Accéder au contenu principal

“Black Phone” de Scott Derrickson



The Black Phone Film américain de Scott Derrickson (2021), avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Miguel Cazarez Mora, Jeremy Davies, Brady Hepner, Derrick Lemon, Banks Repeta… 1h43. Sortie le 22 juin 2022.



Madeleine McGraw et Mason Thames



À 13 ans, Finney est un adolescent timoré qui vit avec sa sœur cadette sous la domination d’un père alcoolique et endure quotidiennement les brimades de ses camarades de collège dont il est le souffre-douleur. Jusqu’au jour où il est kidnappé par un tueur déjà à l’origine de plusieurs disparitions irrésolues. Dans la cave où il est détenu, il découvre un téléphone mural à l’aide duquel il communique avec les autres victimes du maniaque qui le séquestre… Produit par Blumhouse dont on ne compte plus les succès dans le domaine du fantastique, de l’horreur et plus généralement du cinéma de genre, Black Phone se déroule en 1978 et renvoie à cet âge d’or, de Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper aux premiers opus de John Carpenter. Le scénario s’inspire d’une nouvelle de Joe Hill qui n’est autre que le fils prodigue du grand Stephen King et s’appuie sur les codes du cinéma pour teenagers tel qu’a pu l’illustrer sur un tout autre registre John Hughes à la même époque. Son protagoniste est un adolescent renfermé qui vit un enfer dans son cercle familial restreint, mais se garde bien d’en laisser rien paraître au dehors. D’où la fertilité de son imaginaire qui va l’aider à faire face à son ravisseur (campé par un Ethan Hawke méconnaissable), lui-même dissimulé derrière un masque grotesque qui évoque à dessein un croquemitaine comme le Freddy Krueger des Griffes de la nuit (1984).



Jeremy Davies, E. Roger Mitchell

Mason Thames et Troy Rudeseal



Le réalisateur Scott Derrickson rend hommage à ses maîtres avec beaucoup de soin et ne cherche jamais à jouer au plus malin, en respectant un dispositif scrupuleux. Il recycle à merveille certaines figures imposées, de la dissection des grenouilles en cours de sciences naturelles au chicano qui assure sa protection dans un sursaut de révolte ethnique contre ces autochtones qui traitent ses coreligionnaires comme quantité négligeable. Black Phone se révèle par ailleurs comme une grande réussite sur le plan esthétique, la photo de Brett Jutkiewicz donnant un authentique cachet seventies à ce film à haute tension dont les séquences oniriques ont même été tournées en super-huit. Scott Derrickson est par ailleurs un expert en la matière qui voue un respect sincère à ses maîtres et prend soin de ne jamais tricher. Son film est une réussite authentique qui confirme la maîtrise en la matière de ce metteur en scène qui s’est illustré naguère en signant le cinquième opus de la saga Hellraiser et un remake soigné du Jour où la terre s’arrêta (1951) de Robert Wise. Avec en guise de fil rouge un profond respect du genre qu’il sert. Son nouveau film nous en fournit une belle démonstration.

Jean-Philippe Guerand







Mason Thames et Ethan Hawke

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract