Ensilumi Film finlandais de Hamy Ramezan (2020), avec Aran-Sina Keshvari, Shahab Hosseini, Shabnam Ghorbani, Kimiya Eskandari, Laura Birn, Niilo Airas, Lumi Barrois, Muhammed Cangören… 1h22. Sortie le 8 décembre 2021.
Dans l’attente d’obtenir son permis de séjour en Finlande, une famille iranienne mène une vie sans histoire dans une cité de transit où se côtoient de multiples nationalités dont le seul point commun est de vouloir immigrer légalement dans ce pays d’accueil. La tribu y bénéficie d’un confort bourgeois qui dénote avec les conditions réservées à ce type de population dans des pays moins accueillants, mais continue à vivre selon ses coutumes, sans que quiconque y trouve à redire et dans une atmosphère de bon voisinage avec toutes sortes de nationalités exotiques. Et la situation est la même chose pour tous les occupants de cet immeuble pourvu de tous les artifices du confort moderne. Le fils aîné Ramin s’est quant à lui déjà fort bien intégré au contact de ses camarades de classe et vit son adolescence avec insouciance, fasciné par une jeune fille qu’il croise régulièrement à un cours de danse sans oser lui adresser la parole. Ainsi va la vie de ces hôtes choyés dont le sort reste toutefois assujetti à une autorisation administrative qui les transformera en citoyens à part entière.
Derrière l’apparence trompeuse du Teen Movie, Any Day Now, présenté lors de la dernière Berlinale, dissimule en fait une réflexion en profondeur sur le sort réservé par l’Europe à tous ces damnés de la terre qui sollicitent son hospitalité et se heurtent à des frontières de barbelés sinon de préjugés. Ce film bourré de bons sentiments entend s’adresser à des spectateurs qui ont l’âge de ses jeunes protagonistes et prend en quelque sorte le contrepied des œuvres à thèse militantes que suscite régulièrement cette thématique déclinée dans à peu près tous les pays occidentaux. Le mérite en revient à un scénario qui préfère au sensationnalisme tapageur des scènes de la vie quotidienne parfois anodines, à l’image d’un anniversaire ou d’une boum. Quitte à sacrifier pour cela la tradition du Happy End en nous ramenant à une réalité parfois cruelle. Le réalisateur jette un regard singulier et dénué de ressentiment sur une situation souvent dépeinte à l’écran, en montrant que ce qui rapproche les uns et les autres se révèle souvent plus fort que les préjugés sur lesquels insistent certains partis extrémistes qui surfent sur le racisme par opportunisme électoraliste. En se mettant à la hauteur de ses personnages, Hamy Ramezan les élève autant que sa générosité nous grandit.
Jean-Philippe Guerand
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