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Articles

“A Chiara” de Jonas Carpignano

Film italien de Jonas Carpignano (2020), avec Swamy Rotolo, Claudio Rotolo, Rosa Caccamo, Grecia Rotolo, Carmela Fumo, Salvatore Rotolo, Vincenzo Rotolo… 2h01. Sortie le 13 avril 2022. Swamy Rotolo Impressionnante trajectoire que celle de Jonas Carpignano, jeune prodige du cinéma italien passé par la Ciné-Fondation et diverses sections parallèles cannoises qui boucle avec A Chiara un triptyque amorcé avec Mediterranea (2015) et A Ciambra (2017). Avec en filigrane les nouveaux brassages de populations engendrés par la mondialisation dans une bourgade de Calabre où ce réalisateur né aux États-Unis s’est installé en 2010, Giola Tauro. Après s’être concentré sur les migrants puis sur la communauté Rom, le réalisateur s’attache cette fois à la Ndrangheta, cette hydre mafieuse devenue le poumon économique de la région, en se substituant auprès de ses habitants à des pouvoirs publics dépassés, ainsi que l’explique le père à sa fille au fil d’une démonstration imparable. Carpignano trouve l

“Et il y eut un matin” d’Eran Kolirin

Vayehi Boker Film israélo-français d’Eran Kolirin (2020), avec Alex Bachri, Juna Suleiman, Salim Daw, Eihab Salame, Khalifa Natour, Isabelle Ramadan, Samer Basharat, Doraid Liddawi, Yara Elham Jarrar… 1h41. Sortie le 13 avril 2022. Alex Bachri et Juna Suleiman De retour pour le mariage de son frère dans le village arabe de son enfance où il est accueilli en véritable fils prodigue, Sami se retrouve prisonnier avec sa femme et son fils, lorsque l’armée israélienne coupe le lieu du monde en y disposant des checkpoints, sans la moindre explication rationnelle. Une situation absurde qui va attiser les tensions et l’incompréhension ambiante. Et il y eut un matin est l’adaptation d’un roman de Sayed Kashua par un réalisateur qui a vécu des expériences extrêmes avec ses trois longs métrages précédents. Au triomphe international du premier, La visite de la fanfare (2007), adapté en comédie musicale à Broadway, ont succédé The Exchange (2011), puis Au-delà des montagnes et des collines (20

“À l’ombre des filles” d’Étienne Comar

Film franco-belge d’Étienne Comar (2020), avec Alex Lutz, Agnès Jaoui, Hafsia Herzi, Veerle Baetens, Marie Berto, Fatima Berriah, Anna Najder, Emmanuelle Bonmariage, Michèle Moretti, Yves Heck… 1h46. Sortie le 13 avril 2022. Un chanteur lyrique en crise accepte d’animer un atelier dans une prison pour femmes. Confronté à des détenues aux tempéraments parfois déconcertants, il met sa passion à leur service pour les aider à s’évader pendant quelques instants de leur solitude et de leur confinement. Mais il ne va pas pouvoir conserver bien longtemps ses distances vis-à-vis de ces recluses pour qui il devient petit à petit davantage qu’un simple dérivatif, une planche de salut. Le thème n’est pas nouveau. Il a même beaucoup servi sous des formes fluctuantes au cours de ces dernières années, ne serait-ce que très récemment dans Un triomphe d’Emmanuel Courcol, lui-même inspiré par une histoire authentique survenue en 1985 en Suède. Au point que ce principe d’une communauté qui trouve un nou

“Vortex” de Gaspar Noé

Film français de Gaspar Noé (2019), avec Françoise Lebrun, Dario Argento, Alex Lutz, Kylian Dheret, Corinne Bruand, Kamel Benchemekh, Joël Clabault, Philippe Rouyer, Jean-Pierre Bouxyou, Laurent Aknin, Nathalie Roubaud… 2h22. Sortie le 13 avril 2022. Dario Argento, Alex Lutz et  Françoise Lebrun La vie, l’amour, la mort… Sainte trilogie qui se trouve au cœur de “Vortex”. L’affaire se déroule dans un appartement niché sous les toits d’un immeuble parisien hors du temps. Ici vit un couple de personnes âgées. Elle vaque aux tâches ménagères sans s’accorder beaucoup de répit. Lui se réfugie dans ses livres et regarde des films jusqu’à s’abîmer les yeux. Leur vie est celle de tant de retraités qui ont réussi à se tenir à distance de l’Ehpad et continuent à vivre dans leur appartement comme des clandestins à qui leur fils unique vient rendre visite régulièrement en compagnie d’un gamin qui semble plus mûr que lui malgré son jeune âge. Il essaie alors mollement de les raisonner, alors que c’e

