Film américain de Guy Ritchie (2025), avec John Krasinski, Natalie Portman, Domhnall Gleeson, Eiza González, Laz Alonso, Stanley Tucci, Aria Moayed, Carmen Ejogo, Steve Tran, Daniel de Bourg, Michael Epp, Russell Balogh, Benjamin Chivers, Pablo Diska, Donnie Baxter, Joe Urquhardt… 2h05. Mise en ligne sur Apple TV+ le 23 mai 2025.
Natalie Portman et John Krasinski
Guy Ritchie fait partie de ces réalisateurs réputés pour leur expertise dans le domaine du cinéma spectacle dont la carrière se construit au gré des plateformes de streaming dont la satiété est inépuisable. Après Opération Fortune : Ruse de guerre et The Covenant : Mission en Afghanistan (2023) et Le ministère de la sale guerre (2024), diffusés sur Prime Video, deux épisodes de la série Netflix “The Gentlemen” inspirée d’un de ses films, le stakhanoviste britannique trousse cette fois pour Apple TV+ un film d’aventure à l’ancienne dans lequel un voleur de tableaux et ses acolytes parcourent le monde pour réunir un ensemble de six toiles de maîtres supposées les guider vers la légendaire fontaine de jouvence. Comme c’est bien souvent le cas dans ce type de films, l’objectif à atteindre se révèle moins intéressant que l’itinéraire chaotique qui y mène. À cette nuance près que Ritchie est un expert en la matière et qu’il se méfie au plus haut point des temps morts. Résultat, Fountain of Youth est un subtil dosage d’action et de comédie qui joue la carte de la séduction et s’en donne les moyens à la manière d’un bon vieux James Bond ou d’un volet de Mission : Impossible. À cette nuance près que le scénario (signé par le réalisateur James Vanderbilt) n’est pas qu’un vulgaire prétexte pour enchaîner les morceaux de bravoure, mais veille à donner un supplément d’âme au moindre de ses protagonistes.
John Krasinski et Domhnall Gleeson
Le casting de Fountain of Youth offre un rôle de monte-en-l’air décontracté à John Krasinski, révélé par le rôle-titre de la série “Jack Ryan”, lequel insuffle à son personnage une décontraction bien venue et lui offre pour sœur en pleine crise conjugale une Natalie Portman qui assume son âge, ne souffre aucune entorse à la légalité, mais ne boude pas son plaisir. Cette chasse au trésor nous entraîne des ruelles de Bangkok aux égouts de Vienne et du Vatican aux pyramides de Gizeh en passant par le fond de l’océan à un rythme soutenu qui ne pâtit d’aucune baisse de tension ni tunnel de dialogue, la clé de l’énigme répondant à des élucubrations sur lesquelles mieux vaut ne pas trop s’attarder pour en goûter la saveur sur un registre qui rappelle le fameux Da Vinci Code. Avec en prime des ennemis imprévus qui peuvent surgir à tout instant dont une Latina chaude comme la braise que campe la Mexicaine Eiza González découverte dans Baby Driver (2017) dont le personnage assume son statut d’archétype jusqu’au bout, en gardant toujours le contrôle des situations les plus extrêmes, en vertu de la formule bien connue “poigne de fer et séduction”. Guy Ritchie n’est évidemment pas dans la déconstruction, mais il ne se montre jamais dupe de l’histoire qu’il met en scène avec son sens coutumier du rythme et procède avec élégance en prenant toujours soin de mettre ses protagonistes en perspective, à commencer par la puriste que campe Natalie Portman, conservatrice arc-boutée sur les bonnes manières jusqu’à l’absurde, mais mère avant tout, qui plus est d’un surdoué capable de déjouer les pièges du père Fouras dans “Fort Boyard”.
Jean-Philippe Guerand
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