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Stéphanie di Giusto : Artistes et modèles

Stéphanie di Giusto
© Unifrance




Diplômée de l’École nationale supérieure des arts décoratifs et de l’École supérieure d’arts graphiques Penninghen de Paris, Stéphanie di Giusto a débuté en concevant des affiches de cinéma et en réalisant des clips pour des artistes tels que Brigitte Fontaine, Elsa, Camille, Rose, Slimy et Jarvis Cocker, ainsi que des spots de pub, parfois sous le pseudonyme de Paf le chien. À la demande de la créatrice de mode Vanessa Bruno, elle signe notamment un court métrage promotionnel interprété par Lou Doillon, Le bel été (2010). Elle passe au long métrage en évoquant la personnalité oubliée de Loïe Fuller dans La danseuse qui est présenté dans le cadre de la section officielle Un certain regard au Festival de Cannes 2016 où elle revient sept ans plus tard montrer Rosalie, l’évocation d’un personnage propice à tous les fantasmes, une femme à barbe du XIXe siècle préservée du voyeurisme par la passion absolue de son mari. Une véritable histoire d’amour qui réunit Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel.



Bande-annonce de Rosalie (2023) de Stéphanie di Giusto



Rosalie repose pour une bonne part sur l’émotion. Était-ce votre intention dès le départ ?

Ce que je voulais, c’était ne pas mettre à l’épreuve Rosalie dans une foire, dans un cirque ou dans un bordel, comme la plupart des films de femmes “freaks”. En fait, j’avais le sentiment que c’était beaucoup plus fort et beaucoup plus original de confronter Rosalie au sentiment, avec sincérité et humilité. Et d’enlever par là toute artificialité au récit. J’avais l’impression qu’en racontant cette histoire d’amour sans condition, d’amour absolu, j’allais pouvoir raconter une fable, l’histoire unique de Rosalie. Mon idée était vraiment de me concentrer sur les sentiments. J’avais l'impression que justement, il y avait une émotion à la fois pudique et violente chez un personnage aussi particulier. Donc, il n’y avait pas la volonté de raconter un biopic épique, mais plutôt de me concentrer vraiment sur Abel incarné par Benoît Magimel et Rosalie qu’interprète Nadia Tereszkiewicz, en explorant et en décortiquant aussi les sentiments et le désir.

 

Vous auriez pu traiter Rosalie comme Elephant Man. Pourquoi avez-vous évité cette approche ?

Le film de David Lynch possède une charge émotionnelle très forte et décrit un parcours plutôt classique, mais comme dans La vénus noire, The Greatest Showman et Pauvres créatures, la plupart de ces personnages se retrouvent exposés dans des foires. Or, ce que je trouvais beau dans le personnage de Rosalie, c’est qu’elle résiste en fait à cela et qu’elle affronte la réalité et le regard des autres dans un village plutôt conservateur. Elle a juste envie d’être une femme, celle qu’elle est, en fait. Et rien que ça génère d’ailleurs une émotion très forte au sein de cette petite communauté.

 

Quand on travaille sur un tel sujet et à partir d’un tel personnage, le poids de l’interprète est considérable. Comment avez-vous exploité l’innocence et le sourire de Nadia Tereszkiewicz ?

Nadia possède naturellement une pureté et un enthousiasme naturels en tant qu’actrice dont j’avais besoin pour le personnage. Ce qui était intéressant à mes yeux, c’était justement qu’elle reste solaire malgré la cruauté des autres qui voudraient la réduire à un statut de monstre. Mais elle refuse ce destin-là en tout cas, en affrontant et en affirmant cette féminité singulière avec le sourire, grâce à son côté solaire, justement, lequel est totalement désarmant pour son mari qu’incarne Benoît Magimel. Il ne peut rien faire contre ça en fait. Finalement, c’est l’une de ses plus grandes forces de garder la tête haute, avec cet enthousiasme, cette envie et cette rage de vivre, en fait.

 

Au stade du scénario, aviez-vous déjà en tête Nadia Tereszkiewicz, ou tout au moins un type d’interprète en particulier ?