“Apples” de Christos Nikou

Mila Film greco-polono-slovène de Christos Nikou (2020), avec Aris Servetalis, Sofia Georgovassili, Anna Kalaitzidou, Argyris Bakirtzis, Babis Makridis, Alexandra Aidini… 1h30. Sortie le 13 avril 2022. Aris Servetalis Le jeune cinéma hellène brille par son imagination fertile et polymorphe. Longtemps écrasé par la figure tutélaire du visionnaire Théo Angelopoulos (renvoyé de l’Idhec pour non-conformisme !) qui l’incarnait à lui tout seul dans les festivals internationaux et en accaparait tous les subsides, il a émergé à travers des feux follets cinématographiques aussi atypiques que Canine (2009) de Yórgos Lánthimos ou Attenberg (2010) d’Athiná-Rachél Tsangári qui ont passé la tragédie grecque au tamis de l’absurde . Plutôt que de se lamenter sur le naufrage économique qui a vidé le pays de ses forces vives et entraîné une réaction européenne draconienne dont Costa Gavras a donné un aperçu saisissant dans Adults in the Room (2019), le berceau de notre civilisation a choisi d’aller

“Allons enfants” de Thierry Demaizière et Alban Teurlai

Documentaire français de Thierry Demaizière et Alban Teurlai (2021), avec David Bérillon, Charlotte Saudrais, Erwan Schamaneche, Michelle Kirebe, Nathanaël Marante, Ketsia Chayni Obame, Maxime Auber… 1h54. Sortie le 13 avril 2022. Thierry Demaizière et Alban Teurlai n’ont pas leur pareil pour établir une empathie hors du commun vis-à-vis des sujets auxquels ils s’attachent. Ils passent pourtant à chaque nouveau projet dans une nouvelle dimension, comme l’attestent leurs deux premiers films : Rocco sur l’acteur porno Siffredi et Lourdes sur la cité des miracles. Derrière son titre cocardier, mais plus explicite qu’il ne pourrait y paraître de prime abord, Allons enfants s’attache à un groupe de jeunes de banlieue qui se défoulent dans le hip-hop. Un sujet pas vraiment inédit si l’on s’en réfère aux films qu’ont consacré récemment à cette danse urbaine Nabil Ayouch dans Haut et fort et Philippe Béziat avec son documentaire Indes galantes voire Cédric Klapisch dans En corps , en mode

“Employé / patron” de Manuel Nieto Zas

El empleado y el patrón Film uruguayo-argentino-brésilo-français de Manuel Nieto Zas (2021), avec Nahuel Pérez Biscayart, Cristian Borges, Fátima Quintanilla, Justina Bustos, Carlos Lacuesta, Jean-Pierre Noher, Virginia Méndez… 1h46. Sortie le 6 avril 2022. Nahuel Pérez Biscayart Parce qu’il s’est fait remarquer en France pour ses rôles dans 120 battements par minute (2017) de Robin Campillo, Au revoir là-haut d’Albert Dupontel ou plus récemment Les leçons persanes (2020) de Vadim Perelman, on avait fini par s’habituer à considérer Nahuel Pérez Biscayart comme un acteur français. Employé / patron lui donne aujourd’hui l’occasion de retrouver sa terre natale, l’Argentine, pour une étude de mœurs qui prend pour cadre une exploitation agricole que son patron se démène pour garder à flots, alors même qu’il vient de devenir père d’un enfant à la santé précaire. Le jour où il recrute pour lui venir en aide un jeune père aux abois, c’est leur destin commun qui va basculer dans une vérita

“À la folie” d’Audrey Estrougo

Film français d’Audrey Estrougo (2020), avec Virginie van Robby, Lucie Debay, Anne Coesens, Benjamin Siksou, Théo Christine, François Creton… 1h22. Sortie le 6 avril 2022. Virginie van Robby et  Théo Christine De retour dans sa famille à l’occasion de l’anniversaire de sa mère, Manu se trouve confrontée aux démons de son enfance et notamment à sa sœur aînée, Nathalie, que son instabilité psychologique a empêché de prendre son indépendance. Au fil des jours, se remettent en place des mécanismes pernicieux que tout le monde pensait oubliés, renvoyant la mère et ses deux filles à des souvenirs plutôt douloureux. C’est avant même son biopic du groupe NTM, Suprêmes, qu’Audrey Estrougo s’est lancée dans ce film psychologique dont l’inspiration est très intime, bien qu’elle n’ait pas eu elle-même de sœur aînée mais un frère cadet. À la folie peut en ce sens être considéré comme un exutoire et sans doute l’œuvre la plus intime de cette réalisatrice autodidacte qui associe pour l’occasion deu

“Abuela” de Paco Plaza

La abuela Film hispano-français de Paco Plaza (2021), avec Almudena Amor, Vera Valdez, Karina Kolokolchykova, Chacha Huang, Pablo Guisa Koestinger, Alba Bonnin, Ileana Wilson, Marina Gutièrrez, Berta Sánchez, Pierre-François Garel… 1h40. Sortie le 6 avril 2022. Vera Valdez Paco Plaza doit sa renommée à [Rec] (2007) et à ses suites. Considéré comme l’un des maîtres de la nouvelle école fantastique espagnole, il signe avec Abuela une variation très originale autour du grand âge où une jeune femme qui est en train de réussir comme mannequin (Almudena Amor) se retrouve contrainte d’aller veiller sur sa grand-mère (la superbe octogénaire brésilienne Vera Valdez, mannequin pour Chanel croisée naguère dans Le feu follet de Louis Malle avec lequel elle a eu une liaison) qui l’a élevée et avec qui elle partage un anniversaire commun. Le poids de la mort plane sur ce film angoissant mis en scène avec virtuosité, mais sans la moindre esbroufe. Sans doute parce que son tournage a été perturbé