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Quentin Dupieux : Mondo dingo

Quentin Dupieux
© D.R.



Le succès de Yannick, comédie lapidaire d’un peu plus d’une heure tournée dans le plus grand secret après Daaaaaali !, qui sortira plus tard, confirme l’irrésistible aura de Quentin Dupieux, né en 1974 dans la banlieue parisienne. Un transfuge de la musique connu sous le nom de Mister Oizo qui a commencé en bricolant des clips et des films artisanaux, mais a su peu à peu séduire des acteurs de renom attirés par l’aspect naturel de son “Self Made Cinema”, puis un public de plus en plus fidèle qui reconnaît dans son cinéma une alternative foisonnante à la fameuse comédie française de sinistre réputation quand elle n’est pas pratiquée par des experts consciencieux. Bilan : une douzaine de longs métrages dont Steak (2007), Rubber (2010), Wrong (2012), Wrong Cops (2013), Réalité (2014), Le daim (2019) et Mandibules (2020), un moyen (le premier, Nonfilm, en 2002) et trois courts (Wrong Cops : Chapter 1, 2012, Das Photo-shoot, 2013, et Being Flat, 2015) qui constituent un ensemble beaucoup plus cohérent qu’il ne pourrait y paraître de prime abord. Comme certains des maîtres de la série B qu’il admire, Dupieux pratique le cumul des tâches pour aller droit à l’essentiel : auteur et réalisateur, mais aussi chef opérateur, monteur et parfois musicien et producteur. Sans jamais confondre vitesse et précipitation, à une vitesse de croisière désormais de deux films par an qui lui convient, mais déroge à la norme, tant le cinéma moderne avance au coup par coup quand les budgets sont étroitement conditionnés par les recettes. Lorsque nous l’avons rencontré, au printemps 2022, Dupieux en avait achevé deux : Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser. Rebelote en 2023 où il s’est offert le luxe d’en enchaîner deux autres dont Yannick, un bref impromptu dans l’esprit d’Au poste ! (2018) qui trouve un écho parmi le public de l’été assailli de blockbusters hollywoodiens aussi longs que tonitruants et pourrait lui valoir une reconnaissance déterminante. Toujours avec le concours de comédiens inspirés par une partition qui s’appuie sur la puissance de la parole, sans pour autant se complaire de mots d’auteur.



Bande-annonce de Yannick (2023)



Comment qualifiez-vous le genre de vos films ?

Je pense que les genres n’existent plus et que tout est hybride. Les films qui sont exclusivement des comédies ou des films d’horreur m’emmerdent. Aujourd’hui, ce qui est intéressant, c’est qu’il n’y ait plus de genre et que tout se mélange. Pour moi, c’est ce qui explique le succès d’un film comme Parasite de Bong Joon-ho. C’est un film qui mélange tout : il y a de la comédie, du suspense et du social. Moi, je suis plutôt content qu’on ne puisse pas me mettre dans une case, car je trouve ça assez désuet.


Quel regard portez-vous sur l’évolution de votre style ?

J’ai réalisé dix films, mais comme ce sont des petits films, je commence seulement à me déployer un petit peu et j’ai le sentiment que ce n’est que le début. J’en suis aux balbutiements. J’écris pour voir ce que ça raconte. Par le passé, j’ai commencé plusieurs scénarios que je n’ai jamais achevés et il m’arrive parfois de piocher dedans.


Pourquoi avez-vous accéléré le rythme ?

J’aurais toujours aimé tourner autant. C’est juste que maintenant c’est possible, parce que j’écris vite et qu’il y a des comédiens qui veulent travailler avec moi. Ce n’était pas un choix de tourner aussi peu auparavant. Mes films sont courts et assez minimalistes, donc je pourrais aisément en tourner deux par an et ce serait vivable, promotion comprise. En outre, l’industrie s’est allégée depuis que le numérique a remplacé la pellicule. Aujourd’hui, j’ai les rushes immédiatement et je peux commencer à monter sur le plateau.


Comment vous êtes-vous adapté aux nouveaux outils numériques du cinéma ?

J’ai tourné mon premier film dans les règles, en 35 mm, avec un peu d’installation sur le plateau, un chef opérateur, etc., mais je me suis un peu ennuyé, même s’il fallait passer par cette case-là. Tout de suite après, je me suis orienté vers le numérique et j’ai fait Rubber, un tournage tout seul dans le désert avec un appareil photo qui m’a donné les clés. Je préfère l’immédiateté, et la technologie d’aujourd’hui offre des possibilités incroyables. La caméra n’est plus sacrée, on peut recommencer à l’infini et regarder les images tout de suite, ce qui change beaucoup de choses.



Bande-annonce du Daim (2019)



Comment avez-vous réussi à imposer ce cumul des postes dans un métier aussi hiérarchisé et réglementé que le cinéma ?

Il faut dire que sans les comédiens, je ne serais rien. Sans Jean Dujardin, Le daim ne se serait pas monté. L’industrie est basique et le fait qu’un comédien de cette catégorie valide mon projet m’a évidemment facilité considérablement la tâche. Je ne suis pas convaincu de pouvoir monter le même type de film demain avec un inconnu. Ces comédiens de première catégorie ne sont pas non plus là par hasard, mais parce qu’ils le méritent, quel que soit leur parcours individuel. C’est un système qui fonctionne plutôt pas mal et ils viennent tous chez moi de bon cœur et pour de bonnes raisons. C’est un peu comme une récréation pour eux, même si on travaille et si généralement ils hallucinent sur la rapidité d’exécution, le fait qu’il n’y ait pas d’installation de lumière trop longue et que tout soit moins lourd que sur un tournage traditionnel. Mais il y a tout de même un moment où l’on ne peut pas aller plus vite que la musique. Au moment où l’on se parle, j’ai deux films qui sont prêts mais ne sont pas sortis [“Incroyable mais vrai” et “Fumer fait tousser”], donc on ne sait pas quels seront leur existence et leurs résultats, et il serait sans doute précipité de vouloir en tourner un troisième tout de suite, même s’il est écrit et qu’on commence tout doucement à le financer [“Daaaaaali ! hors compétition à Venise en septembre 2023].


Comment avez-vous conçu Incroyable mais vrai ?

Tout repose sur un postulat décrit par un agent immobilier qui fait visiter une maison à un couple que forment Léa Drucker et Alain Chabat. Le rôle des comédiens est essentiel et notamment ce personnage qui est supposé faire gober l’histoire dont l’interprète, Stéphane Pezerat, a été très difficile à trouver. J’ai assisté à plein d’auditions catastrophiques à partir du même texte auxquelles on ne croyait absolument pas. Il me fallait quelqu’un qui soit à la fois crédible et divertissant. S’il n’était pas juste, c’était le film tout entier qui s’effondrait. Pour les autres, c’est presque plus simple, car ils reçoivent sa parole et encaissent cette information mystérieuse. Ce n’est qu’au moment du casting que j’ai réalisé à quel point ce personnage était déterminant. Je savais que j’écrivais pour Alain et Léa. Ensuite il m’a fallu construire tout le reste.


Fumer fait tousser est d’une toute autre veine ?

C’est une toute autre dimension, complètement liée à l’enfance. Fumer fait tousser contient un tas d’obsessions atroces de notre époque vues à travers le prisme d’un enfant. C’est un film très léger qui contient tout un tas de choses que nous venons de vivre, ce qui nous reste à découvrir et les angoisses des êtres humains de cette planète, mais j’en fais une espèce de bonbon rigolo et léger.


Incroyable mais vrai comme Rubber reposent sur des postulats qu’il faut d’abord imposer au spectateur. Comment procédez-vous ?

