Accéder au contenu principal

Articles

“Une vie démente” d’Ann Sirot et Raphaël Balboni

Film belge d’Ann Sirot et Raphaël Balboni (2020), avec Jo Deseure, Jean Le Peltier, Lucie Debay, Gilles Remiche… 1h27. Sortie le 10 novembre 2021. Jo Deseure et Jean Le Peltier Alex et Noémie mènent une existence idyllique où il ne manque qu’un élément à leur bonheur conjugal : un enfant. Jusqu’au moment où sa mère à lui manifeste des signes inquiétants qui vont bien au-delà de sa fantaisie naturelle. À défaut d’un bébé, le couple se retrouve confronté malgré lui à une dame indigne , mais pas si vieille que ça, qui manifeste les premiers signes d’une démence sénile et irrémédiable. Alors, plutôt que de s’apitoyer et de laisser leur vie devenir un cauchemar au quotidien, ils vont prendre le parti d’en rire et de s’immerger tous ensemble dans sa déraison exponentielle avec bonne humeur, pour la transformer en une sorte de jeu de rôles. Postulat audacieux qui contribue au plaisir qu’on prend à cette comédie iconoclaste et irrévérencieuse où vraiment tout peut arriver. Jean Le Peltier et

“La déesse des mouches à feu” d’Anaïs Barbeau-Lavalette

Film canadien d’Anaïs Barbeau-Lavalette (2020), avec Kelly Depeault, Éléonore Loiselle, Marine Johnson, Caroline Neron, Normand d’Amour, Antoine Desrochers, Laurence Deschênes… 1h45. Sortie le 10 novembre 2021. Kelly Depeault et Caroline Néron Catherine vit dans le bruit et la fureur spectaculaires des scènes de ménage de ses parents. Jusqu’au moment où le point de non-retour est franchi, le jour même de ses 16 ans. Prise à témoin, sinon en otage sur le plan affectif, l’adolescente profite de la confusion ambiante pour prendre ses distances avec eux, afin de ne pas se retrouver contrainte de prendre parti pour l’un plutôt que l’autre. Au point de trouver une nouvelle famille parmi des gens de son âge tout aussi paumés qui noient leur mal de vivre en s’enivrant de substances prohibées dans une promiscuité assumée. Confrontée à des adultes irresponsables qui se comportent avec une immaturité qui la choque, Catherine échappe très vite à leur contrôle et fonce tête baissée dans l’inconnu.

“Marcher sur l’eau” d’Aïssa Maïga

Documentaire franco-belge d’Aïssa Maïga (2021) 1h30. Sortie le 10 novembre 2021. Du réchauffement climatique, on a surtout des images de catastrophes naturelles et de cette fonte des glaces qui est en train de détruire les pôles, en menaçant l’équilibre écologique précaire de la planète toute entière. Marcher sur l’eau nous en montre un exemple alternatif en nous faisant partager la réalité sordide que vivent les habitants du village de Tatiste, dans le nord du Niger, contraints d’accomplir des marches forcées quotidiennes pour aller puiser l’eau qu’ils n’ont plus. Une situation à la fois absurde et tragique qui a entraîné une désorganisation totale de cette société ancestrale, en contraignant ses habitants à se montrer solidaires les uns des autres, avec les dégâts collatéraux que cela implique sur la scolarité des enfants, la présence des parents et l’unité des familles, même si la plupart des habitants font contre mauvaise fortune bon cœur et que la vie continue tant bien que mal.

“Haute couture” de Sylvie Ohayon

Film français de Sylvie Ohayon (2020), avec Nathalie Baye, Lyna Khoudri, Pascale Arbillot, Clotilde Courau, Claude Perron, Soumaye Bocoum, Adam Bessa, Alexandrina Turcan, Farida Ouchani… 1h40. Sortie le 10 novembre 2021. Nathalie Baye et Lyna Khoudri Une femme plutôt chic se fait chaparder son sac à main dans le métro par une chanteuse qui lui laisse sa guitare en contrepartie. La voleuse se ravise et décide d’aller restituer son bien à cette bourgeoise qui travaille chez un grand couturier. Là, alors qu’elle vivait sa vie sans but, elle va littéralement trouver sa vocation sous la houlette de cette femme qui lui trouve des doigts de fée, malgré ses mauvaises manières. La banlieue, la romancière Sylvie Oyahon avait déjà évoqué celle de son enfance dans un premier film aussi sympathique que maladroit, Papa Was Not a Rolling Stone (2014). Elle y revient avec nettement plus d’assurance et de détermination dans Haute couture , en s’appuyant sur la rencontre de deux actrices impliquées : N

