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Articles

“Dans les yeux de Tammy Faye” de Michael Showalter

The Eyes of Tammy Faye Film américano-canadien de Michael Showalter (2021), avec Jessica Chastain, Andrew Garfield, Cherry Jones, Vincent d’Onofrio, Mark Cameron Wystrach, Sam Jaeger, Louis Cancelmi, Gabriel Olds… 2h06. Diffusion à partir du 23 mars 2022 sur Disney+. Andrew Garfield et  Jessica Chastain Difficile pour un spectateur européen et a fortiori français de se figurer l’importance du phénomène des télévangélistes aux États-Unis où la parole de ces prêcheurs parfois charismatiques s’exprime sur des centaines de canaux télévisés regardés chaque jour par des millions de personnes, au nom de la sacro-sainte liberté de parole garantie par la Constitution américaine. Il suffit parfois de louer à l’heure des créneaux de diffusion sur des faisceaux dédiés à cet usage pour pouvoir y colporter n’importe quel sermon qui en appelle aux enfants de Dieu et se réclame de paroles sacrées aux origines indéterminées. C’est sous le signe du Tout-Puissant que Tammy Faye et son mari Jim Bakker on

“Entre les vagues” d’Anaïs Volpé

Film français d’Anaïs Volpé (2020), avec Souheila Yacoub, Déborah Lukumuena, Matthieu Longatte, Sveva Alviti, Angélique Kidjo, Sara Verhagen, Alexandre Desane, Julia Mugnier, Fabien-Mariano Ortiz, Marylou Vergne… 1h40. Sortie le 16 mars 2022. Déborah Lukumuena et  Souheila Yacoub C’est une amitié comme seule l’adolescence en a le secret : intense, fusionnelle et absolue. Margot et Alma rêvent de devenir comédiennes pour brûler les planches de leur désir ardent. Alors elles se prennent à s’enthousiasmer parfois plus que de raison pour se donner les moyens de leurs ambitions. Et qu’importe si l’une d’elles semble plus motivée que l’autre. Rien ne les séparera jamais… Entre les vagues traite d’une fusion absolue entre deux jeunes filles habitées par leur confiance qui ont décidé de tout partager. À la vie, à la mort ! Anaïs Volpé traite là d’un sujet qui a déjà inspiré bon nombre d’écrivains et de cinéastes. Avec cette évidence miraculeuse qui fait qu’elle n’a pas besoin de justifier cet

“À plein temps” d’Éric Gravel

Film français d’Éric Gravel (2021), avec Laure Calamy, Anne Suarez, Geneviève Mnich, Nolan Arizmendi, Karine Valmer, Céline Le Coustumer, Sasha Lemaître Cremaschi, Cyril Gueï… 1h25. Sortie le 16 mars 2022. Laure Calamy Julie élève seule ses deux filles en grande banlieue, mais doit rallier quotidiennement le centre de Paris où elle travaille comme femme de chambre dans un grand hôtel. Le temps qu’elle passe dans les transports constitue le prix à payer pour vivre au calme, dans un environnement favorable à l’épanouissement de ses enfants, en faisant appel à une voisine retraitée pour assurer les sorties de classe. Jusqu’au moment où une grève massive des transports vient perturber cet équilibre précaire et entraîne sa vie dans un gouffre sans fond. Il y a tout juste un demi-siècle, Nicole de Buron croquait avec humour le fameux métro-boulot-dodo mis en scène par Gérard Pirès dans Elle court, elle court… la banlieue. On préférait encore rire des rythmes imposés aux populations péri-urb