Ce sont des paris risqués, mais qui me plaisent. Dans Rubber, c’est un flic qui explique le film en préambule. Mais ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’une tempête de sable se déclencherait pendant qu’il parle, ferait gigoter sa cravate, mais qu’il réussirait à délivrer son discours sans broncher. Stephen Spinella a manifesté un aplomb sidérant dans ce plan-séquence qui doit bien durer trois minutes. Sans cette prestation, le film aurait pu s’effondrer. Quand on tourne avec un appareil-photo et si peu d’argent, ce sont les acteurs qui font toute la différence. Les idées ont beau être parfois farfelues et les concepts un peu abscons, dès que je tombe sur un comédien solide, tout devient possible.



Bande-annonce de Rubber (2010)



Vous laissez-vous parfois guider par les impondérables ?

Non, je ne suis pas aventurier. Le tournage est un moment un peu perturbant pour tout le monde où il y a tant de paramètres à gérer que, très vite, c’est le scénario qui devient le capitaine du bateau. Chez moi, c’est un principe.


Est-ce pour cela qu’Au poste ! a été votre plus gros succès à ce jour [“Yannick” l’a surpassé depuis] ?

Ça m’a beaucoup surpris car pour moi, le côté huis clos qui se termine sur une scène de théâtre me paraissait risqué. Je pense qu’Au poste ! n’a pas attiré le même public que mes autres films, car c’était en quelque sorte une relecture de Garde à vue. La chance qu’on a eue, c’est qu’on était en avance sur le plan de travail et que j’ai conçu la bande annonce comme un film en soi qu’on a tourné à cet effet et qui a beaucoup plu. On imaginait que Mandibules attirerait les plus jeunes en raison du succès du “Palmashow”, mais en fait on n’en sait rien… Peut-être que chaque film constitue une nouvelle étape et s’adresse à des gens différents.


Vous sentez-vous des affinités avec d’autres réalisateurs français ?

Pas vraiment, sinon Gustave Kervern et Benoît Delépine avec lesquels j’ai en commun ce luxe de pouvoir embarquer des comédiens solides, mais c’est le seul point commun que je vois. J’aimerais qu’on soit plus nombreux.


Saviez-vous dans quelle direction vous vouliez aller quand vous avez réalisé votre premier film, le moyen métrage Nonfilm ?

Non. En fait, les films se sont faits tout seuls. Aucun des scripts que j’ai écrits en forçant n’a abouti. Depuis que j’ai trouvé ma formule d’écriture où je sais exactement dans quelle zone je vais, c’est fluide et je peux enchaîner les films sans trop réfléchir.



Extrait de Nonfilm (2002)



Pourquoi avez-vous choisi de maîtriser l’intégralité du processus ?

Je ne comprends pas les réalisateurs qui se contentent de rester assis devant un combo et réalisent de loin, tout en laissant un monteur assembler une première version. Ça doit être d’un ennui absolu de ne faire que vingt-cinq pour cent du métier. Moi, j’ai besoin de toucher la caméra, de décider comment je vais filmer une scène et de me planter moi-même pour être le seul responsable de l’échec ou de la réussite d’une image. Et c’est pareil au montage. C’est ce qui fait l’originalité des films : je gère la chaîne tout seul.


Ce n’est possible que depuis l’avènement du numérique…

Absolument ! Auparavant, je l’aurais fait, mais j’aurais trouvé une autre formule. La réalité, c’est que je suis déjà en prémontage quand je tourne. Dès qu’on a filmé une scène, je visionne mes rushes et je comprends immédiatement ce qui me manque. Il n’y a pas de scripte sur le plateau. Pour moi, c’est désuet. Le numérique permet de tourner des images qui sont satisfaisantes rapidement. Je fais des allers-retours entre le plateau et ma loge dans laquelle je regarde plusieurs fois ce qu’on a tourné et vois ce qui me manque.


Tournez-vous beaucoup de prises ?

Ça dépend des comédiens et de l’humeur. Autour de cinq ou six, mais quand on a des pépins, c’est vingt-cinq.


Comment faites-vous pour pousser certains comédiens dans leurs ultimes retranchements, notamment Adèle Exarchopoulos dans Mandibules ?

