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Articles

“X” de Ti West

Film américain de Ti West (2022), avec Mia Goth, Jenna Ortega, Brittany Snow, Kid Cudi, Martin Henderson, Owen Campbell, Stephen Ure, James Gaylyn, Matthew Saville, Simon Prast, Geoffrey Dolan, Bryony Skillington… 1h45. Sortie le 2 novembre 2022. Brittany Snow Dans les années 70, alors que l’époque est à une certaine promiscuité qu’on qualifie d’amour libre, une joyeuse équipe s’installe dans une grange pour tourner un film porno. Mais c’est compter sans la personnalité de ses hôtes, des rednecks arriérés qui s’estiment floués par ces pieds-tendres venus de la grande ville et donnent libre cours à leurs plus bas instincts. Ti West signe avec X un slasher bourré de références qui se déroule à l’âge d’or du cinéma d’horreur et rend un hommage appuyé à cette génération spontanée de petits maîtres qui a éclos à l’orée des années 70, de George A. Romero (La nuit des morts vivants , 1968) à Wes Craven (La dernière maison sur la gauche , 1972), en passant par Tobe Hooper (Massacre à la tronç

“Seule la joie” d’Henrika Kull

Glück/Bliss Film allemand d’Henrika Kull (2021), avec Katharina Behrens, Eva Collé ( Adam Hoya) , Nele Kayenberg, Jean-Luc Bubert, Petra Kauner, Bence Máté, Maria Mägdefrau, Mike Hoffmann, Sarah Junghauß, Mandy Schicker, Christina-Madalina David, Dennis Singert… 1h30. Sortie le 2 novembre 2022. Katharina Behrens, au centre Il y a décidément des sujets dans l’air du temps… ou alors des coïncidences troublantes. L’une des particularités de l’Allemagne est d’avoir circonscrit la pratique de prostitution dans des lieux spécialisés, comme c’était le cas en France jusqu’à la loi de Marthe-Richard votée le 13 avril 1946 qui visait à la fermeture des maisons de tolérance et au renforcement de la lutte contre le proxénétisme. Deux films viennent nous le rappeler opportunément cet automne : l’adaptation du best-seller d’Emma Becker La maison par Anissa Bonnefont (sortie le 16 novembre) et Seule la joie de la réalisatrice allemande Henrika Kull, en se rappelant que la mère courage incarnée par

“Le serment de Pamfir” de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk

Pamfir Film ukraino-français de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk (2022), avec Oleksandr Yatsentyuk, Stanislav Potiak, Solomiya Kyrylova, Olena Khokhlatkina, Miroslav Makoviychuk, Ivan Sharan… 1h42. Sortie le 2 novembre 2022. Oleksandr Yatsentyuk De retour au bercail après des mois d’absence, Pamfir se trouve confronté aux conséquences de l’insigne imprudence de son fils. En s’efforçant de réparer les pots cassés, il va se retrouver obliger de gérer une situation pour le moins délicate afin d’éviter à sa famille le déshonneur et la déchéance. L’action prend pour cadre un village ukrainien à proximité de la frontière roumaine sous la coupe des contrebandiers et des trafiquants. Tout à sa joie de retrouver les siens, Pamfir ne remarque pas les nuages qui s’amoncellent au-dessus de sa tête et menacent ce qu’il a de plus cher, sa famille. Il préfère savourer ses retrouvailles avec les siens et se déguiser en prévision du fameux carnaval de Malanka, un héritage culturel médiéval auquel s’accroche

“Jacky Caillou” de Lucas Delangle

Film français de Lucas Delangle (2022), avec Thomas Parigi, Edwige Blondiau, Lou Lampros, Jean-Louis Coulloc’h, Romain Laguna, Jean-Marc Ravera, Georges Isnard, Sivan Garavagno… 1h32. Sortie le 2 novembre 2022. Thomas Parigi et Lou Lampros Ceux qui reprochent au cinéma français de trop s’intéresser aux espaces urbains et à la frange la plus aisée de la population vont trouver en Jacky Caillou matière à un retour aux sources radical. Son personnage-titre est un jeune homme qui vit avec sa grand-mère magnétiseuse-guérisseuse dans un village des Alpes. Le jour où débarque une citadine atteinte de stigmates cutanés bizarres, cette intruse venue d’ailleurs devient en soi un véritable défi pour ces pratiques ancestrales. Jacky Caillou s’attache à l’opposition de deux mondes qui se côtoient rarement, mais continuent à coexister, même si c’est parfois dans une certaine clandestinité incompatible avec les normes qui régissent la science moderne et notamment la médecine. Il ne s’agit pas pour

“Harka” de Lofty Nathan

Film franco-luxembourgo-tuniso-belge de Lofty Nathan (2022), avec Adam Bessa, Salima Maatoug, Ikbal Harbi, Najib Allagui, Khaleb Brahem, Hsouna Heni, Jamel Madani, Mohamed Ouni, Elyes Riahi… 1h27. Sortie le 2 novembre 2022. Adam Bessa Certains s’en souviennent, c’est l’immolation par le feu d’un marchand ambulant de Sidi Bouzid qui a marqué le déclenchement de la révolution tunisienne, en décembre 2010, puis l’engrenage du Printemps arabe. En s’emparant de cet événement, le réalisateur américain Lofty Nathan a décidé de sonder les véritables causes de ce geste désespéré, en s’attachant à la personnalité d’un petit trafiquant de carburant qui survit dans une société désespérément dépourvue de promesses d’avenir. La mise en scène s’appuie sur une observation comportementaliste des faits et gestes du quotidien qui vont peu à peu isoler un être solitaire en le poussant à ronger son frein et à ressasser sa rancœur jusqu’à atteindre un point de non-retour. Ce moment où tout va basculer, nous