“Moneyboys” de C. B. Yi

Xúnzhǎo Film franco-austro-belgo-taïwanais de C. B. Yi (2020), avec Kai Ko, Chloe Maayan, JC Lin, Bai Yufan, Sun Qiheng, Lin Zhengxi, Zeng Meihuizi… 1h56. Sortie le 16 mars 2022. La Chine que prend pour cadre le premier long métrage de C. B. Yi offre un aspect que le cinéma de ce pays nous a rarement montré. On y suit en effet un jeune homme venu de sa campagne qui doit se prostituer pour pouvoir vivre confortablement en ville. Sans doute parce que son auteur, originaire d’un modeste village de pêcheurs, a passé une partie de son existence en Autriche où il a étudié le cinéma sous la direction de Michael Haneke et de son chef opérateur, Christian Berger. Par la suite, son film a été produit hors-sol grâce à un attelage coproductif entre l’Europe et Taïwan. Il n’entend donc en aucun cas présenter un portrait réaliste de ce pays. Son sujet l’exclut de fait : il traite de la passion de deux garçons dont l’un est venu de la campagne à la ville où il a entrepris de se prostituer en vue d’

“Funambules” d’Ilan Klipper

Documentaire français d’Ilan Klipper (2020), avec Aube Martin, Yoan Nsoe, Marcus, Jean-François Bias, Camille Chamoux, Abderrezak Mouthana, Ludovic Prévoteaux, Anaïs Thomas… 1h15. Sortie le 16 mars 2022. Aube Martin Qu’est-ce que l’autisme ? Ce film essaie de répondre à cette question épineuse en filmant attentivement des personnes en proie à une pathologie polymorphe. Il nous introduit ainsi parmi une communauté disparate dont les membres n’ont en commun que cette étiquette, chacun se débattant avec ses propres démons, souvent à l’écart des autres. Il y a là un homme qui répète chaque phrase avec insistance, un autre qui se rassure en vivant dans un capharnaüm indescriptible en brisant des noix avec un maillet. Et puis aussi des artistes privés de leur passion : un ancien danseur et une gymnaste à la tête pleine de couleurs. Des symptômes multiples pour une appellation commune sans doute expéditive qui désigne de multiples atteintes. Avec toujours en filigrane des traumatismes lointai

“Notre-Dame brûle” de Jean-Jacques Annaud

Film français de Jean-Jacques Annaud (2022), avec Samuel Labarthe, Jean-Paul Bordes, Mikaël Chirinian, Jérémie Laheurte, Oumar Diolo, Chloé Jouannet, Pierre Lottin, Élodie Navarre, Xavier Maly… 1h50. Sortie le 16 mars 2022. Ce projet fait partie de ceux qu’a toujours affectionnés Jean-Jacques Annaud, amateur émérite de défis contre nature formé à la rude école de la pub, capable de filmer la préhistoire comme une histoire sans paroles (La guerre du feu, 1981), de nous tenir en haleine à travers l’affrontement de deux tireurs d’élite pendant la Seconde Guerre mondiale (Stalingrad , 2001) ou de mettre en scène des animaux comme des personnages à part entière (L’ours -1988, Deux frères -2004, Le dernier loup -2015). Notre-Dame brûle est la reconstitution minutieuse de l’incendie qui s’est déclaré le 15 avril 2019 dans la cathédrale parisienne et a engendré un traumatisme planétaire suivi d’un bel élan de solidarité. Le scénario concocté par le réalisateur avec Thomas Bidegain s’attache

“Un fils du Sud” de Barry Alexander Brown

Son of the South Film américain de Barry Alexander Brown (2020), avec Lucas Till, Lucy Hale, Julia Ormond, Brian Dennehy, Cedric the Entertainer, Sharonne Lanier, Chaka Forman, Ludi Lin… 1h46. Sortie le 16 mars 2022. Lucas Till et Brian Dennehy On associe volontiers les années 60 à la lutte pour les droits civiques, sans toujours imaginer le climat délétère qui régnait dans certains états du Sud des États-Unis. Un fils du Sud est l’adaptation de “ The Wrong Side of Murder Creek : A White Southerner in the Freedom Movement”, le témoignage à vif du petit-fils d’un membre du Ku Klu Klan originaire de l’Alabama qui a pris le contre-pied de la tradition familiale en ralliant les idées du pasteur Martin Luther King et de Rosa Parks. Le film reconstitue davantage qu’une époque : un état d’esprit dont le cinéma n’a que rarement cherché à rendre compte, sinon dans Mississippi Burning (1988) d’Alan Parker, La main droite du diable de Costa Gavras et plus récemment Loving (2016) de Jeff Nich

