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“Le ministère de la sale guerre” de Guy Ritchie



The Ministry of Ungentlemanly Warfare Film américain de Guy Ritchie (2024), avec Henry Cavill, Alan Ritchson, Alex Pettyfer, Eiza Gonzalez, Babs Olusanmokun, Cary Elwes, Hero Fiennes Tiffin, Henry Golding, Rory Kinnear, Til Schweiger, Freddie Fox, James Wilby, Henry Zaga, Danny Sapani, Matthew Hawksley, Simon Paisley Day, Mark Oosterveen, Mert Dincer… 2h. Mise en ligne sur Prime Video le 25 juillet 2024.



Henry Golding, Alan Ritchson, Alex Pettyfer

Hero Fiennes Tiffin, Henry Zaga et Henry Cavill



Chaque conflit armé est le théâtre de combats plus ou moins clandestins. L’aventure authentique que relate Guy Ritchie n’a été révélée qu’en 2016, à l’occasion de la déclassification de certains documents concernant le Premier ministre britannique Winston Churchill au cours de la Seconde Guerre mondiale. Damien Lewis en a tiré un livre qui relate cette mission secrète menée par les baroudeurs de l’unité du Special Operations Executive, loin du front, avec à leur tête Gus March-Phillips dont tout porte à croire qu’il a inspiré à Ian Fleming le personnage de l’agent secret James Bond 007 par son mélange de bravoure et de séduction. On croise d’ailleurs le romancier en personne dans le film à une époque où il faisait partie du petit groupe de responsables militaires qui a monté cette organisation de forces spéciales ultrasecrète à l’origine du fameux S.A.S. Tandis qu’un couple d’agents voyage par le rail pour dérober des documents ultra-secrets à des dignitaires du Reich, cette bande de baroudeurs embarque sur un bateau battant pavillon suédois afin de rallier la minuscule île africaine de Fernando Po sous domination espagnole. Un lieu stratégique et interlope où sont réapprovisionnés les sous-marins nazis et où ces têtes brûlées doivent défaire la garnison allemande qui l’occupe pour entreprendre le sabotage de la flotte ennemie. Ce film d’époque épique et trépidant qui évoque l’opération clandestine Postmaster se situe dans une longue tradition qui va des Canons de Navarone (1961) aux Douze salopards (1967), tout en revendiquant une modernité et une fantaisie dans la lignée iconoclaste d’un Quentin Tarantino, d’ailleurs l’une des références majeures du réalisateur Guy Ritchie avec Sergio Leone.



Eiza Gonzalez



Passé maître dans l’art délicat de renouveler le cinéma populaire, le cinéaste britannique à l’origine de tant de succès populaires, d’Arnaques, crimes et botanique (1998) à The Gentlemen, le film (2019) et la série (2024), trouve ici un prétexte comme il les affectionne pour signer un film palpitant dans lequel la vérité historique se trouve galvanisée par des morceaux de bravoure spectaculaires. Le casting de ces “chiens de guerre” joue moins sur la notoriété de ses protagonistes, hormis Henry Cavill, Cary Elwes et les vétérans Til Schweiger et James Wilby, que sur leur personnalité et un esprit de subversion souvent savoureux. Au service de la couronne britannique, ils manifestent un mélange de patriotisme héroïque et d’inconscience bien tempérée qui les incitent à prendre tous les risques pour éliminer les occupants nazis par tous les moyens, y compris à l’aide d’un arc aussi efficace que silencieux. Ritchie met d’ailleurs en scène les séquences d’action, fort nombreuses, comme ces Shoot ’em up dans lesquels le joueur use de son joystick pour éliminer les ennemis qui se dressent en travers de son chemin. Un parti pris efficace réglé ici comme du papier à musique et entrecoupé d’échanges verbaux souvent réduits à leur plus simple expression, avec pour objectif d’aller en permanence droit à l’essentiel. Le ministère de la sale guerre coche toutes les cases de son cahier des charges et on aurait bien tort de bouder ce plaisir simple.

Jean-Philippe Guerand




Henry Cavill et Alan Ritchson

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