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Articles

“Elvis” de Baz Luhrmann

Film américain de Baz Luhrmann (2022), avec Austin Butler, Tom Hanks, Alton Mason, Kodi Smit-McPhee, Luke Bracey, Olivia de Jonge, Yola, Helen Thomson… 2h39. Sortie le 22 juin 2022. Austin Butler Du King, on croyait à peu près tout savoir. Sans doute parce que Presley a accolé les trente-et-un film qu’il a tournés en 1956 et 1969 à autant d’albums et que même s’il n’a jamais brillé vraiment à l’écran en tant que comédien, le moindre des numéros musicaux qui se succédaient à l’écran prenait pour ses fans la dimension d’un authentique morceau d’anthologie. Le roi du rock a quant à lui été immortalisé jusqu’ici dans quelques tranches de vie anecdotiques sinon un téléfilm de John Carpenter exploité en salle dans une version raccourcie, Le roman d’Elvis (1979) dans lequel son rôle était tenu par l’un des acteurs fétiches du cinéaste, Kurt Russell, couronné d’un Primetime Emmy pour sa composition. Il a été campé par la suite dans la mini-série Elvis (2005) de James Steven Sadwith par Jonat

“El buen patrón” de Fernando León de Aranoa

Film espagnol de Fernando León de Aranoa (2021), avec Javier Bardem, Óscar de La Fuente, Manolo Solo, Mara Guil, Almudena Amor, Nao Albet, Maria de Nati, Sonia Almarcha… 2h. Sortie le 22 juin 2022. Javier Bardem et  Óscar de La Fuente Un chef d’entreprise imbu de lui-même jette ses ultimes forces dans ce qui s’annonce comme sa consécration professionnelle et personnelle. Alors qu’approche la visite impromptue d’une délégation chargée d’entériner son éligibilité au seul trophée qui manque encore à son palmarès, celui qui marquera le couronnement de sa fabrique de balances industrielles, son entourage n’a de cesse de lui renvoyer des signes inquiétants qui constituent autant d’obstacles potentiels à sa béatification suprême sur l’autel du capitalisme à tout crin. Lorsqu’un ouvrier licencié entreprend de planter sa tente devant l’entrée de l’usine pour faire valoir ses droits à un traitement équitable, la provocation atteint son comble. Surtout que simultanément, les nuages s’amoncellent

“Le divorce de mes marrants” de Romy Trajman et Anaïs Straumann-Lévy

Documentaire français de Romy Trajman et Anaïs Straumann-Lévy (2021), avec Romy Trajman, Denise Cohen, Marielle Sade, Gary Trajman, Jakob Trajman, Paul Trajman… 1h23. Sortie le 22 juin 2022. Romy Trajman et Gary Trajman La notion de cinéma du réel est devenu aujourd’hui un véritable no man’s land entre la fiction et le documentaire qui s’aventure désormais sur des territoires encore en friche. Derrière Le divorce de mes marrants , dont le jeu de mots puéril souligne fort à propos le caractère fantasque, se cache l’une de ces œuvres hybrides dont l’épicentre demeure une irrésistible vérité des êtres et des situations. Soucieuse de trouver sa propre place dans le monde, la réalisatrice Romy Trajman s’y livre à un exercice ô combien périlleux, en questionnant ses parents sur les causes véritables de leur séparation. Alors que sa mère jette un regard sans pitié sur ce passé qu’elle a fui, son père apparaît plus fragile. Il a été diagnostiqué bipolaire, donc passablement irresponsable de l’

“I’m Your Man” de Maria Schrader

Ich Bin dein Mensch Film allemand de Maria Schrader (2021), avec Maren Eggert, Dan Stevens, Sandra Hüller, Hans Löw, Wolfgang Hübsch, Anniika Meier, Jürgen Tarrach, Falilou Seck, Henriette Richter-Röhl… 1h45. Sortie le 22 juin 2022. Dan Stevens et  Maren Eggert Dans un avenir assez proche, une scientifique accepte de se soumettre à une expérience singulière : partager la vie d’un être parfait. En l’occurrence, Tom, un prototype de robot à visage masculin qui a été programmé pour remplir la fonction ardue de compagnon idéal capable de faire face à toutes les situations avec une réactivité très supérieure à celle de n’importe quel partenaire humain, trop humain. Dans un monde qui a tendance à se désincarner en reléguant les rapports sentimentaux à la portion congrue, sous l’effet illusoire des réseaux sociaux, I’m Your Man propose une solution alternative séduisante à tous les sens du terme, en réfléchissant sur la notion même d’engagement, à une époque où l’instinct grégaire de notre

“Buzz l’Éclair” d’Angus MacLane

Lightyear Film américain d’Angus MacLane (2022), avec (voix) François Civil / Chris Evans, Michaël Gregorio / Peter Sohn, Lyna Khoudri / Keke Palmer, Tomer Sisley / Taika Waititi, Chantal Ladesou / Dale Soules, Jean Barney / James Brolin… 1h49. Sortie le 22 juin 2022. Buzz l'Éclair L’introduction de ce film donne une juste idée de la folle ambition des studios Pixar dont la maison mère a relégué les trois dernières productions (Soul, Luca et Alerte rouge) comme têtes de gondole de sa chaîne de streaming, Disney +, malgré une ambition formelle qui aurait mérité de se bénéficier des atouts spectaculaires du grand écran. Bien davantage qu’un vulgaire spin-of de Toy Story (1995), le vaisseau amiral de ce studio d’animation, Buzz l’Éclair se présente comme le film qui aurait incité le jeune Andy à devenir fan de cet astronaute au point d’en faire l’un de ses jouets de prédilection. Il s’agit donc d’une sorte de prequel qui développe son propre univers à travers un voyage intersidér