“Medusa” d’Anita Rocha da Silveira

Film brésilien d’Anita Rocha da Silveira (2021), avec Mari Oliveira, Lara Tremouroux, Bruna Linzmeyer, Felipe Frazão, Thiago Fragoso, Joana Medeiros, Bruna G… 2h07. Sortie le 16 mars 2022. C’est bien connu, le cinéma de genre doit ses lettres de noblesse à ces œuvres qui choisissent ses artifices pour exprimer des idées subversives qui passeraient sans doute plus difficilement sous un régime autoritaire et n’atteindraient certainement pas un public aussi vaste. Tel est le postulat de Medusa dans lequel la réalisatrice Anita Rocha da Silveira exprime un féminisme militant en glissant délibérément vers le fantastique, une longue tradition nationale qu’exprima en son temps un cinéaste tel qu’Alberto Cavalcanti et que Les bonnes manières (2017) de Marco Dutra et Juliana Rojas et Bacurau (2019) de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles sont venus rappeler récemment à notre souvenir avec une indéniable virtuosité. Les hauts et les bas spectaculaires du régime politique ont incité ses

“Cinq nouvelles du cerveau” de Jean-Stéphane Bron

Documentaire suisso-français de Jean-Stéphane Bron (2020), avec Alexandre Pouget, Hadrien Pouget, Christof Koch, Niels Birbaumer, David Rudrauf, Aude Billard… 1h45. Sortie le 16 mars 2022. Jean-Stéphane Bron appartient à cette catégorie de documentaristes qui passent d’un sujet à l’autre avec une implication totale, mais aussi en adoptant une posture d’écoute absolue. Après avoir traité du pouvoir des banques dans Cleveland contre Wall Street (2010) et visité les arcanes de L’Opéra (2017), le réalisateur suisse s’attaque dans Cinq nouvelles du cerveau aux ressources les plus méconnues de notre intellect, en passant à la question les plus grands experts mondiaux, des femmes et des hommes qui ont voué leur existence à la recherche, avec ce fol espoir d’améliorer le monde. Cet état des lieux a le grand mérite de ne jamais se montrer ni verbeux ni nébuleux. En adoptant la posture du candide, le réalisateur russe a le mérite de s’adresser au plus grand nombre, sans jamais cantonner son pr

“Petite nature” de Samuel Theis

Film français de Samuel Theis (2021), avec Aliocha Reinert, Antoine Reinartz, Izïa Higelin, Mélissa Olexa, Abdel Benchendikh, Jade Schwartz, Ilario Gallo… 1h33. Sortie le 9 mars 2022. Aliocha Reinert On ne compte plus les films sur les gamins qui grandissent dans des milieux toxiques, au point de devenir caractériels voire carrément irrécupérables pour la société. On sait depuis longtemps que l’enfance n’est que rarement un vert paradis et que la société peine à panser des blessures sinon des traumatismes qui risquent de devenir indélébiles. Famille je vous aime, famille je vous hais : la litanie est connue. Le cinéma l’a abordée sous tous les angles et en a tiré quelques chefs d’œuvre qui nous renvoient souvent des reflets peu flatteurs d’un système éducatif défaillant ou de structures familiales en déliquescence. François Truffaut, Luigi Comencini, Ken Loach ou Edward Yang s’en sont faits les porte-paroles. Aliocha Reinert et Mélissa Olexa En s’aventurant sur ces sables mouvants, Sam