Je n’ai écrit son rôle pour personne en particulier. Je savais que je voulais un personnage complètement tordu, mais nous l’avons fabriqué ensemble. Elle a travaillé de son côté, nous avons testé des trucs et puis c’est devenu ce qu’on a vu à l’écran quand nous avons été contents tous les deux. En fait, c’est juste un lâcher-prise qui est allé très loin et qui s’inscrit dans un cadre, car tout ce qu’elle dit était écrit et elle connaissait par cœur son texte avec lequel elle s’est amusée. C’était davantage une prise de risque pour elle que pour moi. Comme elle a réussi à faire quelque chose de très habité qu’elle a vécu au premier degré, c’est sublime et presque touchant. Nous avons commencé à aborder ce personnage au moment du casting, mais je ne m’attendais pas à une telle prestation. Nous avons achevé de le construire sur le plateau.



Bande-annonce de Mandibules (2020)



Quel est le stade que vous préférez quand vous réalisez un film ?

Le montage, parce que c’est le seul moment où l’on fait du cinéma, selon la façon dont coupe un plan, dont on va tricher, dont on va mentir, dont on va cacher un truc avec un son. Et même si le tournage est un moment aussi réjouissant qu’épuisant, car il y a plein de gens à gérer, c’est au montage que j’ai l’impression que je commence à faire vraiment du cinéma. Au moment du tournage, on s’attache à plein de choses qui disparaîtront ensuite. C’est là où je suis bon.


Comment avez-vous réussi à faire admettre ce cumul de plusieurs postes ?

Ça s’est fait naturellement. On est en numérique, on a un cerveau qui fonctionne, on est plusieurs à regarder ce qui se tourne et mes films sont assez simples.


Comment trouvez-vous les titres de vos films ?

Ils sont là avant le tournage, dès l’écriture. Au départ, Le daim s’intitulait 100% daim et on s’est dit avec Jean Dujardin qu’il y avait déjà un film intitulé 100% cachemire et c’est lui qui a trouvé Le daim.


Seriez-vous prêt à travailler sur d’autres formats, par exemple pour une plateforme ou en tournant une série ?

Tout est possible, même si la série ne me tente pas. Mais le cinéma, ça reste tout de même autre chose et je n’aimerais pas que ce métier disparaisse et que nous devenions tous des fabricants de contenu pour ordinateurs portables. Mais si ça devait arriver, on trouverait des façons de raconter des choses intéressantes. En revanche, je n’ai pas envie de voir disparaître le cinéma sur grand écran.


Dans quelles circonstances avez-vous réalisé votre premier long métrage, Steak ?

En fait, c’était un bug du système, puisque Eric et Ramzy ont imposé à un producteur de faire leur prochain film avec moi, alors que je n’étais personne. Mais eux avaient vu mon premier essai qui s’appelait Nonfilm, l’ont adoré et y ont vu quelque chose d’important pour eux. À l’époque, ils étaient au pic de leur carrière et ils faisaient deux millions d’entrées par film. J’ai eu cette carte blanche formidable, mais la comédie art et essai n’est pas un genre très identifié et on a eu comme public les gamins qui avaient aimé Les Dalton. Mais je me sens mieux maintenant que les gens ont compris ce que je faisais. Quand j’ai réalisé Wrong et Wrong Cops aux États-Unis, j’étais encore en test et ces films concernaient très peu de gens. Mais je me sens mieux maintenant que je m’appuie sur une économie solide. Je ne pense jamais au budget quand j’écris et je reste dans ma zone. Ça roule comme ça. Et puis, j’essaie de ne pas me répéter.


Bande-annonce de Steak (2007)



Y a-t-il des cinéastes ou des films qui vous aient particulièrement influencé ?

J’ai grandi dans la culture des vidéo-clubs avec, vers 15 ans, la découverte de John Carpenter et du cinéma de genre américain. Mais j’ai préféré le détourner à ma façon.


Vous arrive-t-il de revoir vos films pour mesurer le chemin accompli ?

