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“Lupin III : The First” de Takashi Yamazaki




Rupan sansei : The First Film japonais de Takashi Yamazaki (2019), avec les voix de Maxime Donnay, Adeline Chetail, Rémi Barbier… 1h33. Sortie le 7 octobre 2020.







De deux choses l’une : soit vous êtes amateur de mangas et vous êtes familier de l’œuvre culte du regretté Monkey Punch qui a déjà inspiré plus d’une trentaine de films en 2D, soit vous êtes un profane pour qui le nom de Lupin évoque spontanément le célèbre héros de Maurice Leblanc. Lupin III est présenté comme le petit-fils du fameux gentleman cambrioleur. Cet aventurier qui défraie la chronique parisienne a sur son aïeul l’avantage d’avoir réussi à mettre la main sur le journal d’un certain Bresson (un hommage au cinéaste ?) qui recèle le sésame d’une véritable caverne d’Ali Baba d’outre-tombe. Une fois n’est pas coutume, il est sans doute préférable de voir ce film dans sa version française que dans sa v.o. japonaise, ses principaux protagonistes s’exprimant d'autant plus naturellement dans la langue de Molière qu'ils n'ont vraiment rien de nippon, sinon ces accents gutturaux plutôt déconcertants pour un public non initié. Lupin III : The First nous invite en effet à un voyage exotique dans une France étonnamment bien reconstituée à l’aide du nec plus ultra de l’animation 3D. L’effet est saisissant sur le plan visuel.







L’intrigue proprement dite ne captivera sans doute que les connaisseurs. Vu de l’Hexagone, l’évocation d’un Adolf Hitler en fauteuil roulant peut toutefois apparaître d’un goût assez douteux, surtout dans un film originaire d’un pays qui fut tout de même le principal allié de l’Allemagne nazie. Mais, là encore, notre grille de lecture est sans doute faussée par notre méconnaissance du manga originel. Ce film d’aventure mené à un rythme d’enfer témoigne d’une perfection technologique assez bluffante qui va de pair avec un souffle romanesque parfaitement assumé. La caractérisation des personnages s’avère très réussie, avec une mention particulière à Laetitia, l’accorte complice de Lupin III, qui apporte une touche de féminité bien venue à cette histoire d’hommes qui s’adresse à un public adolescent ou adulte, en raison même de ses référents culturels sous-jacents.

Jean-Philippe Guerand






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