Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles associés au libellé Iran

“Chevalier noir” d’Emad Aleebrahim Dehkordi

A Tale of Shemroom Film irano-franco-germano-italien d’Emad Aleebrahim Dehkordi (2022), avec Iman Sayad Borhani, Payar Allahyari, Masoumeh Beigi, Behzad Dorani… 1h42. Sortie le 22 février 2023. Iman Sayad Borhani et Payar Allahyari Le film noir a cette faculté de s’adapter à tous les milieux et à peu près toutes les sociétés. À cette réserve près que sa façon de plonger parmi les pires turpitudes cache le plus souvent une critique sociale virulente. On pourra donc s’étonner (à juste titre) de découvrir que le premier long métrage du réalisateur iranien Emad Aleebrahim Dehkordi se déroule à Téhéran, alors que son auteur vit à Paris depuis plus d’une dizaine d’années. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse… Comme Les nuits de Mashhad , présenté au dernier festival de Cannes, Chevalier noir est l’œuvre d’un exilé qui entend témoigner d’une société que le pouvoir des Mollahs a verrouillée au point d’en interdire toute représentation un tant soit peu réaliste. Une contrainte qu

“Aucun ours” de Jafar Panahi

Khers nist Film iranien de Jafar Panahi (2022), avec Jafar Panahi, Mina Kavani, Vahid Mobasheri, Naser, Hashemi, Mina Khosrovani, Bakhtiyar Panjeei … 1h47. Sortie le 23 novembre 2022. Jafar Panahi Un homme et une femme remontent une rue animée d’une bourgade de Turquie avant de s’attabler à une terrasse où viennent à s’arrêter des musiciens ambulants. Une tranche de vie presque comme les autres. Soudain un visage surgi de nulle part envahit brusquement l’écran après avoir mis un terme à ce qui s’avère être la répétition d’une scène de film. La caméra recule pour nous faire découvrir l’écran d’ordinateur sur lequel s’est inscrite cette image et celui qui la scrute avec attention, Jafar Panahi en personne. Installé clandestinement dans un village à proximité de la frontière turque, le réalisateur iranien tourne son nouveau film à distance, en transmettant ses consignes à son assistant occupé à diriger un couple sur le point de prendre le chemin de l’exil muni de faux passeports. Cette s

“Leila et ses frères” de Saeed Roustaee

Leila’s Brothers Film iranien de Saeed Roustaee (2022), avec Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh, Payman Maadi, Farhad Aslani, Mohammad Ali Mohammadi, Saeed Poursamimi, Nayereh Farahani, Mehdi Hosseinina… 2h49. Sortie le 24 août 2022. Taraneh Alidoosti Le cinéaste iranien Saeed Roustaee s’est fait remarquer l’an dernier avec un thriller d’une maîtrise ébouriffante, La loi de Téhéran, succès-surprise de l’été 2021 qui reposait sur quelques morceaux de bravoure impressionnants. Changement radical de registre avec son troisième film dans lequel il revient au thème de la famille déjà au cœur de son premier long métrage, inédit en France, Life and Day (2016), auquel un distributeur français serait avisé de s’intéresser a posteriori. Unique femme au sein d’une fratrie de quatre garçons, Leila s’est littéralement sacrifiée pour les siens. Alors quand la crise économique menace leur survie à plus ou moyen terme, en multipliant les querelles et les incompréhensions, cette quadragénaire dé

“Les nuits de Mashhad” d’Ali Abbasi

Holy Spider Film franco-dano-suédo-allemand d’Ali Abbasi (2022), avec Mehdi Bajestani, Zar Amir Ebrahimi, Arash Ashtiani, Forouzan Jamshidnejad, Alice Rahimi, Sara Fazilat, Sina Parvaneh, Nima Akbarpour… 1h56. Sortie le 13 juillet 2022. Zar Amir Ebrahimi Dans l’Iran de 2001, une journaliste entreprend de donner de sa personne pour essayer de démasquer le mystérieux tueur de dames qui sévit dans la ville sainte de Mashhad sous le nom de l’Araignée. Une enquête en immersion qui va mettre en évidence certains paradoxes de la république islamiste. Ce sujet scabreux, le cinéma persan d’aujourd’hui serait bien en peine de l’aborder par son traitement radical de la sexualité et un comportement criminel dont la représentation même s’avèrerait incompatible avec les préceptes moraux édictés par les mollahs. Il a d’ailleurs violemment condamné le film. Ali Abbasi, lui, est un Iranien de la diaspora né à Téhéran en 1981 et naturalisé danois qui a trouvé refuge en Scandinavie au moment d’entrepren

“Sunless Shadows” de Mehrdad Oskouei

Sayeha-ye bikhorshid Documentaire irano-norvégien de Mehrdad Oskouei (2019) 1h13. Sortie le 26 janvier 2022. Étonnant voyage que celui auquel nous convie Mehrdad Oskouei dans un centre de détention pour jeunes délinquantes dont les pensionnaires purgent leurs peines dans une convivialité qui semble les réconcilier avec la vie. Le film alterne des confessions face caméra de ces jeunes femmes dont le voile noir accentue les traits, pour certaines tout juste sorties de l’adolescence, et des scènes de leur vie quotidienne, entre parties de marelle, balle au prisonnier et autres activités de loisir, anniversaire compris. Le contraste apparaît saisissant entre cette insouciance et la gravité des crimes qui leur sont reprochés. Au fil de ces destins brisés affleure un malaise plus profond : celui de la jeunesse iranienne qui n’ignore rien des plaisirs de l’Occident, imite à la perfection Donald Trump et pour laquelle Angelina Jolie et Jennifer Lopez constituent des modèles contre lesquels la