Non, car ce personnage est une telle création que je n’avais personne, aucune actrice en tête. J’ai fait plein d’essais. Parce que j’avais besoin de voir les comédiennes avec une barbe pour voir ce que ça pourrait donner. Mais rien ne fonctionnait. Ça n’allait pas. Je n’étais pas satisfaite, je n’y croyais pas. Jusqu’au jour où j’ai croisé Nadia dans la rue, par hasard. C’était pendant le Covid et elle portait un masque d’où dépassaient ses grands yeux bleus. Or, en fait, elle avait déjà tenu un rôle minuscule de doublure dans mon premier film, La danseuse. Alors je lui ai dit de venir passer les essais et là, tout d’un coup, le personnage s’est révélé. Mais tant que je ne l’avais pas, il n’y avait pas de film. Alors que la plupart des autres comédiennes se grattaient et s’observaient dans un miroir, Nadia ne se regardait pas. Elle était dans l’abandon total et il y avait quelque chose de très beau chez elle, de pur, que j’aimais beaucoup, et justement de l’enthousiasme. Et vu qu’elle était danseuse et qu’elle a commencé à danser très jeune, elle a été habituée à être jugée et sait ce que représente le regard des autres. En outre, elle ne correspondait pas forcément non plus aux critères de la danse classique. Or, c’était ce mélange de force et de fragilité dont j’avais besoin et on a construit ensemble son personnage. Il y a eu cette première étape de casting et d’essais où j’ai tout de suite succédé à elle. Et puis, la deuxième étape de construction, pendant trois mois, où l’on a poursuivi des essais très poussés dans tous les domaines, de la couleur des cheveux au maintien avec le corset ou avec la robe. Comment créer, recréer, réinventer une féminité avec cette barbe et essayer de faire des choses qu'on n’a pas l’habitude de voir. Je pense que le cinéma sert aussi à ça. Alors il y a un point fondamental qui devient en quelque sorte le centre de gravité du film, c’est évidemment son visage.



Bande-annonce de La danseuse (2016)

de Stéphanie di Giusto




La danseuse reposait pour une bonne part sur les mouvements et les attitudes. Comment avez-vous travaillé cette gestuelle sur Rosalie ?

Je lui ai demandé d’apprendre la couture, puis de coudre pendant un mois, dans l’idée de maîtriser des gestes précis… Au point de fabriquer elle-même ses robes et d’avoir des gestes authentiques de l’époque, dont une délicatesse constante, par exemple, que les comédiennes de sa génération ne possèdent d’ailleurs pas nécessairement. Ça demande un véritable effort de se tenir droit ! On a beaucoup travaillé là-dessus. Alors, ça ne se sent peut-être pas dans le film, mais ce travail existe et il donne ce personnage-là, même s’il est forcément moins abîmé. Comme on évolue dans un milieu ouvrier, les autres femmes, les pauvres, sont conditionnées et il règne une espèce d’uniformisation monotone au sein même de cette vie de labeur qui commence tous les jours à 4 ou 5 heures du matin. Les femmes travaillent, mais elles n'ont pas le droit d’aller au café, d’ailleurs. Du coup, Rosalie devait être la lumière du film, ce soleil qui l’illumine le film. Et ce n’est pas évident à mettre en scène car, en fait, on n’a pas l’habitude de voir des personnages solaires. Ce qui va déranger les gens à un moment, c’est forcément sa liberté.

 

Qu'est-ce qui a été le plus difficile dans ce projet ?

Eh bien… tout ! Déjà l’écriture, car il faut donner à voir dans des sujets comme celui-ci. Je savais que c’était complexe, mais je croyais en ce personnage. Pourtant je ne me doutais pas que ça allait quand même générer autant de doutes. Parce que forcément, un tel sujet fait peur à la lecture, un personnage avec des poils, etc. Heureusement, Sidonie Dumas de Gaumont a su lire entre les lignes et a tout simplement été émue par le scénario. Mais c’était compliqué. Ce n’était pas évident et tout le monde n’a pas été aussi compréhensif et n’y est pas allé, principalement à cause du sujet. Parce que c'est un film sur les a priori et que les gens se sont montrés méfiants car avant de lire le scénario, ils ne savaient pas vraiment qui était Rosalie et quand on se contentait de leur dire que c'était une femme à barbe, ça déclenchait tout de suite un imaginaire… Il y avait une interrogation, en fait. De toute façon, les choses qui échappent à la norme font peur. En revanche, moi, j’étais heureuse de me consacrer à ce deuxième film et d’avoir tous ces acteurs d’un tel niveau. J’ai pris un plaisir inouï avec eux et j'espère que ça se ressent. Alors que La danseuse était très épique et allait des États-Unis à la France, là, j’étais heureuse de pouvoir me concentrer sur l’humanité de chacun de mes acteurs et d’en tirer un profit maximum. J’avais un véritable appétit de les filmer, en fait.

