Film français d’Albert Dupontel (2020), avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié… 1h27. Sortie le 21 octobre 2020.
Avec sa somptueuse adaptation du roman de Pierre Lemaître Au revoir là-haut (2017), la carrière de réalisateur d’Albert Dupontel semblait avoir amorcé un nouveau tournant décisif. C’était bien mal le connaître. Il renoue dans Adieu les cons avec ces comédies sardoniques plus intimistes qui ont imposé sa petite musique de Bernie (1996) à 9 mois ferme (2013). Jamais tout à fait où on l’attend, ce trublion au cœur gros comme ça s’attache cette fois à la quête de vérité d’une femme à qui une maladie incurable a imposé un compte à rebours diabolique. Soucieuse de se mettre en paix avec elle-même, elle entreprend de partir à la recherche du fils qu’on l’a contrainte à abandonner à la naissance. En route vers la vérité, elle va croiser un informaticien vétilleux et un archiviste aveugle. Une fois de plus, Dupontel choisit des personnages à côté de leur destin pour nous guider à travers ce labyrinthe existentiel aux allures de quête identitaire. Trois éclopés de la vie unis pour tirer les ficelles du destin, faire éclater une vérité trop longtemps cachée et réunir deux solitudes en fabriquant leur bonheur.
Virginie Efira, Nicolas Marié et Albert Dupontel
Un film d’Albert Dupontel ne se regarde pas comme n’importe quel autre. Il nous intègre dans son univers et nous associe à ses protagonistes. Quant au rire, aussi franc soit-il, il passe de plus en plus souvent par l’émotion, le réalisateur assumant désormais pleinement cette fonction de Deus es Machina auquel il avait naguère consacré Le créateur (1999), confiant alors à son idole Terry Jones le rôle de… Dieu, comme il invite ici son compère des Monty Python Terry Gilliam à effectuer une apparition gag. À son habitude, Dupontel plaide en faveur des accidents de la vie, ces minuscules bulles de bonheur qui nous échappent si souvent, faute de leur prêter suffisamment d’attention. Glissements progressifs du plaisir qui charpentent la folie d’un univers à nul autre semblable. Sous ses dehors nihilistes et faussement foutraques, Adieu les cons est un film d’une générosité absolue qui mérite de connaître un succès considérable. Ne serait-ce parce qu’il arrive à un moment où il y a de moins en moins de raisons de sourire et de rire sans une boule dans la gorge.
Jean-Philippe Guerand
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