Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles associés au libellé Suisse

“Laissez-moi” de Maxime Rappaz

Film helvéto-franco-belge de Maxime Rappaz (2023), avec Jeanne Balibar, Thomas Sarbacher, Pierre-Antoine Dubey, Véronique Mermoud, Adrien Savigny, Martin Reinartz, Alexia Hebrard, Marie Probst, Yvette Théraulaz, Gianfranco Poddighe, Alex Freeman… 1h33. Sortie le 20 mars 2024. Jeanne Balibar La tentation des cimes Les acteurs n’existent vraiment qu’en fonction des fantasmes qu’ils suscitent et du regard que portent sur eux ceux qui les dirigent. Les femmes sont les premières victimes de ce mécanisme qui leur vaut trop souvent de subir les avatars liés aux accidents de la vie. Jeanne Balibar a vu sa carrière en pâtir sous la forme d’un très injuste traversée du désert qui nous a privé de son talent, faute d’emplois à sa démesure. C’est donc un plaisir d’autant plus intense de la revoir enfin aujourd’hui dans un rôle de ceux qui marquent une carrière comme le public : celui de Claudine, une couturière qui s’autorise à un rythme hebdomadaire une nuit plus belle que ses jours tranquilles à

“Universal Theory” de Timm Kröger

Die Theorie von Allem Film germano-austro-suisse de Timm Kröger (2023), avec Jan Bülow, Olivia Ross, Hanns Zischler, Gottfried Breitfuss, Philippe Graber, David Bennent, Ladina von Frisching, Imogen Kogge, Dirk Böhling, Peter Hottinger, Joey Zimmermann, Eva Maria Jost… 1h58. Sortie le 21 février 2024. Philippe Graber et David Bennent L’ivresse des cimes Un écrivain invité dans une émission de télévision révèle que son livre n’est pas un roman mais le récit d’événements qu’il a lui-même vécus en 1962, au cours d’un congrès de physique organisé dans un hôtel des Alpes suisses où il accompagnait son éminent tuteur. Avant de quitter brusquement le plateau, il interpelle une certaine Karin à qui il demande de se manifester pour accréditer ses dires. Prologue en couleur d’un film en noir et blanc qui évoque l’existence de mondes parallèles accessibles par des tunnels dans lesquels des scientifiques se réunissent pour assister à des phénomènes irrationnels, tandis qu’à l’extérieur la colère

“La voie royale” de Frédéric Mermoud

Film franco-suisse de Frédéric Mermoud (2023), avec Suzanne Jouannet, Marie Colomb, Maud Wyler, Marilyne Canto, Lorenzo Lefebvre, Cyril Metzger, Alexandre Desrousseaux, Antoine Chappey, Matthieu Rozé, Anne Loiret, Thomas Snégaroff, Vincent Winterhalter… 1h47. Sortie le 9 août 2023. Suzanne Jouannet et Marie Colomb Le cinéma n’en aura décidément jamais terminé avec le système éducatif comme machine à façonner les élites en séparant le bon grain supposé de l’ivraie présumée. Une fille d’agriculteurs poussée par ses enseignants à exploiter ses capacités décide de se battre pour intégrer Polytechnique et briser la fatalité qui semble peser sur sa famille, en sortant du lot. Une épreuve de vérité, dans la mesure où elle se trouve confrontée au poids de la reproduction sociale dans un univers impitoyable qui brise les vocations davantage qu’il ne semble véritablement les encourager. Le réalisateur suisse Frédéric Mermoud décrit sans concessions cette fabrique des esprits qui pérennise des mé

“La ligne” d’Ursula Meier

Film helvéto-franco-belge d’Ursula Meier (2022), avec Stéphanie Blanchoud, Valeria Bruni Tedeschi, Eli Spagnolo, India Hair, Dali Benssalah, Benjamin Biolay, Eric Ruf, Thomas Wiesel, Jean-François Stévenin, Louis Gence, Ray LaMontagne… 1h43. Sortie le 11 janvier 2023. Valeria Bruni Tedeschi et  Stéphanie Blanchoud La réalisatrice Ursula Meier a de la suite dans les idées et une prédilection manifeste pour les familles dysfonctionnelles comme pour les rapports humains rugueux. Après Home (2008) et L’enfant d’en haut (2012), elle s’attache dans son nouveau long métrage à un gynécée explosif dominé par une mère foldingue qui règne en despote sur ses trois filles, mais ne s’est visiblement jamais remise de voir sa carrière de pianiste sombrer dans l’oubli. Le film débute par une scène au ralenti somptueusement cadrée au format 2.35 par Agnès Godard, au cours de laquelle tout ce joli monde s’affronte dans une chorégraphie qui pourrait sembler burlesque si elle ne témoignait pas d‘une viol

