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"Drunk" de Thomas Vinterberg


Druk Film danois de Thomas Vinterberg (2019), avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe, Magnus Millang… 1h55. Sortie le 14 octobre 2020.




Dans un lycée de Copenhague, quatre professeurs d'âge mûr décident de vérifier la théorie énoncée par le psychologue norvégien Finn Skårderud selon laquelle boire permettrait à l’homme de combler le léger déficit d’alcool dont son sang pâtirait à la naissance. Au grand dam de leurs élèves qui ne se privent pourtant pas de prendre des cuites, ils entreprennent de boire jusqu’à plus soif afin de voir jusqu’où leur taux d’alcoolémie les aidera à se désinhiber et à mieux supporter le poids écrasant de leur existence ordinaire. Jusqu’au moment où la situation finit par leur échapper… Partant de ce point de départ pour le moins baroque, Thomas Vinterberg aborde une fois de plus un sujet qui fâche pour en tirer ce qu’on peut considérer sans grand risque de se tromper comme son film le plus rabelaisien. Le réalisateur administre sans vergogne au puritanisme scandinave un traitement de choc à la mode méditerranéenne afin de pointer certaines hypocrisies de la société danoise.





Loin de ses films tragiques que sont Festen (1998) et La chasse (2012), le réalisateur prend délibérément le parti de la légèreté. L’ivresse est ici joyeuse et festive. Certes, elle délie les langues, mais elle affranchit surtout de sa rigidité empesée un milieu scolaire où l’état d’ébriété collectif n’est toléré qu’en tant qu’exutoire à la course aux diplômes. Drunk marque les retrouvailles de Vinterberg avec plusieurs de ses interprètes fétiches dont le toujours charismatique Mads Mikkelsen, mais aussi Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe et Magnus Millang. Cette complicité fait merveille à l’écran, dans la mesure où celle des personnages unis autour de la dive bouteille est amplifiée par celle des comédiens. Cette comédie de caractères résolument anticonformiste nous gratifie par ailleurs d’une convivialité éminemment communicative qui finit par donner davantage d’insouciance à cette bande de quinquagénaires délurés qu’à leurs élèves médusés par l’insouciance de leurs enseignants. Pourvu qu’on ait l’ivresse !

Jean-Philippe Guerand






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