Film américain de Timo Tjahjanto (2025), avec Bob Odenkirk, Connie Nielsen, Christopher Lloyd, Sharon Stone, Colin Hanks, RZA, Gage Munroe, Paisley Cadorath, John Ortiz, Michael Ironside, Colin Salmon, Billy MacLellan… 1h29. Sortie le 13 août 2025.
Bob Odenkirk et John Ortiz
Son nom est… personne. Sous l’apparence bonhomme d’un père tranquille se dissimule en fait un redoutable tueur à gages qui a contracté une dette considérable envers la Mafia russe au terme de laquelle il remplit des contrats sans états d’âme. Y compris quand il s’accorde quelques jours de vacances en famille et voit débarquer des empêcheurs de bronzer en rond qui menacent son repos bien mérité. Nobody (2020) avait surpris son monde au sortir du confinement par son anti-héros entouré d’une tribu toujours disposée à l’assister en cas de danger rapproché. Le voici de retour et contraint cette fois de mettre en œuvre toutes ses ressources d’ingéniosité pour déjouer l’empressement d’une horde d’assassins venus lui faire rendre des comptes. Le tout à l’insu de sa femme et de ses enfants à qui il avait commis l’imprudence de promettre des vacances paisibles. Rien ne se passe évidemment comme prévu, mais c’est précisément ce que le spectateur attend d’une telle promesse. Nobody 2 ne triche jamais sur la marchandise et exploite les meilleures composantes de l’opus initial, à commencer par son casting. Il joue aussi sur le fossé qui s’est creusé au sein du couple formé par Bob Odenkirk et Connie Nielsen, tout en ménageant en prime quelques très bonnes surprises, la moindre d’entre elles n’étant pas Sharon Stone dans un contre-emploi hilarant de cheffe de gang d’un sadisme consommé et au look improbable. Le réalisateur Timo Tjahjanto est quant à lui célèbre en Indonésie pour une série de films d’action particulièrement violents dont il recycle ici l’expertise quasiment chorégraphique sur un registre nettement plus léger.
Bob Odenkirk
Nobody 2 a l’honnêteté de plus en plus rare de tenir toutes ses promesses, aussi modestes puissent-elles être. Le scénario épuise les moindres ressources de son postulat de départ et progresse crescendo au fil des escarmourches entre nos vacanciers et des autochtones du fin fond de l’Arkansas dont un shérif corrompu (Colin, le fils de Tom Hanks) et un potentat local guère plus honnête. Jusqu’à un affrontement final qui mobilise toutes les énergies, y compris un père encore bon pied bon œil (Christopher Lloyd) et un frère de couleur (RZA) eux aussi rompus au maniement des armes. Le tout dans un parc d’attraction transformé en champ de bataille où vraiment tous les coups sont permis. La dégaine naturelle du sexagénaire Bob Odenkirk, qui fut avant cela le personnage principal récurrent de la série “Better Call Saul”, lui-même tout droit sorti de sa matrice “Breaking Bad”, est exploitée habilement, sa coolitude naturelle contrastant singulièrement avec la hargne qu’il déploie pour remplir ses contrats et défendre sa famille. L’Amérique s’est trouvé en Hutch Mansell un nouveau héros, toujours plus prompt à dégainer le premier qu’à révéler ses secrets. C’est d’ailleurs le principal intérêt de ces deux films qui constituent désormais une franchise de dissiper petit à petit ce passé mystérieux qui explique les compétences insoupçonnées de cette famille modèle propulsée dans le feu de l’action et bien décidée à se montrer à la hauteur de sa réputation.
Jean-Philippe Guerand
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