Downton Abbey : A New Era Film britannique de Simon Curtis (2022), avec Hugh Bonneville, Jim Carter, Michelle Dockery, Elizabeth McGovern, Maggie Smith, Imelda Staunton, Penelope Wilson, Tuppence Middleton, Hugh Dancy, Dominic West, Jonathan Zaccaï, Nathalie Baye… 2h06. Sortie le 27 avril 2022.
Elizabeth McGovern et Laura Carmichael
Le premier opus cinématographique respectait l’esprit et la lettre des divers éléments qui ont contribué au succès planétaire des six saisons de la série “Downton Abbey”, à travers les regards croisés des aristocrates et de leurs domestiques, sujet déjà traité par le scénariste Julian Fellowes dans Gosford Park (2001) de Robert Altman, dans un contexte légèrement différent. Affranchi de ces contraintes, le deuxième film prend clairement ses aises en nous transportant à la fin des années 20, c’est-à-dire au-delà même de la série qui s’achevait quant à elle en 1926. En ces Années Folles où l’insouciance semble de mise parmi la bourgeoisie, la gentry britannique manifeste quelques signes d’essoufflement pour maintenir son train de vie dispendieux et doit faire face avec les moyens du bord. Quitte à pactiser avec le diable au moment où la Grande Dépression propage ses ravages jusqu’à l’Europe. Tandis qu’une délégation met le cap sur la Riviera où l’attend un héritage inattendu auréolé de soufre, le château accueille l’équipe de tournage d’un film dont la production va donner aux maîtres des lieux les moyens de procéder à des travaux de rénovation devenus indispensables, mais au coût prohibitif. Inutile de préciser qu’on retrouve le casting de choix qui a contribué au succès de cette invitation au rêve et à la nostalgie qui nous emmène en villégiature dans une somptueuse villa de la Côte d’Azur auréolée d’un secret de famille.
Allen Leach, Joanne Froggatt, Sophie McShera et Lesley Nicol
La meilleure idée de cette Nouvelle ère consiste à évoquer le tournage d’un film muet, à ce moment clé où le cinéma est en train de basculer vers le parlant, c’est-à-dire en d’autres termes dans l’inconnu. Une période au fond assez rarement représentée à l’écran, sinon dans Le silence est d’or (1947) de René Clair, Chantons sous la pluie (1952) de Stanley Donen ou The Artist (2011) de Michel Hazanavicius. Dans le film de Simon Curtis, ci-devant réalisateur de My Week with Marilyn (2011), cette révolution artistique joue le rôle d’aiguillon parmi les occupants du château du Yorkshire, certains d’entre eux amusés par l’expérience se sentant obligés d’y aller de leur suggestion ou de leur contribution. Il ne manque pas un bouton de guêtre à cette reconstitution tirée à quatre épingles dont la distribution associe l’élite des comédiens britanniques, parmi lesquels les vénérables Maggie Smith et Imelda Staunton, à des talents tels que l’américaine Elizabeth McGovern, mais aussi Nathalie Baye et Jonathan Zaccaï. Le résultat est une franche réussite autant qu’un plaisir raffiné qui s’affranchit intelligemment des contraintes imposées par la série, mais où chacun des protagonistes tient le rôle qui lui a été imparti, même si certains arrivent et que d’autres s’en vont. Comme dans la vie…
Jean-Philippe Guerand
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