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Articles

“Adieu les cons” d’Albert Dupontel

Film français d’Albert Dupontel (2020), avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié… 1h27. Sortie le 21 octobre 2020. Virginie Efira et Albert Dupontel Avec sa somptueuse adaptation du roman de Pierre Lemaître Au revoir là-haut (2017), la carrière de réalisateur d’Albert Dupontel semblait avoir amorcé un nouveau tournant décisif. C’était bien mal le connaître. Il renoue dans Adieu les cons avec ces comédies sardoniques plus intimistes qui ont imposé sa petite musique de Bernie (1996) à 9 mois ferme (2013). Jamais tout à fait où on l’attend, ce trublion au cœur gros comme ça s’attache cette fois à la quête de vérité d’une femme à qui une maladie incurable a imposé un compte à rebours diabolique. Soucieuse de se mettre en paix avec elle-même, elle entreprend de partir à la recherche du fils qu’on l’a contrainte à abandonner à la naissance. En route vers la vérité, elle va croiser un informaticien vétilleux et un archiviste aveugle. Une fois de plus, Dupontel choisit des perso

"Les Trolls 2 - Tournée mondiale" de Walt Dohrn et David P. Smith

Film américain de Walt Dohrn et David P. Smith (2020), avec les voix de Vitaa, Matt Pokora, Vegedream… 1h34. Sortie le 14 octobre 2020. Sans doute faut-il, pour apprécier ce film, avoir conservé une innocence de bambin. À en juger par le succès planétaire des Trolls (346 M$ de recette en 2016), ces farfadets facétieux ont plus que jamais le vent en poupe depuis que des petits malins ont eu l’idée de leur donner un coup de jeune en leur assignant des tribus musicales. Lumineuse initiative qui a permis à Justin Timberlake et Gwen Stefani de pousser la chansonnette en élargissant et surtout en rajeunissant considérablement leur auditoire. Rebelote aujourd’hui avec un concept élargi où les différentes tribus voient leur intégrité musicale menacée par la reine du hard rock et ses sbires, les métalleux colportant décidément une réputation tenace qui leur colle aux santiags. Les Trolls 2 – Tournée mondiale se présente donc une sorte d’improbable show-room qui voit défiler la musique sous to

"Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary" de Rémi Chayé

Film franco-danois de Rémi Chayé (2019), avec les voix de Salomé Boulven, Alexandra Lamy, Alexis Tomassian… 1h22. Sortie le 14 octobre 2020. De Calamity Jane, on sait qu’elle a compté parmi les figures les plus emblématiques de la Conquête de l’Ouest, qu’elle a écrit des “Lettres à sa fille” qui constituent un témoignage capital sur son époque et qu’elle a elle-même substitué sa propre légende à la réalité historique dans le fameux spectacle du “Wild West Show”, à l’occasion duquel elle distribue au public un fascicule autobiographique qui nourrira sa légende. Rémi Chayé a décidé de s’attaquer aux années d’apprentissage de Martha Jane Cannary en laissant vagabonder son imagination, tout en respectant les grandes lignes de la vérité historique. Le réalisateur délicat de Tout en haut du monde (2015) met en scène une gamine effrontée qui tient le rôle de sa mère morte auprès de son père et de ses frères et sœurs, dresse les chevaux et part à la chasse avec les adultes. Bref, une gamine r

"Drunk" de Thomas Vinterberg

Druk Film danois de Thomas Vinterberg (2019), avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe, Magnus Millang … 1h55. Sortie le 14 octobre 2020. Dans un lycée de Copenhague, quatre professeurs d'âge mûr décident de vérifier la théorie énoncée par le psychologue norvégien Finn Skårderud selon laquelle boire permettrait à l’homme de combler le léger déficit d’alcool dont son sang pâtirait à la naissance. Au grand dam de leurs élèves qui ne se privent pourtant pas de prendre des cuites,  ils entreprennent de boire jusqu’à plus soif afin de voir jusqu’où leur taux d’alcoolémie les aidera à se désinhiber et à mieux supporter le poids écrasant de leur existence ordinaire. Jusqu’au moment où la situation finit par leur échapper… Partant de ce point de départ pour le moins baroque, Thomas Vinterberg aborde une fois de plus un sujet qui fâche pour en tirer ce qu’on peut considérer sans grand risque de se tromper comme son film le plus rabelaisien. Le réalisateur administre sans vergog

"A Dark, Dark Man" d’Adilkhan Yerzhanov

Film kazakho-français d’Adilkhan Yerzhanov (2019), avec Daniar Ashinov, Dinara Baktybaeva, Teoman Khos… 1h50. Sortie le 14 octobre 2020. Daniar Ashinov Un policier désabusé par la corruption généralisée est chargé d’étouffer une sombre affaire de pédophilie au fin fond de la steppe kazakhe, lorsque ses certitudes sont mises à mal par une journaliste inquisitrice nullement décidée à tolérer ces compromissions. Il y a tout juste deux ans, La tendre indifférence du monde révélait en Adilkhan Yerzhanov un trentenaire prometteur qui se démarquait par son ton pince-sans-rire et sa verve des quelques réalisateurs d’Asie centrale à s’être frayé un chemin jusqu’aux plus grands festivals internationaux en exaltant des traditions séculaires et des paysages exotiques. On retrouve ce même esprit narquois dans A Dark, Dark Man (son septième long métrage !) qui aurait plutôt tendance à s’inscrire dans la veine d’un genre universel, le film noir, en lui appliquant un traitement de choc. Chaque plan

