Film américain de Hans Petter Moland (2024), avec Liam Neeson, Frankie Shaw, Daniel Diemer, Yolonda Ross, Omar Ghonim, Ron Perlman, William Xifaras, Josh Drennen, Nicholas Delany, Ryan Homchick, Javier Molina, Tom Kemp, Bruce Soscia, Kate Avallone, Matthew Delamater, Levon Panek, Michael Giannone… 2h02. Mise en ligne sur Prime Video le 27 novembre 2024.
Liam Neeson
Embarqué dans des films d’action et des thrillers qui en ont fait un héros du genre, Liam Neeson semble y avoir perdu l’ambition qui l’a conduit à tourner sous la direction de John Boorman, Roland Joffé, Woody Allen Steven Spielberg, George Lucas ou Martin Scorsese et à poursuivre une collaboration suivie avec son compatriote irlandais Neil Jordan, de High Spirits (1988) à Marlowe (2022). Signe des temps, on le voit désormais davantage sur les plateformes de streaming qu’au cinéma, tant ses choix collent avec les aspirations populaires d’une génération de consommateurs moins exigeante. Absolution s’inscrit dans ce registre, à une nuance près : l’âge venant, les personnages qu’incarne l’acteur ont gagné en fragilité et doivent désormais affronter en sus de leurs ennemis identifiés des démons encore plus redoutables. En l’occurrence, cette fois, outre la maladie et le vieillissement, des enfants qu’il a laissé tomber et des petits-enfants qu’il ne connaît même pas et avec lesquels il va devoir apprendre l’art d’être grand-père en tâtonnant. C’est cette humanisation de son personnage qui confère son intérêt à ce film dans lequel il joue les bougons avec sa conviction coutumière, séduit ses conquêtes féminines en un claquement de doigts et ne s’embarrasse pas de bla-bla inutile. Il retrouve en outre à cette occasion Hans Petter Moland sous la direction duquel il avait déjà tourné Sang froid (2019), le remake américain du film qui avait révélé à l’international ce réalisateur norvégien, Refroidis (2014).
Liam Neeson et Ron Perlman
L’homme déchu campé par Liam Neeson résume son état d’esprit en décrétant qu’il ne parvient à faire le bien qu’en faisant le mal. Paradoxe cruel qui définit assez justement son caractère désabusé. Le film suit son impossible rédemption et sa lutte contre l’alcool et la maladie. Le scénario l’accable de fardauds et insiste volontiers sur ses innombrables points faibles, tout en lui offrant un espoir fugace : cette femme qui tombe dans ses bras instantanément et semble incarner la promesse fugace d’une seconde vie parce qu’elle ne sait rien de lui et ne semble pas vraiment s’en préoccuper. Le portrait psychologique de cet homme usé est donc assez rudimentaire et plutôt monolithique. Il faut donc la mine de chien battu de Liam Neeson pour qu’on croie un minimum à son état d’esprit. Reste que ce faux thriller sur l’usure du temps renonce aux principaux attributs du genre, le rythme et l’action, pour s’attarder sur la personnalité de ce héros fatigué qu’il résume en une scène étrange quand il tente de se suicider, le canon de son arme dans la bouche, et attire le regard d’une petite fille. À l’image de son titre au fond assez évocateur, Absolution est un film très étrange qui ne réalise à peu près aucune de ses promesses et prend la tangente d’un genre populaire pour se livrer à une improbable réflexion existentielle sur les illusions perdues d’une vie ratée. Un projet qui concrétise le tournant annoncé par son acteur principal, aujourd’hui bien déterminé à donner davantage d’épaisseur à ses rôles. Reste à savoir si son public habituel adhèrera à cette nouvelle orientation amorcée avec In the Land of Saints and Sinners, son opus précédent, mis en ligne sur Prime Video il y a tout juste neuf mois…
Jean-Philippe Guerand
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