Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles associés au libellé Grande-Bretagne

“Vivre” d’Oliver Hermanus

Living Film britannique d’Oliver Hermanus (2022), avec Bill Nighy, Aimee Lou Wood, Alex Sharp, Adrian Rawlins, Oliver Chris, Michael Cochrane, Zoe Boyle, Tom Burke, Lia Williams, Richard Cunningham… 1h42. Sortie le 28 décembre 2022. Alex Sharp Étrange expérience que ce film qu’on croirait exhumé des rayons poussiéreux d’une cinémathèque, tant sa reconstitution du Londres de l’Après-Guerre s’avère stupéfiante de réalisme et ses sentiments d’une autre époque. Jusqu’au rendu des couleurs qui exalte ces employés coiffés de chapeaux melons et réfugiés derrière une dignité d’un autre âge. L’origine de ce film est encore plus déroutante, dans la mesure où il s’agit de la transposition à soixante-dix ans de distance de l’un des chefs d’œuvre les plus oubliés d’Akira Kurosawa par l’un de ses compatriotes de naissance, le romancier anobli Kazuo Ishiguro dont James Ivory et Mark Romanek ont respectivement porté à l’écran deux œuvres majeures : Les vestiges du jour (1994) et Never Let Me Go (20

“Cow” d’Andrea Arnold

Documentaire britannique d’Andrea Arnold (2021) Avec (voix) Lin Gallagher 1h34. Sortie le 30 novembre 2022. Le documentaire fait parfois figure d’exutoire pour certains cinéastes de fiction. Réalisatrice engagée, la britannique Andrea Arnold distille à travers ses films une vision plutôt âpre de l’humanité qui va de Red Road (2006) à American Honey (2016). Au lendemain de diverses contributions à des séries télé, elle a souhaité s’attacher dans Cow au destin au fond assez méconnu de ces bovins dont le lait finit dans nos verres, la viande dans nos assiettes et le cuir dans nos vêtements. Elle jette son dévolu pour cela sur un élevage à la pointe du progrès où la souffrance animale semble avoir été éradiquée. Les traites s’y déroulent en musique et les éleveurs qui s’activent entre l’étable et les prairies affichent un look moderne de nature à rassurer. Aux antipodes de Bovines  (2011) d’Emmanuel Gras qui fascinait par l’observation attentive d’un troupeau en pleine nature, c’est-à-d

“Mes rendez-vous avec Leo” de Sophie Hyde

Good Luck To You, Leo Grande Film britannique de Sophie Hyde (2022), avec Emma Thompson, Daryl McCormack, Les Mabaleka, Lennie Beare, Carina Lopes, Charlotte Ware, Isabella Laughland… 1h37. Sortie le 30 novembre 2022. Daryl McCormack et  Emma Thompson Un jeune homme et une enseignante retraitée se retrouvent dans une chambre d’hôtel où elle éprouve le besoin de dresser une sorte d’état des lieux de sa vie et de ce corps en friche dont n’a joui jusque-là qu’un seul homme : feu le mari de madame. Prétexte à un huis clos qui échappe à tous les clichés. Le bel amant tarifé a le sens de l’écoute, sa partenaire un besoin viscéral de déverser tout ce qu’elle a sur le cœur, de préférence à un inconnu qui se garde bien de la juger et qu’elle ne reverra plus jamais. Dès lors, sa confession devient universelle et nous submerge par l’empathie de ces deux inconnus qui ne commenceront à se dénuder qu’après avoir parlé à cœur ouvert. Comme si ce striptease psychologique à deux voix constituait la co

“Coup de théâtre” de Tom George

See How They Run Film britannique de Tom George (2022), avec Sam Rockwell, Adrien Brody, Saoirse Ronan, Harris Dickinson, Ruth Wilson, Shirley Henderson, David Oyelowo, Sian Clifford, Pearl Chanda… 1h38. Sortie le 14 septembre 2022. Pearl Chanda, Reece Shearsmith, David Oyelowo Ruth Wilson,  Sian Clifford, Harris Dickinson Jacob Fortune-Lloyd et Ania Marson Voici un Coup de théâtre réglé comme une mécanique de précision qui assume son caractère anachronique. Sans doute parce qu’on a perdu l’habitude des “whodunit” (littéralement “qui l’a fait ?”), ces intrigues policières chères à Agatha Christie où tout commence par un crime commis au sein d’une assemblée, avec son lot de suspects en puissance, et se poursuit par des confrontations d’où émergera la clé de l’énigme. Un postulat qui a maintes fois fait ses preuves et a suscité un regain d’intérêt de la part du public, juste avant le confinement, avec le succès inattendu du très classique À couteaux tirés (2019) de Rian Johnson, deven

“Men” d’Alex Garland

Film britannique d’Alex Garland (2022), avec Jessie Buckley, Rory Kinnear, Paapa Essiedu, Gayle Rankin, Sonoya Mizuno, Sarah Twomey, Zak Rothera-Oxley… 1h40. Sortie le 8 juin 2022. Jessie Buckley D’Alex Garland, on connaît surtout le film chic et choc qu’il a naguère inspiré à Danny Boyle, La plage (2000), mais dont l’adaptation avait été confiée à John Hodge. Ce qui n’a pas empêché le réalisateur de lui confier le script de 28 jours plus tard (2002), puis celui de Sunshine (2007). Depuis, l’écrivain anglais est devenu lui-même cinéaste avec Ex machina (2014) et l’on serait curieux de voir le traitement que son expérience l’aurait conduit à infliger à sa propre prose. Son œuvre en tant que réalisateur s’est en effet imposée par sa singularité et une passion sans réserve pour la science-fiction et les nouvelles technologies qui l’ont incité à contribuer à la conception du jeu vidéo “Enslaved : Odyssey to the West”. Sous l’apparence d’un film d’horreur traditionnel, Men s’attache à

