Son of the South Film américain de Barry Alexander Brown (2020), avec Lucas Till, Lucy Hale, Julia Ormond, Brian Dennehy, Cedric the Entertainer, Sharonne Lanier, Chaka Forman, Ludi Lin… 1h46. Sortie le 16 mars 2022.
Lucas Till et Brian Dennehy
On associe volontiers les années 60 à la lutte pour les droits civiques, sans toujours imaginer le climat délétère qui régnait dans certains états du Sud des États-Unis. Un fils du Sud est l’adaptation de “The Wrong Side of Murder Creek : A White Southerner in the Freedom Movement”, le témoignage à vif du petit-fils d’un membre du Ku Klu Klan originaire de l’Alabama qui a pris le contre-pied de la tradition familiale en ralliant les idées du pasteur Martin Luther King et de Rosa Parks. Le film reconstitue davantage qu’une époque : un état d’esprit dont le cinéma n’a que rarement cherché à rendre compte, sinon dans Mississippi Burning (1988) d’Alan Parker, La main droite du diable de Costa Gavras et plus récemment Loving (2016) de Jeff Nichols ou Green Book : Sur les routes du Sud (2018) de Peter Farrelly où émerge une Amérique sudiste qui n’a jamais intégré les conséquences de la guerre de Sécession. Monteur attitré de Spike Lee depuis plus d’une trentaine d’années, Barry Alexander Brown s’affirme comme un cinéaste de bonne volonté qui traite son sujet sans pathos, en essayant de cerner au plus près un état d’esprit endémique que synthétise à lui seul la vieille baderne raciste que personnifie le vétéran Brian Dennehy dont ce film constitua l’ultime apparition à l’écran, aussi fulgurante que saisissante.
À soixante années de distance, Barry Alexander Brown reconstitue avec attention, non seulement une époque délétère, mais surtout le racisme ordinaire qui régnait dans certaines contrées sudistes, qui plus est avec l’aval complaisant des autorités locales impuissantes à empêcher de nuire les racialistes forcenés du Ku Klux Klan. Un fils du Sud s’impose comme le portrait d’un jeune homme idéaliste et courageux qui a le courage de s’élever non seulement contre ses aînés mais aussi ceux de son âge, afin de briser un engrenage devenu endémique. Un rôle campé par Lucas Till, solide espoir révélé par le reboot de la série “MacGyver”. La qualité du scénario réside dans la complexité de son personnage principal au visage d’ange en combattant de l’intérieur mû par sa conscience intime face à une situation à laquelle il refuse de se soumettre, en lui opposant toute la puissance de son libre-arbitre qui fait de lui un authentique résistant par son ouverture d’esprit, au sein même d’un environnement éminemment toxique. Sa posture est moins politique qu’humaine. Elle s’appuie sur un altruisme universel qui a réussi à se frayer un chemin à travers les préjugés de son entourage. C’est en cela que ce personnage fait figure de héros authentique et ce biopic de leçon d’altruisme exemplaire.
Jean-Philippe Guerand
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