 

Il y a tout de même un point commun entre La danseuse et Rosalie. Ce sont des films d’époque qui jalonnent un territoire et comblent des absences qu’il y avait dans le cinéma où l’on n’abordait pas de tels sujets jusqu’à une époque récente. Ce sont aussi deux portraits de femmes qui sont en avance sur leur temps et se libèrent…

Ces deux femmes qui ne sont pas de leur époque auraient tout à fait pu être être d’aujourd'hui, mais pourtant, elles ont bel et bien existé. En tout cas, La danseuse était un biopic de Loïs Fuller considérée comme une avant-gardiste parce qu’elle est associée à la naissance de l’histoire du cinéma et que sa façon de danser coïncide avec le début de l’abstraction. On est en 1900, donc ça, c’était fascinant. Et là, notre Rosalie a quelque chose dans sa façon de s’affirmer à travers sa différence, qui était elle aussi en avance sur son époque, dans la mesure où la plupart de ces femmes étaient exhibées dans des foires, vendues et exploitées. Or, c’est le fait d’être maîtresse de son destin à cette époque-là qui m’a intéressée dans le cas authentique de Clémentine Delait. Et je pense qu’il devient d’autant plus original aujourd’hui de traiter de l’amour, c’est-à-dire de s’intéresser aux sentiments, qu’on vit à une période particulièrement violente, comme l’était d’ailleurs l’époque douloureuse à laquelle se déroule Rosalie, cinq ans après la guerre franco-prussienne de 1870. Le climat est à la suspicion, les gens sont meurtris et j’ai ressenti inconsciemment le besoin d’écrire cette histoire pour me réconcilier un peu avec la vie et avec l'humanité. Parce que je trouve qu'on est en train de vivre des choses assez violentes, en fait.



Clémentine Delait, le modèle de Rosalie



Le cadre de Rosalie évoque l’univers de certaines nouvelles de Guy de Maupassant. S’agissait-il d’une de vos références esthétiques ?

Totalement. J’ai regardé aussi beaucoup les films de Jean Renoir pour me baigner dans cette réalité, car c’est très dur de faire croire à l’époque et je suis contre la reconstitution car quand je vois un film d’époque, j’ai souvent du mal à croire ce que je vois. Là, dans la mesure où l’histoire se déroule à la campagne, j’ai fait un énorme travail pour rendre cette époque la plus réaliste possible. Et j’y suis parvenue grâce au décor naturel que j’ai trouvé, un village de Bretagne au fin fond d’une forêt que ses propriétaires ont conservé exactement à l’identique dans son intégralité car il appartenait à leurs ancêtres. Le café dans lequel j’ai tourné était en fait l’auberge que fréquentaient les ouvriers des forges qui existaient à l'époque et je n’ai quasiment rien eu à retoucher.

 

Comment avez-vous découvert son existence ?

Je cherchais le décor dans les Vosges lorsque je suis tombée par hasard sur ce lieu en faisant des recherches sur Internet et en trois images, je me suis décidé à y aller tout de suite. En fait, ces gens vivent de façon assez isolée et n’avaient jamais accueilli de tournage auparavant. Il a donc fallu que je leur parle de l’histoire pour les convaincre et ils nous ont beaucoup aidés. Sans eux, je n'aurais pas eu les moyens de construire un décor aussi incroyable avec l’usine, l’église, le village, le café, le tout en bon état.

 

Pourquoi s’est-il écoulé six ans entre vos deux premiers films ?

J’ai pris mon temps. J’ai écrit d’autres histoires et c’est celle-ci qui s’est imposée. Ce qui est passionnant dans l’écriture, c’est que c’est le moment où tout est possible, car on n’est pas encore confronté à la production, donc, c’est très agréable. Et puis, j’aime les défis. Il faut que j’en aie un à relever. La danseuse manifestait déjà une ampleur épique atypique pour un premier film. Et là, je savais qu'en m’attaquant à une femme avec des poils, il fallait réussir à convaincre et c’est ce que je trouvais beau, en fait. Je m'étais dit aussi que si je n’étais pas capable de raconter une histoire d’amour au cinéma, dans la mesure où c’est ce qu’il y a de plus dur, autant ne pas en faire. Et puis, entre-temps, j’ai perdu mon père. Or, je crois qu’il y a aussi un lien avec ce qu’on vit personnellement. C’est une période que j’ai eu du mal à vivre et avec la pandémie de Covid et toutes les violences, j’ai eu l’impression que ce personnage allait m’apporter quelque chose. Et c’est comme ça que tout a commencé et m’a pris quatre ans, parce qu’il s’est passé plein de choses et que tout est compliqué. Mais je m'attaque toujours à des sujets dont je sais qu’ils ne seront pas faciles à développer, mais je ne lâche jamais rien. C’est-à-dire qu’à partir du moment où j’ai choisi Nadia, il y a eu Benoît et je n’aurais pas imaginé quelqu’un d’autre que lui. Ensuite il fallait que tout le monde soit ensemble : Benjamin Biolay, Juliette Armanet, Serge Bozon qui joue le photographe parce qu'il est metteur en scène, et Anna Biolay pour qui j’ai ressenti un coup de cœur humain face à la grâce de cette jeune comédienne en qui je crois. Ça aussi, ça prend du temps !