“Le soleil reviendra” de Cheyenne Carron

Film français de Cheyenne Carron (2019), avec Florence Eugene, Morgane Housset, Sabrina Verrier… 2h. Sortie le 7 octobre 2020. Cheyenne Carron est une franc-tireuse du cinéma français qui réussit à tourner à un rythme de métronome. Tout à la fois scénariste, réalisatrice et productrice, et même à l’occasion distributrice, elle avance sans se retourner au sein d’un milieu pourtant extrêmement codifié. Inconnue du grand public, elle avait annoncé vouloir mettre un terme à sa carrière à l’issue de son film précédent, Le fils d’un roi , sorti seulement le 26 février dernier. Son amour du cinéma semble avoir été le plus fort. Le soleil reviendra est son douzième long métrage depuis 2005, ce qui témoigne d’une détermination peu commune dans un cinéma français dont les structures de financement et les impératifs promotionnels ont considérablement ralenti le rendement au cours des deux dernières décennies. Comme Jean-Pierre Mocky, un autre outsider, ou avant lui Raoul Ruiz, Cheyenne Carron n’

“Maternal” de Maura Delpero

Film italo-argentin de Maura Delpero (2019), avec Lidiya Liberman, Denise Carrizo, Agustina Malale… 1h29. Sortie le 7 octobre 2020. Dans un foyer pour mères adolescentes de Buenos-Aires, une jeune novice italienne sur le point de prononcer ses vœux est confrontée à une réalité violente au contact de femmes de son âge dont tout semble la séparer, certaines soumises, d’autres plus rebelles. Pour son premier film de fiction, la réalisatrice Maura Delpero confronte deux mondes que le cinéma nous a habitués à évoquer séparément autour du thème de la sororité qu’elle a elle-même abordé dans plusieurs documentaires. En l’occurrence ici celui des filles-mères livrées à elles-mêmes et mises au ban d’une société qui perpétue une longue tradition catholique et celui de ces jeunes femmes qui décident d’entrer dans les ordres et de se retirer ainsi du monde pour se consacrer aux déshérité(e)s. Le choc de ces deux univers s’avère ici plutôt subtil et passe par un casting impeccable des trois actrice

“Yalda, la nuit du pardon” de Massoud Bakhshi

Yalda Film irano-franco-germano-suisso-luxembourgeois de Massoud Bakhshi (2019), avec Sadaf Asgari, Behnaz Jafari, Babak Karimi… 1h29. Sortie le 7 octobre 2020. Le cinéma iranien nous a habitués à des chroniques sociales tournées parfois clandestinement dans lesquelles s’expriment les aspirations d’un peuple dont les réalisateurs doivent rivaliser d’audace et d’inventivité pour échapper à une censure impitoyable. Massoud Bakhshi signe son deuxième long métrage de fiction après Une famille respectable , révélé lors de la Quinzaine des réalisateurs en 2012. Passé par la critique et le documentaire, il s’inspire dans Yalda, la nuit du pardon d’une émission de téléréalité existante qui fonctionne comme une sorte de jeu de la vérité et tente de résoudre médiatiquement des faits divers délicats. En l’occurrence, dans le film, une affaire criminelle dans laquelle une jeune femme confrontée à la mort accidentelle de son mari beaucoup plus âgé dont la propre fille l’accuse. La structure de Ya

“Lupin III : The First” de Takashi Yamazaki

Rupan sansei : The First Film japonais de Takashi Yamazaki (2019), avec les voix de Maxime Donnay, Adeline Chetail, Rémi Barbier… 1h33. Sortie le 7 octobre 2020. De deux choses l’une : soit vous êtes amateur de mangas et vous êtes familier de l’œuvre culte du regretté Monkey Punch qui a déjà inspiré plus d’une trentaine de films en 2D, soit vous êtes un profane pour qui le nom de Lupin évoque spontanément le célèbre héros de Maurice Leblanc. Lupin III est présenté comme le petit-fils du fameux gentleman cambrioleur. Cet aventurier qui défraie la chronique parisienne a sur son aïeul l’avantage d’avoir réussi à mettre la main sur le journal d’un certain Bresson (un hommage au cinéaste ?) qui recèle le sésame d’une véritable caverne d’Ali Baba d’outre-tombe. Une fois n’est pas coutume, il est sans doute préférable de voir ce film dans sa version française que dans sa v.o. japonaise, ses principaux protagonistes s’exprimant d'autant plus naturellement dans la langue de Molière qu'

“Parents d’élèves” de Noémie Saglio

Film français de Noémie Saglio (2020), avec Vincent Dedienne, Camélia Jordana, Samir Guesmi, Oscar Pauleau… 1h29. Sortie le 7 octobre 2020. Oscar Pauleau et Vincent Dedienne Chargé de garder un gamin qui souffre d’avoir grandi sans père, un baby-sitter succombe au charme de son institutrice en se faisant passer pour celui qu’il n’est pas. Son emploi du temps lui en laissant le loisir, il se fait malgré lui une place au soleil parmi les parents d’élèves… C’est la première fois de sa jeune carrière cinématographique que le fantaisiste Vincent Dedienne trouve un rôle dans lequel on le sent parfaitement à son aise. Il excelle sur le registre de la maladresse bien tempérée, tout en s’imposant par sa séduction naturelle. Face à lui, Camélia Jordana joue sur son atout charme habituel. Rompue à l’art de la comédie qu’elle pratique avec une belle détermination depuis ses débuts, après Toute première fois (2015) qu’elle a coréalisé avec Maxime Govare, Noémie Saglio a signé Connasse, princesse d