“Les goûts et les couleurs” de Michel Leclerc

Film français de Michel Leclerc (2022), avec Rebecca Marder, Félix Moati, Judith Chemla, Philippe Rebbot, Eye Haïdara, Artus, Baya Kasmi, François Morel… 1h50. Sortie le 22 juin 2022. Judith Chemla La disparition d’une chanteuse naturaliste oubliée provoque la rencontre imprévue du jeune ambitieux chargé de régler sa succession et d’une artiste qui avait passé plusieurs mois dans l’intimité de la disparue à enregistrer un premier album avec elle. Au point de devenir en quelque sorte la protégée de cette artiste ex-soixante-huitarde braquée contre le système. Comme de bien entendu, c’est sous le signe de la défunte que ces jeunes gens a priori bien mal assortis vont apprendre à se connaître et à se respecter, malgré tout ce qui peut les séparer. On reconnaît là le goût du réalisateur du Nom des gens pour un idéalisme qui confine parfois à l’utopie. Il s’appuie pour cela ici sur trois comédiens atypiques. D’abord Judith Chemla qui se vieillit de façon spectaculaire pour camper cette cha

“Black Phone” de Scott Derrickson

The Black Phone Film américain de Scott Derrickson (2021), avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Miguel Cazarez Mora, Jeremy Davies, Brady Hepner, Derrick Lemon, Banks Repeta… 1h43. Sortie le 22 juin 2022. Madeleine McGraw et  Mason Thames À 13 ans, Finney est un adolescent timoré qui vit avec sa sœur cadette sous la domination d’un père alcoolique et endure quotidiennement les brimades de ses camarades de collège dont il est le souffre-douleur. Jusqu’au jour où il est kidnappé par un tueur déjà à l’origine de plusieurs disparitions irrésolues. Dans la cave où il est détenu, il découvre un téléphone mural à l’aide duquel il communique avec les autres victimes du maniaque qui le séquestre… Produit par Blumhouse dont on ne compte plus les succès dans le domaine du fantastique, de l’horreur et plus généralement du cinéma de genre, Black Phone se déroule en 1978 et renvoie à cet âge d’or, de Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper aux premiers opus de John Carpenter

“Sweat” de Magnus von Horn

Film suédo-polonais de Magnus von Horn (2020), avec Magdalena Kolesnik, Julian Swiezewski, Aleksandra Konieczna, Zbigniew Zamachowski,  Tomasz Orpinski, Lech Lotocki, Magdalena Kuta, Dominika Biernat… 1h46. Sortie le 15 juin 2022. Magdalena Kolesnik Sylwia est une jeune femme de son temps qui fait figure de référence dans le cercle très fermé des influenceuses, catégorie coach sportive. Sa sueur est contagieuse et son énergie communicative. Pourtant, sous le survêtement de la diva bat aussi un cœur et ses quelque six cent mille followers ne suffisent pas à compenser le désert affectif dans lequel elle stagne. Cruelle parabole de notre époque où les “likes” ne sont ni de l’amour ni même des preuves d’amour, mais les cache-misères dérisoires d’une notoriété virtuelle dépourvue de fondements. Sweat montre avec cruauté l’envers du décor : celui d’une jeune femme qui a tout pour plaire et se satisfait de son statut illusoire de diva du fitness, au point de s’être recluse malgré elle dans u

“Incroyable mais vrai” de Quentin Dupieux

Film français de Quentin Dupieux (2022), avec Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel, Anaïs Demoustier, Lena Lapres, Mikaël Halimi, Roxane Arnal, Nagisa Morimoto… 1h14. Sortie le 15 juin 2022. Alain Chabat et Benoît Magimel Un couple visite une maison. Jusqu’au moment où l’agent immobilier leur fait part d’un détail vraiment hors du commun. Les lieux possèdent une caractéristique unique : une trappe qui mène à un passage dont la traversée provoque un rajeunissement infime de celle ou celui qui l’emprunte… sans que son usage constitue en aucun cas une obligation, ni que ce phénomène inexplicable s’avère spectaculaire au point d’engendrer un séisme temporel au long cours. Au fil du temps, pourtant, madame effectue des allées et venues de plus en plus régulières dans ledit conduit, sans que ses conséquences se révèlent véritablement spectaculaires aux yeux de son entourage. Le trouble patent est plutôt d’ordre psychologique que biologique. Comme si la simple idée de rajeunir suffisait

“Demain, je traverse” de Sepideh Farsi

Avrio pernao apenanti Film franco-gréco-luxembourgo-néerlandais de Sepideh Farsi (2019), avec Marisha Triantafyllidou, Hanaa M. Issa, Vassilis Koukalani, Lydia Fotopoulou, Alexandros Vardaxoglou, Vaia Kathiotou… 1h21. Sortie le 15 juin 2022. Hanaa M. Issa Mutée d’Athènes à Lesbos, une policière grecque se trouve confrontée à la détresse des migrants en transit vers d’autres destinations. Malgré son sens du devoir, elle ne peut taire ses états d’âme. C’est dans ce contexte qu’elle croise la route de Yussof, un jeune Syrien dont la famille a été massacrée. Ensemble, ils vont retrouver un sens à leur vie dans une Grèce en proie à une crise endémique qui n’a plus beaucoup de perspectives à offrir aux voyageurs de passage. Remarquée pour Red Rose (2014), la réalisatrice iranienne en exil Sepideh Farsi est une citoyenne du monde qui signe là son sixième long métrage de fiction depuis Le voyage de Maryam (2003). Elle s’y attache une fois de plus à des personnages déracinés aux prises avec