“Les leçons persanes” de Vadim Perelman

Persischstunden Film russo-germano-biélorusse de Vadim Perelman (2019), avec Nahuel Perez Biscayart, Lars Eidinger, Jonas Nay, Leonie Benesch, Alexander Beyer, Luisa-Céline Gaffron, David Schütter, Peter Beck, Lola Bessis… 2h07. Sortie le 19 janvier 2022. Nahuel Perez Biscayart Déporté en Allemagne, le fils d’un rabbin hollandais arrêté dans une forêt de l’Est de la France occupée avec d’autres juifs échappe miraculeusement à une mort annoncée et décide de se faire passer pour persan. Ce stratagème lui vaut d’enseigner le farsi (dont il ne connaît pas un mot !) à un capitaine SS désireux de se familiariser avec cette langue afin d’aller ouvrir un restaurant à Téhéran au lendemain de la guerre. Peu à peu s’établit une étrange complicité entre le maître et l’élève qui leur vaut autant d’hostilité que de suspicion de la part de leur entourage. C’est en s’inspirant d’une pièce radiophonique du dramaturge allemand Wolfgang Kohlhaase intitulée “Création d’une langue” que le réalisateur ukra

“Marché noir” d’Abbas Amini

Koshtargah Film iranien d’Abbas Amini (2020), avec Amirhosein Fathi, Mani Haghighi, Baran Kosari, Hassan Pourshirazi, Hamed Alipour, Sepideh Mazaheri, Vahid Nafar, Shaker Mousavi… 1h42. Sortie le 5 janvier 2022. Amirhosein Fathi C’est dans le cadre du festival Reims Polar, dont un autre film iranien, La loi de Téhéran, a obtenu le Grand Prix, qu’a été dévoilé Marché noir , lui-même couronné du Prix du jury. Transfuge du documentaire, le réalisateur Abbas Amini y met en scène les pratiques clandestines engendrées par les sanctions économiques qu’ont infligé les États-Unis à son pays, à travers la mise en place de réseaux de spéculation sur le dollar dans les lieux les plus saugrenus. Son film prend ainsi pour cadre un abattoir reconverti en véritable bourse parallèle où les billets verts s’échangent à des taux parfois prohibitifs, en fonction de la bonne vieille loi de l’offre et de la demande. Sous les codes du polar traditionnel, affleure une critique acerbe qui dénonce l’hypocrisie

“Les enfants du soleil” de Majid Majidi

Khorshid Film iranien de Majid Majidi (2020), avec Rouhollah Zamani, Ali Nasirian, Javad Ezzati, Tannaz Tabatabaei, Mahdi Mousav, Shamila Shirzad, Abolfazl Shirzad, Mani Ghafouri… 1h39. Sortie le 29 décembre 2021. Rouhollah Zamani Majid Majidi a de la suite dans les idées, ainsi que l’atteste sa filmographie dont on a inexplicablement perdu le fil il y a une douzaine d’années, au lendemain du Chant des moineaux, Ours d’or du festival de Berlin en 2008. Ce cinéaste iranien né en 1959 a consacré ses œuvres les plus connues à l’enfance dont Les enfants du ciel (1997), La couleur du paradis (1999) et La pluie (2001) qui lui ont valu à trois reprises le Grand Prix des Amériques du festival de Montréal. Il ajoute aujourd’hui un nouveau chapitre à ce cycle avec Les enfants du soleil , qui a valu le prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune interprète à Rouhollah Zamani lors de la dernière Mostra. Celui-ci y incarne l’aîné d’un quatuor de gamins qui se partagent entre de petits boulots d

“Un héros” d’Asghar Farhadi

Ghahreman Film irano-français d’Asghar Farhadi (2021), avec Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Sahar Goldust, Fereshteh Sadre Orafaee, Ehsan Goodarzi, Sarina Farhadi, Maryam Shahdaei, Alireza Jahandideh… 2h07. Sortie le 15 décembre 2021. Amir Jadidi Le cinéma iranien est aujourd’hui une étrange nébuleuse dont les plus grands auteurs brillent hors les murs dans les festivals internationaux et bénéficient de l’appui précieux de producteurs étrangers, certains cinéastes frappés d’une interdiction de tournage défiant même les autorités en trouvant les subterfuges les plus sophistiqués pour déjouer les interdictions, à l’instar de Jafar Panahi ou Mohammad Rasoulof, respectivement Ours d’or à Berlin en 2015 pour Taxi Téhéran et 2020 pour Le diable n’existe pas . Lui-même couronné en 2011 pour Une séparation, Asghar Farhadi constitue un cas à part, dans la mesure où il continue à tourner en Iran, mais que ses films n’y sont diffusés que confidentiellement voire en toute illégalité comme ce fu

“Any Day Now” de Hamy Ramezan

Ensilumi Film finlandais de Hamy Ramezan (2020), avec Aran-Sina Keshvari, Shahab Hosseini, Shabnam Ghorbani, Kimiya Eskandari, Laura Birn, Niilo Airas, Lumi Barrois, Muhammed Cangören… 1h22. Sortie le 8 décembre 2021. Dans l’attente d’obtenir son permis de séjour en Finlande, une famille iranienne mène une vie sans histoire dans une cité de transit où se côtoient de multiples nationalités dont le seul point commun est de vouloir immigrer légalement dans ce pays d’accueil. La tribu y bénéficie d’un confort bourgeois qui dénote avec les conditions réservées à ce type de population dans des pays moins accueillants, mais continue à vivre selon ses coutumes, sans que quiconque y trouve à redire et dans une atmosphère de bon voisinage avec toutes sortes de nationalités exotiques. Et la situation est la même chose pour tous les occupants de cet immeuble pourvu de tous les artifices du confort moderne. Le fils aîné Ramin s’est quant à lui déjà fort bien intégré au contact de ses camarades de