Documentaire franco-belge d’Aïssa Maïga (2021) 1h30. Sortie le 10 novembre 2021.
Du réchauffement climatique, on a surtout des images de catastrophes naturelles et de cette fonte des glaces qui est en train de détruire les pôles, en menaçant l’équilibre écologique précaire de la planète toute entière. Marcher sur l’eau nous en montre un exemple alternatif en nous faisant partager la réalité sordide que vivent les habitants du village de Tatiste, dans le nord du Niger, contraints d’accomplir des marches forcées quotidiennes pour aller puiser l’eau qu’ils n’ont plus. Une situation à la fois absurde et tragique qui a entraîné une désorganisation totale de cette société ancestrale, en contraignant ses habitants à se montrer solidaires les uns des autres, avec les dégâts collatéraux que cela implique sur la scolarité des enfants, la présence des parents et l’unité des familles, même si la plupart des habitants font contre mauvaise fortune bon cœur et que la vie continue tant bien que mal. Avec en guise de Graal un lac souterrain qui va concentrer tous les efforts d’une population soutenue par une ONG pour aménager le forage salvateur.
Ce film tourné entre 2018 et 2020 est de ceux qui donnent de l’espoir, en montrant à quel point la solidarité peut fonctionner comme une courroie de transmission pour surmonter des obstacles a priori hors d’atteinte. Il interpelle aussi notre bonne conscience de nantis devenus indifférents à la douleur du monde que nous rappellent à intervalles réguliers ces afflux de migrants dont on ne cherche plus à connaître l’origine pour ne pas avoir à compatir voire à les secourir. Mue par le simple réflexe altruiste d’une fille prodigue née d’une mère sénégalo-gambienne et d’un père malien, Aïssa Maïga choisit de s’effacer pour laisser la parole à ses protagonistes et montrer au plus près l’absurdité de cette situation qui hypothèque les perspectives d’avenir d’une société ancestrale à laquelle ne vient à manquer qu’un bien élémentaire, mais le plus cher : l’eau, c’est-à-dire la vie. À travers ce cas concret, le documentaire pointe du doigt une fatalité qui ne devrait pas en être une, avec son cortège de nuisances, d’épreuves et de contraintes. Présenté au dernier festival de Cannes dans le cadre de la section de circonstance “Le cinéma pour le climat”, c’est une œuvre de salubrité publique qui a le mérite de remettre les pendules à l’heure en ajoutant des images aux mots qu’on entend çà et là.
Jean-Philippe Guerand
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