“Amsterdam” de David O. Russell

Film américain de David O. Russell (2022), avec Christian Bale, Margot Robbie, John David Washington, Alessandro Nivola, Andrea Riseborough, Anya Taylor-Joy, Chris Rock, Matthias Schoenaerts, Mike Myers, Michael Shannon, Taylor Swift, Zoe Saldana, Timothy Olyphant, Rami Malek, Robert de Niro… 2h15. Sortie le 1 er novembre 2022. Christian Bale, Margot Robbie et John David Washington Au moment même où Adolf Hitler accède au pouvoir en Allemagne, en 1933, à l’autre bout du monde, un médecin (Christian Bale) et un avocat (John David Washington) viennent au secours des Gueules Cassées et autres laissés-pour-compte de la Grande Dépression. La mort suspecte d’un général de retour d’Europe va amener ces aventuriers idéalistes à reconstituer le trio idéal qu’ils formaient avec une fougueuse femme fatale (Margot Robbie) rencontrée à Amsterdam au lendemain de la Grande Guerre. Avec pour objectif de déjouer une machination infernale qui menace de rallier aux thèses fascistes des comploteurs bien

“Close” de Lukas Dhont

Film belgo-franco-hollandais de Lukas Dhont (2022), avec Eden Dambrine, Gustav de Waele, Émilie Dequenne, Léa Drucker, Igor van Dessel, Kevin Janssens, Marc Weiss, Léon Bataille… 1h45. Sortie le 1 er novembre 2022. Gustav de Waele et  Eden Dambrine Deux adolescents partagent une amitié fusionnelle qui suscite des réactions passionnées parmi leur entourage. Là où leurs familles et leurs amis s’en émerveillent, certains de leurs camarades de classe se montrent parfois moins bienveillants. Jusqu’au jour où cette bulle préservée éclate, en semant son lot de chagrin, de douleur et de dommages collatéraux. En révéler davantage serait gâcher le frêle équilibre sur lequel repose Close . Révélé par son premier long métrage, Girl, une subtile exploration de l’identité sexuelle à l’âge des possibles, le réalisateur belge Lukas Dhont poursuit son exploration de la différence au sein d’une société qui la tolère de moins en moins, sous couvert d’une illusoire liberté des mœurs. Il s’attache cette

“La conspiration du Caire” de Tarik Saleh

Boy from Heaven Film suédo-franco-finlandais de Tarik Saleh (2022), avec Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri, Makram Khoury, Mehdi Dehbi, Moe Ayoub, Sherwan Haji, Ramzi Choukair… 1h59. Sortie le 26 octobre 2022. Sherwan Haji  et  Tawfeek Barhom Révélé en France par le formidable thriller Le Caire confidentiel , Tarik Saleh incarne cette diaspora de cinéastes du Proche et du Moyen Orient exilés en Scandinavie dont la récente montée en puissance a été entérinée cette année à Cannes par la sélection officielle simultanée en compétition de Leila et ses frères de Saeed Roustayi et Les nuits de Mashhad d’Ali Abbasi, deux visions singulières de l’Iran chiite. C’est en Turquie, et notamment dans la mosquée Süleymanye d’Istanbul, que le réalisateur suédois est allé tourner La conspiration du Caire , un authentique thriller situé dans le saint des saints de l’Islam sunnite : la prestigieuse université Al-Azhar du Caire. Là, l’irruption d’un jeune homme d’origine modeste qui a bénéfici

“Méduse” de Sophie Lévy

Film français de Sophie Lévy (2021), avec Roxane Mesquida, Arnaud Valois, Anamaria Vartolomei, Léo Dussollier, Pierre Nisse, Maxime Gleizes, Amanda Rubinstein… 1h26. Sortie le 26 octobre 2022. Anamaria Vartolomei Deux sœurs évoluent en vase clos dans une maison moderne devenue malgré elles un véritable cocon. Il n’en faut pas davantage à la réalisatrice Sophie Lévy pour inscrire ce huis clos lapidaire dans une atmosphère étouffante où les mots arborent le tranchant de certaines armes. Elle s’appuie pour cela sur la confrontation de deux jeunes comédiennes qui arborent leur étrangeté comme une marque de fabrique et se comportent comme des mantes religieuses constamment sur le qui-vive : tenant à distance les rares intrus pour préserver leur gynécée des irruptions extérieures. Romane, l’aînée, protège sa cadette, Clémence, dont elle est l’unique lien avec le monde extérieur, cette dernière étant atteinte à la fois d’hémiplégie et de mutisme. Jusqu’à ce moment fatidique où un bel inconnu

“L’école est à nous” d’Alexandre Castagnetti

Film français d’Alexandre Castagnetti (2022), avec Sarah Suco, Jean-Pierre Darroussin, Oussama Kheddam, Lili Aupetit, Sofia Bendra, Nah Bilé, Jérémie Gavrilovic, Gabin Jouillerot, Ryan Khelif, Estelle Luo… 1h48. Sortie le 26 octobre 2022. Oussama Kheddam Signe des temps qui ne trompe pas : devenue un genre cinématographique en soi au sein du cinéma français, l’éducation est un enjeu majeur de notre époque dont la crise de la Covid-19 a contribué à mesurer la profondeur et l’intensité, sur fond de crise des vocations. Une tradition par ailleurs de longue date qui va de Zéro de conduite (1933) de Jean Vigo à La cour des miracles de Carine May et Hakim Zouhani, sorti il y a tout juste un mois, en brassant tous les aspects de cette problématique, des Disparus de Saint-Agil (1938) de Christian-Jaque à L’école buissonnière (1949) de Jean-Paul Le Chanois et aux Sous-doués (1980) de Claude Zidi. Cette thématique consensuelle inspire des œuvres de pure distraction comme des réflexions plus