille. Ameen Nayfeh

Hany Abu-Assad : Le goût amer de la terre promise

Hany Abu-Assad © DR Né en 1961 à Nazareth, Hany Abu-Assad est avec Elia Suleiman le cinéaste le plus célèbre issu de la communauté palestinienne. Nommé à deux reprises à l’Oscar du meilleur film étranger, il a notamment réalisé les documentaires Nazareth 2000 (2001) et  Ford Transit (2003) , Le mariage de Rana, un jour ordinaire à Jérusalem (2002), Antigone d’or des Rencontres de Montpellier,  Paradise Now (2005), triplement primé à Berlin et lauréat du Golden Globe et de l’Independent Spirit Award du meilleur film étranger,  The Courier (2012), Omar (2013), Prix spécial du jury Un Certain Regard à Cannes, et Ya Tayr El Tayer (2015). Dans quelles conditions techniques et économiques Omar a-t-il pu être tourné ? Hany Abu-Assad  J’ai rédigé la première version du scénario d’ Omar en l’espace de quatre semaines , en avril 2010 . À cette époque, je devais tourner et monter un autre film. Du coup, le projet est resté en suspens jusqu’à la fin 2011 q

Lubna Azabal : Rebelle avec causes

Lubna Azabal dans Incendies de Denis Villeneuve (2010) Cette Belge d’origine marocaine née en 1973 promène de film en film l’image d’une égérie en lutte contre l’intolérance sous toutes ses formes. Même si elle « refuse de sortir le soutien-gorge », comme elle le dit joliment, les choix de cette groupie de Gena Rowlands résonnent comme autant d’engagements personnels. Dans le premier long métrage de Jalil Lespert,  24 mesures (2007), Lubna Azabal incarne une fille perdue qui essaie de réparer les pots cassés dans l’atmosphère délétère d’une veille de Noël. Un rôle pour lequel elle  s’est teinte en blonde et s’est impliquée une nouvelle fois corps et âme. Comme dans tous ses emplois à ce jour, à commencer par le plus célèbre : celui qu’elle tient dans l’adaptation par Denis Villeneuve de la pièce Incendies  (2010) de Wajdi Mouawad, qui lui a valu le Genie, le Jutra (canadien) et le Magritte (belge) de la meilleure actrice. Parmi les autres films marquants de sa carrière interna