“Elizabeth, regard(s) singulier(s)” de Roger Michell

Elizabeth Documentaire britannique de Roger Michell (2021). 1h29. Sortie le 2 juin 2022. On a l’impression qu’elle fait partie de notre famille depuis toujours et qu’elle a l’éternité devant elle. Des timbres sur les cartes postales qu’on collait en voyage linguistique ou des shillings et des pennies qu’on glissait dans les machines à sous, le visage d’Elizabeth II nous est aussi familier que celui d’une cousine à la mode de Bretagne. C’est donc une surprise de la découvrir célébrée pour ses soixante-dix années de règne dans une sorte de puzzle thématique qui esquisse son portrait façon puzzle en exhumant des archives familiales parfois rarissimes. Ironie du sort, cet hommage aussi atypique qu’affectueux est signé par Roger Michell, le réalisateur de Coup de foudre à Notting Hill , décédé en septembre 2021, dont c’est le second film posthume après The Duke sorti le 11 mai dernier. Un documentaire de montage atypique qui avance par thèmes et parvient à nous surprendre, à nous amuser e

“The Duke” de Roger Michell

Film britannique de Roger Michell (2020), avec Jim Broadbent, Helen Mirren, Fionn Whitehead, Aimee Kelly, Craig Conway, Heather Craney, Simon Hubbard, Jack Bandeira, Michael Adams, Ray Burnet, Charlie Richmond… 1h35. Sortie le 11 mai 2022. Jim Broadbent Il court à travers le cinéma britannique une longue tradition qui consiste à sourire de ses petits travers, sans pour autant jamais se prendre au sérieux. C’est d’ailleurs ce que certains observateurs ont résumé sous l’appellation contrôlée d’“humour anglais” voire parfois de “nonsense”. L’âge d’or de l’immédiat Après-Guerre l’a démontré à travers des chefs d’œuvre aussi narquois que Noblesse oblige (1949), Tueurs de dames (1955) ou Un poisson nommé Wanda (1988). Célèbre pour la comédie sentimentale Coup de foudre à Notting Hill (1999), Le regretté Roger Michell (1956-2021) perpétue cette tradition à son tour en puisant le sujet de The Duke dans un fait divers authentique qui démontre combien la Perfide Albion a le chic pour encour

“Downton Abbey II : Une nouvelle ère” de Simon Curtis

Downton Abbey : A New Era Film britannique de Simon Curtis (2022), avec Hugh Bonneville, Jim Carter, Michelle Dockery, Elizabeth McGovern, Maggie Smith, Imelda Staunton, Penelope Wilson, Tuppence Middleton, Hugh Dancy, Dominic West, Jonathan Zaccaï, Nathalie Baye… 2h06. Sortie le 27 avril 2022. Elizabeth McGovern et Laura Carmichael Le premier opus cinématographique respectait l’esprit et la lettre des divers éléments qui ont contribué au succès planétaire des six saisons de la série “Downton Abbey”, à travers les regards croisés des aristocrates et de leurs domestiques, sujet déjà traité par le scénariste Julian Fellowes dans Gosford Park (2001) de Robert Altman, dans un contexte légèrement différent. Affranchi de ces contraintes, le deuxième film prend clairement ses aises en nous transportant à la fin des années 20, c’est-à-dire au-delà même de la série qui s’achevait quant à elle en 1926. En ces Années Folles où l’insouciance semble de mise parmi la bourgeoisie, la gentry britann

“Le dernier témoignage” de Luke Holland

Final Account Documentaire britannico-américain de Luke Holland (2021) 1h35. Sortie le 23 mars 2022. Il est des films qui défient la critique. Ce documentaire posthume de Luke Holland en fait partie par son postulat. Il donne en effet la parole à une poignée de survivants de la Seconde Guerre mondiale comme en a beaucoup vus à la télévision et au cinéma. Des femmes et des hommes que cette période a marqués à jamais. À une nuance près : ils sont allemands et ont été du côté des bourreaux. Pas des victimes. En partant à leur rencontre dès 2008, le réalisateur britannique a tenté de comprendre ce qui avait pu convaincre des êtres humains comme les autres d’opter pour le camp du mal et de se soumettre à l’endoctrinement du Troisième Reich. Ses interlocuteurs n’ont joué aucun rôle particulier dans l’histoire. En revanche, ils ont en commun d’avoir été les rouages invisibles de la mécanique construite par le régime hitlérien. Ils en parlent d’ailleurs en invoquant leur patriotisme. Certains

“Ali & Ava” de Clio Barnard

Film britannique de Clio Barnard (2020), avec Adeel Akhtar, Claire Rushbrook, Shaun Thomas, Ellora Torchia, Natalie Gavin, Mona Goodwin, Krupa Pattani, Vinny Dhillon, Tasha Connor… 1h35. Sortie le 2 mars 2022. C’est une pure histoire d’amour entre une assistante pédagogique dont le fils vient à son tour de devenir père et un propriétaire aux petits soins pour ses locataires désargentés. Avec pour épicentre Bradford, une ville industrielle du Yorkshire où est né le peintre David Hockney qui compense sa misère endémique par la solidarité que manifestent ses habitants pour la plupart issus de l’immigration à l’égard des nouveaux venus, le plus souvent originaires d’autres horizons géographiques. C’est dans ce contexte sociologique pesant que Clio Barnard situe son quatrième film, après en avoir déjà fait le décor du Géant égoïste (2013). Un mélodrame assumé qui s’inscrit dans le cadre de cette cité post-industrielle que ses habitants de bonne volonté empêchent de sombrer par leur solida