“Azor” d’Andreas Fontana

Film helvéto-argentino-français d’Andreas Fontana (2021), avec Fabrizio Rongione, Stéphanie Cléau, Carmen Iriondo, Juan Trench, Ignacio Vila, Pablo Torre, Elli Medeiros, Gilles Privat… 1h40. Sortie le 12 octobre 2022. Fabrizio Rongione Pour son premier long métrage, le cinéaste suisse Andreas Fontana n’a pas manqué d’ambition. Il en situe l’intrigue dans l’Argentine de 1980 où débarque un banquier privé venu remplacer son associé mystérieusement porté disparu, alors qu’une junte militaire implacable vient de succéder à une autre. Non seulement le cinéaste réussit la gageure de reconstituer l’époque avec un soin méticuleux, mais il s’introduit dans les arcanes du pouvoir sous la houlette d’un homme d’influence habitué à frayer avec les milieux les plus huppés et à jouer les bons offices. L’Argentine d’ Azor ressemble à un empire décadent où les notables se retrouvent, jumelles autour du cou, dans les tribunes les plus huppées des hippodromes et dans des clubs cadenassés comme… des coff

“La dérive des continents (au Sud)” de Lionel Baier

Film suisse de Lionel Baier (2022), avec Isabelle Carré, Théodore Pellerin, Ursina Lardi, Ivan Georgiev, Adama Diop, Elisabeth Owona, David Coco, Indri Shiroka, Nicolas Roussiau, Daphne Scoccia… 1h29. Sortie le 24 août 2022. Isabelle Carré Encore très méconnu, Lionel Baier est pourtant l’un des rares cinéastes suisses contemporains à poursuivre une œuvre aussi singulière que cohérente, même si c’est à un rythme de sénateur. Une volonté de ne jamais confondre vitesse et précipitation qui ne l’empêche pas de rester droit dans ses bottes et de tisser des variations autour des mêmes thèmes. La dérive des continents (au Sud) constitue ainsi le nouveau chapitre du cycle sur la mondialisation amorcé avec Comme des voleurs (à l’Est) (2006) et Les grandes ondes (à l’Ouest) (2013). Ce nouvel opus présenté lors de la dernière Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes s’attache aux repérages d’une fonctionnaire de l’Union Européenne chargée d’établir le protocole de la visite officielle

“Cinq nouvelles du cerveau” de Jean-Stéphane Bron

Documentaire suisso-français de Jean-Stéphane Bron (2020), avec Alexandre Pouget, Hadrien Pouget, Christof Koch, Niels Birbaumer, David Rudrauf, Aude Billard… 1h45. Sortie le 16 mars 2022. Jean-Stéphane Bron appartient à cette catégorie de documentaristes qui passent d’un sujet à l’autre avec une implication totale, mais aussi en adoptant une posture d’écoute absolue. Après avoir traité du pouvoir des banques dans Cleveland contre Wall Street (2010) et visité les arcanes de L’Opéra (2017), le réalisateur suisse s’attaque dans Cinq nouvelles du cerveau aux ressources les plus méconnues de notre intellect, en passant à la question les plus grands experts mondiaux, des femmes et des hommes qui ont voué leur existence à la recherche, avec ce fol espoir d’améliorer le monde. Cet état des lieux a le grand mérite de ne jamais se montrer ni verbeux ni nébuleux. En adoptant la posture du candide, le réalisateur russe a le mérite de s’adresser au plus grand nombre, sans jamais cantonner son pr

“La mif” de Frédéric Baillif

Film suisse de Frédéric Baillif (2021), avec Claudia Grob, Anaïs Uldry, Kassia da Costa, Joyce Esther Ndayisenga, Charlie Areddy, Amélie Tonsi, Amandine Golay, Sara Tulu, Frédéric Landenberg, Merlin Landenberg… 1h50. Sortie le 9 mars 2022. Les foyers d’accueil sont devenus depuis quelques années des lieux d’élection du cinéma. Deux mois tout juste après Placés de de Nessim Chikhaoui, c’est de Suisse que nous arrive La mif , présenté l’an dernier à la Berlinale : la chronique d’une cohabitation cahotique dans un établissement spécialisé pour adolescentes qui recueille en quelque sorte toute la misère du monde, sous la responsabilité bienveillante d’un personnel éducatif parfois débordé qui doit réaménager en permanence un espace vital raisonnable entre ses responsabilités professionnelles et son implication personnelle. Première constatation, et elle n’est pas innocente, le film est décrit selon les observateurs comme un documentaire relevant de ce fameux cinéma du réel ou comme une pu