Film américain d’Ilya Naishuller (2020), avec Bob Odenkirk, Alekseï Serebriakov, Connie Nielsen, Christopher Lloyd, Michael Ironside, Colin Salmon, Robert Fitzgerald Diggs, RZA… 1h32. Sortie le 2 juin 2021.
Bob Odenkirk
Hutch Mansell est un type plutôt transparent. Ni le plus courageux, ni le plus audacieux. À mi-chemin entre Ned Flanders, le voisin des Simpson, et certains anti-héros galvanisés par la rage. Mais quand des malfrats agressent à son domicile la femme et la fille de ce rond-de-cuir employé dans une aciérie, trop c’est trop. Alors ce monsieur tout-le-monde qui a tout mis en œuvre pour enfouir son ténébreux passé décide d’aller faire justice lui-même en usant de toutes les ressources à sa disposition. Quitte à constater que ses agresseurs ne sont eux-mêmes que les victimes d’un chef de gang cynique et dépravé qui tient les bas-fonds en coupe réglée. La vengeance du mouton enragé n’en sera qu’aussi terrible qu’inattendue.
RZA, Bob Odenkirk et Christopher Lloyd
C’est sous le signe de l’humour que Nobody aborde le film d’action, en orchestrant l’affrontement d’un parfait quidam avec un caïd de la drogue passablement déstabilisé par cet ennemi non identifié. Connu jusqu’alors pour le rôle-titre de la série Better Call Saul, Bob Odenkirk a su tirer de sa notoriété encore modeste et de son physique passe-partout un précieux atout qui a déjà valu un joli succès Outre-Atlantique à ce film jubilatoire écrit par les créateurs de la saga John Wick et mis en scène avec une efficacité redoutable par un jeune prodige d’origine russe d’ores et déjà promis à un grand avenir hollywoodien après un coup d’essai remarqué, le film d’action Hardcore Henry (2015).
Bob Odenkirk
L’une des meilleures idées du film est d’avoir donné pour père à Bob Odenkirk l’inoubliable interprète du docteur Emmett Brown dans la trilogie Retour vers le futur : l’hirsute ébahi Christopher Lloyd, ici dans le rôle d’un retraité du FBI qui jubile en retrouvant ses automatismes pour dézinguer à tout-va. Le film repose pour une bonne part sur la composition de son interprète principal dont on dira qu’il cache bien son jeu pour ne pas dévoiler les faux-semblants de sa personnalité complexe. Chassez le naturel, il revient au galop dans un bouquet final qui fera date pour peu qu’on apprécie les feux d’artifices. La plus grande qualité de ce film est sans doute de ne jamais se prendre au sérieux.
Jean-Philippe Guerand
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