Film américain de Nimród Antal (2023), avec Liam Neeson, Norma Dumezwenii, Lilly Aspell, Jack Champion, Arian Moayed, Embeth Davidtz, Matthew Modine, Emily Kusche, Bernhard Piesk, Michael S. Ruscheinsky, Markus Lucas, Antonije Stankovic, Christian Koerner, Peter Miklusz… 1h31. Sortie le 23 août 2023.
Liam Neeson
Le cinéma d’action a bouleversé la carrière de Liam Neeson dont on a fini par oublier les compositions magistrales chez son compatriote irlandais Neil Jordan ou dans La liste de Schindler (1993) de Steven Spielberg. Un domaine qui lui a valu de jolis succès où la psychologie ne tient qu’un rôle assez secondaire. Avec en plus la construction d’un personnage assez singulier d’homme ordinaire plutôt effacé que les circonstances contraignent à se transformer en héros malgré lui, À l’instar du père de famille de la saga Taken initiée par Luc Besson et aujourd’hui de Retribution. L’argument y est cette fois réduit à sa plus simple expression : un industriel reçoit un appel téléphonique qui l’avertit que sa voiture contient une bombe qui explosera s’il s’arrête, sans que le mobile exact de ce chantage soit précisé. On reconnaîtra là une variation autour d’un thème mis notamment à profit dans Speed qui use et abuse de la fameuse unité de temps et dont le défi consiste à entretenir un prétexte narratif minimal. L’affaire se déroule cette fois à Berlin et joue moins sur le spectaculaire proprement dit que sur l’aspect psychologique de l’intrigue, le personnage principal cherchant à identifier l’interlocuteur qui l’a ainsi pris en otage à distance avec ses deux enfants pour des raisons énigmatiques, sans qu’il ait la moindre possibilité de chercher du secours à l’extérieur de son habitacle en mouvement constant où il doit satisfaire aux revendications d’un correspondant anonyme qui semble tout savoir de lui.
Matthew Modine
Retribution repose sur une mécanique plutôt efficace qui émane d’un vieux complice de Liam Neeson : le réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra, qui l’a personnellement dirigé dans Sans identité (2011), Non-Stop (2014), Night Run (2015) et The Passenger (2018). Celui-ci officie cette fois en tant que producteur et confie à son confrère hongrois Nimród Antal rompu au cinéma d’action le soin de réaliser ce remake de commande du thriller espagnol de Dani de La Torre Appel inconnu (2015). Le film tient toutes ses promesses et répond à son objectif : susciter une montée d’adrénaline chez le spectateur qui se laisse emporter par le rythme au point de se montrer magnanime à l’égard de certaines invraisemblances. Avec en guise de leitmotiv, le visage fermé de ce banquier qui tire un indéniable supplément d’âme du fait qu’il n’est pas un héros inoxydable, mais étonnamment un personnage ambigu dont le calvaire n’est pas étranger à ses agissements parfois contestables. Le propos du film ne s’appuie toutefois ni sur la morale ni même sur la psychologie. Il ambitionne juste d’engendrer un suspense d’une heure et demie rondement mené et y parvient sans trop d’efforts. Avec en prime un retour inattendu de l’ex-future vedette Matthew Modine, aperçu également il y a peu dans Oppenheimer.
Jean-Philippe Guerand
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