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“Buzz l’Éclair” d’Angus MacLane



Lightyear Film américain d’Angus MacLane (2022), avec (voix) François Civil / Chris Evans, Michaël Gregorio / Peter Sohn, Lyna Khoudri / Keke Palmer, Tomer Sisley / Taika Waititi, Chantal Ladesou / Dale Soules, Jean Barney / James Brolin… 1h49. Sortie le 22 juin 2022.



Buzz l'Éclair



L’introduction de ce film donne une juste idée de la folle ambition des studios Pixar dont la maison mère a relégué les trois dernières productions (Soul, Luca et Alerte rouge) comme têtes de gondole de sa chaîne de streaming, Disney +, malgré une ambition formelle qui aurait mérité de se bénéficier des atouts spectaculaires du grand écran. Bien davantage qu’un vulgaire spin-of de Toy Story (1995), le vaisseau amiral de ce studio d’animation, Buzz l’Éclair se présente comme le film qui aurait incité le jeune Andy à devenir fan de cet astronaute au point d’en faire l’un de ses jouets de prédilection. Il s’agit donc d’une sorte de prequel qui développe son propre univers à travers un voyage intersidéral où le vaillant explorateur va se trouver confronté à la plus improbable des rencontres. Le ton est plus grave, moins enfantin aussi. Le registre est celui de la science-fiction la plus pure, celle qui va des Premiers hommes dans la lune (1964) de Nathan Juran à Ad Astra (2019) de James Gray, portée par un vaillant esprit de conquête. Avec aussi ce thème obsessionnel de la paternité et du double négatif emprunté à la saga Star Wars. Mais chut, n’en révélons pas davantage…



Buzz l'Éclair et Darby Steel



Échoué sur une planète lointaine et hostile qu’il s’apprête à fuir avec son équipage, le ranger de l’espace et sa fidèle mascotte féline Sox se trouvent confrontés au très hostile Zurg et à une véritable armada de robots. Déjà crédité comme coréalisateur d’un autre classique maison, Le monde de Dory (2016), Angus MacLane a déjà eu l’occasion de signer pour le petit écran un court métrage intitulé Toy Story : Angoisse au motel (2013). Il prend toutefois ici le contrepied de cet univers pour donner à celui de Buzz l’Éclair sa propre identité, en veillant à n’utiliser l’humour que de façon sporadique, tout en rendant vraisemblable le fait qu’Andy ait pu en être fan quand il était petit. Nul besoin d’avoir vénéré un jouet à l’effigie de ce héros américain inoxydable pour apprécier la réussite de ce film épique dont il est aujourd’hui le héros à part entière avec tout ce que cela suppose de zones d’ombre et de non-dits. Comme toujours chez Pixar, le scénario prend soin de ménager plusieurs niveaux de lecture, de façon à donner du grain à moudre à tous les publics, comme s’y employait naguère René Goscinny dans les albums d’“Astérix” et de “Lucky Luke”. Buzz l’Éclair se présente ainsi comme un mille-feuilles cinématographique qui semble bien parti pour engendrer sa propre saga. Avec en prime une perfection technologique prodigieuse qui aurait été proprement inconcevable il y a un quart de siècle. C’est sans doute là son seul anachronisme, mais il est appréciable.

Jean-Philippe Guerand



Buzz l'Éclair

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