Nadia Tereszkiewicz



Quel a été pour vous le moment de vérité ?

C’est quand j’ai vu pour la première fois Nadia avec une barbe, mais je n’ai jamais eu peur bizarrement. Mon obsession, c’était davantage l’émotion des sentiments que ce à quoi elle allait ressembler. Je n’avais pas peur de l’esthétique de mon film. Ce qui m’intéressait, c’était vraiment comment faire ressentir aux gens l’idée de ce que sont le désir et l’amour. Parce qu'en fait, ce qui est drôle, c’est ce que dit Benoît : ils sont deux bêtes curieuses et deux mêmes personnes qui se rencontrent. Le personnage qu’il incarne est un homme blessé qui ne croit plus en rien. La première fois qu'on le voit avec son corset, il y a quelque chose qui grince et qui ne fonctionne plus. Quand il parle du cerf qui est déjà mort, c’est en fait de lui-même qu’il parle. Toute la première partie du film, c’est le regard d’Abel sur Rosalie. Et elle, elle est très effacée. C’est une jeune fille très surréaliste. Quand il la voit, c’est un cadeau et il se demande comment un homme comme lui peut avoir une jeune fille aussi radieuse et il n'y croit pas. Et petit à petit, cette situation s’inverse : c’est elle, tout d’un coup, qui porte un regard sur lui et qui le domine. Et c’est assez étonnant qu’elle devienne une femme avec cette barbe et que plus elle l’assume, plus on la trouve sensuelle. Ce qui est troublant, en fait, c’est qu’elle s’affirmait dans sa féminité avec une barbe. Et même Benoît a été déconcerté, car pour lui, ce n’était pas possible et il se demandait par quel chemin il allait bien pouvoir arriver à aimer cette femme. Il était totalement désorienté. Et puis, il a trouvé ce chemin. Ce que je trouve très intéressant, c’est qu’il s’agit d’un transfert de la souffrance. Parce que c’est elle qui devrait souffrir et qu’en fait, c’est lui qui souffre. Elle a été aimée par son père qui l’a cachée et protégée pendant vingt-huit ans, donc, elle sait aimer, mais ne comprend ni l’attitude ni le regard des autres


Comment le film s’est-il monté sur le plan financier ?

J’ai eu la chance d’avoir un producteur qui m’a suivie après La danseuse, Alain Attal, pour un film qui coûtait moins cher mais dont le sujet faisait peur. Et puis, Sidonie Dumas de Gaumont est l’une des rares personnes à avoir eu le courage de se lancer dans cette histoire. Rosalie a coûté entre 5,5 et 6 M €, ce qui est très raisonnable pour un film à costumes, mais j’aime travailler dans la contrainte. Canal+ m’a aussi suivie, mais je n’ai rien eu d’autre, donc, tout a été très compliqué. Malgré les contraintes, j’étais rassurée par mon casting et je savais que je devais vraiment tout inventer. Il y a très peu d’éclairage, tout est en lumière naturelle. Nous avons tourné en trente-cinq jours dans l’ordre chronologique et ça, c'est génial. Par ailleurs, je ne voulais pas que Nadia et Benoît se parlent, ce qu’ils ont respecté. Du coup, leur rencontre dans la charrette est vraiment le premier regard que pose Benoît sur Nadia. Et c’était important parce que je voulais vraiment qu’on travaille ensemble toute l’évolution de leurs personnages et cette façon de s’apprivoiser l’un et l’autre petit à petit dans le film, ce qui était quelque chose de rare et de formidable. Donc, il a fallu aller rapidement, mais j’ai vraiment pris le temps avec eux. Souvent, au bout de deux prix, j’avais ce que je souhaitais, mais je continuais. On explorait et on a appris. C’était d’autant plus intéressant qu’ils ont l’un et l’autre une manière de travailler totalement différente. J’ai beaucoup appris avec Benoît, car quand il y a quelque chose qu’il ne sent pas, ça ne fonctionne pas et il ne peut pas jouer. Mais on trouvait toujours quelque chose et à la fin, il rendait tout mieux. Nadia, elle, est dans une vérité où il faut la baigner dans quelque chose de vrai et la mettre dans les conditions des scènes. Sinon, elle ne pourra rien donner. Donc, on était très contentes d’être complices, très reliées l’une à l’autre, mais il ne fallait pas qu’on me dérange dans ma relation avec elle. On ressentait les mêmes émotions toutes les deux en même temps. Je n’étais jamais derrière le combo et je ne voulais pas voir l’image. J’étais avec les comédiens et j’écoutais beaucoup le ton et la respiration de chacun. C’était très naturel et chacun avait sa place au sein de cette chorégraphie.

Propos recueillis par

Jean-Philippe Guerand






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