Film français de Quentin Dupieux avec Grégoire Ludig, David Marsais, Adèle Exarchopoulos, India Hair, Roméo Elvis, Bruno Lochet… 1h17. Sortie le 16 décembre 2020
David Marsais et Grégoire Ludig
Deux ans après le succès surprise d’Au poste !, Quentin Dupieux retrouve Grégoire Ludig et son acolyte du Palmashow, David Marsais, pour une comédie totalement délirante qui a créé l’événement à la dernière Mostra de Venise au point d’être achetée par un distributeur américain. Deux simples d’esprit entreprennent d’y domestiquer une mouche géante trouvée dans le coffre d’une voiture volée grâce à laquelle ils espèrent faire fortune… Un point de départ saugrenu pour un film absurde qui va crescendo et atteint une folie rarissime dans le cinéma français. Il faut voir Adèle Exarchopoulos hurler des insanités dans une variation fantaisiste du syndrome Gilles de La Tourette ou le chanteur Roméo Elvis dans son premier rôle à l’écran. Ici, tout est permis et l’on finit par ne plus s’étonner de rien, sinon de l’imagination de Quentin Dupieux, décidément sans limites. On imagine le parti qu’auraient tiré d’un tel point de départ les apprentis sorciers américains férus d’effets spéciaux. Le politiquement incorrect et la folie nihiliste en moins.
Mandibules est une fable beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît sur la notion de normalité dans un monde fou fou fou où tout semble possible. Y compris qu’une fille victime d’un accident de ski en ait réchappé avec une voix de stentor qui transforme chacune de ses phrases, y compris les plus anodines, en une injonction implacable. L’occasion pour Adèle Exarchopoulos de sortir de la zone de confort dans laquelle on l’a trop longtemps circonscrite à travers une ribambelle de rôles indignes de son potentiel. Encouragée par un metteur en scène constamment sur le qui-vive, elle livre là une composition ahurissante qui révèle une nature comique hors du commun et devrait lui valoir d’attirer des cinéastes impressionnés par sa Palme d’or exceptionnelle reçue pour La vie d’Adèle. Il suffit de moins d’une heure vingt à Quentin Dupieux pour ronger jusqu’à l’os le potentiel de cette comédie déjantée dont le dénouement facétieux traduit somme toute une vision du monde plutôt optimiste.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire