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“Indiana Jones et le cadran de la destinée” de James Mangold



Indiana Jones and the Dial of Destiny Film américain de James Mangold (2023), avec Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, Ethann Isidore, Boyd Holbrook, Antonio Banderas, John Rhys-Davies, Toby Jones, Thomas Kretschmann, Shaunette Renee Wilson, Alaa Safi, Mark Killen, Karen Allen… 2h34. Sortie le 28 juin 2023.



Harrison Ford et Ethann Isidore



Il est des franchises dont on se prend à penser qu’elles ne peuvent pas être éternelles…et surtout qu’elles ne le doivent pas… Une considération évidemment incompatible avec le dogme hollywoodien selon lequel “quand on aime, on ne compte pas”. Il y a déjà quatre décennies Les aventuriers de l’Arche perdue (1981) imposait Harrison Ford, ci-devant Han Solo de la saga Star Wars, dans un autre rôle emblématique sinon mythologique : celui du professeur d’archéologie Indiana Jones. Steven Spielberg met en scène lui-même les trois premiers opus de la saga qui renaît de ses cendres vingt ans plus tard avec Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (2008), un désastre artistique et commercial qui semble avoir enterré définitivement le mythe. C’est dans ce contexte que James Mangold, le réalisateur talentueux de Le Mans 66, se voit chargé d’ajouter un nouveau chapitre à cette épopée dont l’interprète principal aujourd’hui octogénaire assume les atteintes liées au vieillissement de son personnage dans un monde en proie au Flower Power qu’il a de plus en plus de mal à comprendre. Mais c’est compter sans la capacité inépuisable d’Hollywood à se resourcer en recyclant des recettes éprouvées. Terrassé par un échec qu’on aurait légitimement pu considérer comme rédhibitoire, le mythe connaît aujourd’hui un nouvel avatar, en déjouant à peu près tous les pièges qui lui étaient tendus et en renouant avec l’esprit des origines, sous la houlette de l’homme au fouet et au Stetson, qui s'offre le luxe de cavaler sur sa monture dans le métro de New York un jour de parade. Comme pour montrer son attachement à la tradition.



Phoebe Waller-Bridge et Harrison Ford



Indiana Jones et le cadran de la destinée débute en… 1969. Alors que l’Amérique célèbre les premiers pas de l’homme sur la Lune, l’aventurier conteste le fait que la conquête de l’espace ait été menée à bien par la Nasa grâce à des Nazis exfiltrés d’Allemagne par les États-Unis à la fin de la Seconde Guerre mondiale -dont l'ingénieur Wernher Von Braun, à l'origine des V2 qui ont dévasté l'Angleterre pendant le Blitz- dans le cadre de l'opération Paperclip. Lui qui a affronté des pilleurs d’œuvres d’art à la solde du Troisième Reich et autres vandales. Première réussite du film : la magie du numérique permet un rajeunissement plutôt vraisemblable du personnage qu’on croirait presque sorti d’un des opus originels. Avec face à lui Mads Mikkelsen en méchant d’anthologie et à ses côtés Toby Jones dont il verra surgir la fille des années plus tard sous les traits de l’aventurière décomplexée que campe Phoebe Waller-Bridge. Le scénario plutôt habile concocté par les frères Jez et John-Henry Butterworth avec David Koepp (déjà associé à Jurassic Park et Mission : Impossible) réussit la prouesse de passer d’une époque à l’autre avec la plus grande souplesse et le renfort d’un artifice narratif inédit sous la forme de ce fameux cadran de la destinée au pouvoir magique inventé par Archimède comme une véritable machine à remonter le temps… C’est cette invitation au rêve et cette juxtaposition spatio-temporelle audacieuse qui permettent à ce cinquième volet de renouer avec l’esprit originel de la saga, en multipliant les morceaux de bravoure. Sans arrière-pensée et pour le plaisir. Tout simplement. Avec en prime le retour d’un personnage mythique déjà entrevu dans l’opus précédent.

Jean-Philippe Guerand







Mads Mikkelsen et Thomas Kretschmann

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