“Entre deux trains” de Pierre Filmon

Long Time No See Film français de Pierre Filmon (2019), avec Laëtitia Eïdo, Pierre Rochefort, Ronald Guttman, Estéban… 1h15. Sortie le 10 novembre 2021. Laëtitia Eïdo Auteur d’un documentaire remarquable consacré à l’un des plus grands chefs opérateurs de son époque, Close Encounters with Vilmos Zsigmond (2016), Pierre Filmon (quel meilleur patronyme pour un cinéphile devenu cinéaste ?) s’aventure aujourd’hui du côté de la fiction avec un projet d’une modestie qui lui ressemble. Dans le cadre rigoureux de la règle des trois unités, cet exercice de style élégant orchestre les retrouvailles fugaces d’un homme et d’une femme en correspondance à la gare d’Austerlitz. Une histoire d’amour en pointillés qui possède un avant et un après, mais aussi deux ailleurs dissemblables. Neuf ans après leur première rencontre, ils savent que leur avenir ne dépend plus que d’eux. Au fil de cette conversation à bâtons rompus, vont affleurer des joies et des peines. Des regrets et des remords aussi. En c

“Aline” de Valérie Lemercier

Film français de Valérie Lemercier (2020), avec Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud, Roc Lafortune, Antoine Vézina, Pascale Desrochers, Jean-Noël Brouté, Sonia Vachon… 2h03. Sortie le 10 novembre 2021. Valérie Lemercier Aline Dieu, c’est Céline Dion dont Valérie Lemercier a entrepris d’évoquer l’incroyable destinée de son vivant. Mais ni avec elle ni sans elle, la chanteuse étant restée à l’écart de ce biopic non autorisé qu’elle n’aurait vraiment aucune raison de rejeter, tant il dégage de tendresse et d’admiration de la part d’une humoriste qui prend tous les risques, y compris celui de céder à l’idolâtrie. Un défi comme les affectionne une actrice-réalisatrice peu sensible à l’air du temps qui consacre à la chanteuse québécoise une comédie ni moqueuse ni caustique. Cette petite dernière d’une famille très nombreuse tombée en amour pour son impresario, non seulement elle la met en scène avec une immense tendresse, mais elle l’incarne de façon saisissante, accent subti

“A Good Man” de Marie-Castille Mention-Schaar

Film belgo-français de Marie-Castille Mention-Schaar (2020), avec Noémie Merlant, Soko, Vincent Dedienne, Gabriel Almaer, Alysson Paradis, Anne Loiret, Geneviève Mnich, Jonas Ben Ahmed… 1h48. Sortie le 10 novembre 2021. Soko, Vincent Dedienne et Alysson Paradis Marie-Castille Mention-Schaar a le chic pour aborder des sujets de société audacieux, qu’il s’agisse du devoir de mémoire dans Les héritiers (2014) ou du djihadisme dans Le Ciel attendra (2016). Elle s’attache dans son sixième long métrage à la transsexualité à travers l’histoire d’un couple formé de deux femmes dont l’une a opéré sa mutation vers une enveloppe corporelle masculine, mais va pourtant devoir pallier la stérilité de sa compagne en portant leur bébé. Le postulat a beau sembler audacieux, il s’inscrit pourtant dans une stricte réalité que le cinéma peine à intégrer, les films belges Girl et Lola vers la mer ayant suscité des polémiques parmi une communauté particulièrement à cheval sur les nuances et bien peu soli

“Albatros” de Xavier Beauvois

Film français de Xavier Beauvois (2020), avec Jérémie Renier, Marie-Julie Maille, Victor Belmondo, Iris Bry, Geoffroy Sery, Olivier Pequery, Madeleine Beauvois, Suzanne Lipinska, Pierre Creton… 1h55. Sortie le 3 novembre 2021. Jérémie Rénier et Marie-Julie Maille Xavier Beauvois n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de s’attacher à une situation de crise et d’observer ses conséquences sur un ensemble de personnages qui en sont acteurs ou témoins. Dans son nouveau film, il raconte le quotidien plutôt sordide d’un commandant de gendarmerie du Pays de Caux qui est confronté aux ravages de la misère sociale et à des faits divers derrière lesquels affleure une détresse profonde. Il met le même zèle à dresser un constat à la suite d’un suicide du haut de la falaise d’Étretat qu’à tenter de raisonner un agriculteur désespéré. Jusqu’au jour où la situation dérape et où la perspective longtemps différée de régulariser sa situation maritale avec sa compagne s’en trouve bouleversée… Le point de vue

“Les Olympiades” de Jacques Audiard

Film français de Jacques Audiard (2021), avec Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant, Jehnny Beth, Annabelle Milot, Pol White, Lumina Wang, Camille Léon-Fucien… 1h45. Sortie le 3 novembre 2021. Lucie Zhang et Makita Samba Le treizième arrondissement de Paris reste sans doute l’un des moins souvent filmés au cinéma. Il contient pourtant en son cœur un monde à part : le quartier des Olympiades, épicentre de la communauté asiatique Rive Gauche qui fait pendant au quartier de Belleville Rive Droite. C’est là que Jacques Audiard circonscrit son nouvel opus sur le registre de l’étude de mœurs. Après deux exercices de style, Dheepan et Les frères Sisters , le réalisateur a décidé de renverser la table et de changer de collaborateurs. Ses coscénaristes Thomas Bidegain et Noé Debré ayant entre-temps été sollicités pour écrire Stillwater , il a fait appel à deux réalisatrices réputées pour la qualité de leur écriture : Céline Sciamma et Léa Mysius. La première a collaboré avec André Téchiné