Partiellement, mais je suis toujours plus attaché aux films du présent et à ceux du futur. Tout ce que j’ai fait avant me paraît désuet et une fois qu’un film est terminé, il n’est pas question pour moi d’y revenir. Je fais confiance au moment où j’ai décrété que c’était fini.


Quelles influences avez-vous subies ?

Je suis un enfant des années 80 et 90 qui a grandi avec Les bronzés font du ski, Le Père Noël est une ordure et les films d’horreur des vidéo-clubs. Je ne suis pas vraiment cinéphile et ne m’intéresse pas particulièrement aux grands classiques ni à la cinéphilie ardue.


Comment définiriez-vous votre humour ?

Mes films sont très bavards. Il y a plus de dialogues que d’événements, mais c’est vrai qu’il y a peu de bons mots.


De quelle façon êtes-vous perçu à l’international ?

Quand nous avons présenté Incroyable mais vrai à la Berlinale, j’ai été surpris par la réaction du public face à un film sous-titré en anglais, qui plus est dans un contexte assez glacial et dans une grande salle. Concernant Au poste ! qui reposait exclusivement sur le texte et des jeux de mots, je pensais que c’était un film qui n’intéresserait personne et serait impossible à exporter, alors qu’en fait il est sorti notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Depuis Rubber, mes films s’exportent. Mandibules a bénéficié d’une très belle sortie aux USA et a un distributeur en Angleterre. Ce sont donc des films qui existent à l’étranger.



Bande-annonce de Fumer fait tousser (2022)



Vous arrivez à faire des films fantastiques avec des effets spéciaux encore limités. Est-ce un obstacle ?

Fumer fait tousser, c’est Mandibules fois cinq. Il y a plein d’éléments visuels élaborés, de fantastique, de robots et de monstres. Ça nécessite juste un peu plus de préparation. Pour Fumer fait tousser, je suis allé chercher l’un des designers des robots de Star Wars, plus précisément l’animatronicien qui conçoit leur électronique, Gustav Hoegen, et que j’avais déjà approché pour Mandibules, à une époque où je croyais opportun de réaliser la mouche en animatronique, alors que ça n’avait aucun intérêt. Je l’ai appelé pour fabriquer un robot et il a été content de participer à un film artisanal, alors qu’il ne travaille que sur d’énormes machines où personne ne connaît votre prénom. J’ai aussi collaboré avec Olivier Afonso d’Atelier 69 qui a confectionné les monstres. C’est beaucoup de travail en amont. Fumer fait tousser est mon plus gros film, mais il n’a coûté que 5 M€, alors qu’Incroyable mais vrai avoisinait 4 M€.


Savez-vous vers où vous avez envie d’aller ?

Je n’en ai aucune idée. La seule constante que je vois entre tous mes films, c’est l’importance des acteurs. Ce qui m’intéresse à la fin de la journée, c’est d’avoir obtenu une performance de qualité. Incroyable mais vrai repose sur les quatre personnages principaux. Tout le reste n’est qu’accessoire. Mes films sont modestes, mais proposent des choses un peu innovantes sur un ton particulier, ainsi que des performances d’acteur.


Une autre particularité de vos films est leur durée qui ne dépasse jamais une heure et demie. Comment gérez-vous ce paramètre ?

C’est sans doute parce que je suis déjà en montage au moment du tournage. J’ai une sorte de façon efficace d’empaqueter les scènes dans un rythme et je me censure beaucoup car j’ai tendance à avoir trop de texte. Quand on est en tournage, j’ai tendance à en enlever beaucoup avec les comédiens. Au montage, le film adopte d’emblée sa durée définitive. Par ailleurs, la comédie va de pair avec la concision et c’est très prétentieux de vouloir faire rire les gens plus d’une heure et demie. J’ai tendance à me censurer beaucoup, mais ça me convient très bien.

Propos recueillis par

Jean-Philippe Guerand








Bande-annonce d’Incroyable mais vrai (2022)

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