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Articles

Alexandra Leclère : Affaires familiales

Alexandra Leclère © DR Dans son long métrage, Les sœurs fâchées (2004), lui-même inspiré du court Bouche à bouche (2002), Alexandra Leclère s’attachait aux rapports de deux sœurs que la vie a séparées, sur un registre qui évoquait  Le rat des villes et le rat des champs . Une histoire simple, souvent cocasse et parfois douloureuse, qui lui a permis d’exorciser son propre vécu en réunissant Isabelle Huppert et Catherine Frot, deux actrices a priori aux antipodes l’une de l’autre, sur la corde, raide des sentiments les plus extrêmes. Cette spécialiste des comédies grinçantes a tourné depuis Le prix à payer (2007), Maman (2012) et Le grand partage (2015). Destin « Comme beaucoup de petites filles, le cinéma me faisait rêver, mais j’ai longtemps cru que je voulais être comédienne. Mais, en fait, je ne me sentais pas du tout à l’aise devant la caméra et j’avais chaud partout [rires] et il n’y a que quatre ou cinq ans que je me suis rendu compte que ce qui me rendait h

Gérard Lanvin : Confession d’un taiseux

Gérard Lanvin dans 96 heures de Frédéric Schoendoerffer © ARP Sélection En proie à la flamme amoureuse dévorante d’une jeune femme incarnée par Charlotte Gainsbourg, dans Passionnément (2000), le troisième film de l’ex-chef opérateur Bruno Nuytten, un mélodrame bouleversant tourné sous le soleil de l’île de Porquerolles, Gérard Lanvin a acquis peu à peu l’autorité et la puissance de son modèle, Lino Ventura, sans jamais succomber aux sirènes du parisianisme ni à la frénésie de la médiatisation à outrance. Né en 1950, ce comédien “à l’ancienne” réputé pour ses coups de gueule et son franc-parler a débuté au café-théâtre avant de s’imposer avec des films tels qu’ Une semaine de vacances de Bertrand Tavernier et  Extérieur nuit (1980) de Jacques Bral, Une étrange affaire (1981) de Pierre Granier-Deferre, Marche à l’ombre (1984) de Michel Blanc, Les spécialistes (1985) de Patrice Leconte, Mes meilleurs copains (1989) de Jean-Marie Poiré, Le fils préféré (1994) de Nicole Garc

Yorgos Lanthimos : Des mondes à part

Yorgos Lanthimos © Haut et Court Amateur d’uchronies cinématographiques, le cinéaste grec Yorgos Lanthimos est né en 1973. Auteur des courts métrages O viasmos tis hlois (1995),  Despina Vandi : Deka Entoles (1997) et Uranisco Disco   (2002) , puis des longs My Best Friend (2001) et Kinetta (2005), il éclate vraiment sur le plan international avec  Canine (2009), Prix de la jeunesse et Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes, Prix de la mise en scène à Dublin et doublement récompensé à Montréal et à Sitges, puis enchaîne avec  Alps ( 2011) , lauréat de l’Osella d’or du meilleur scénario à Venise et du Prix spécial du jury à Sarasota, avec son compère Efthymis Filippou qui lui est resté fidèle pour The Lobster (2015), Prix du jury et Queer Palm à Cannes. Dans quelles conditions techniques et économiques The Lobster a-t-il été réalisé ? Yorgos Lanthimos The Lobster étant une coproduction européenne, son scénario a été écrit à la fois à Londres, en G

Hirokazu Kore-eda : Les femmes et les enfants d’abord

Hirokazu Kore-eda © DR Hirokazu Kore-eda est né en 1962.  Venu en compétition à Cannes avec Distance (2001),  Nobody Knows ( 2004) ,  qui y a obtenu le Prix d’interprétation masculine,  Tel père, tel fils (2013), qui lui a valu le Prix du jury et une mention du Prix du jury œcuménique, et Notre petite sœur (2015), ce réalisateur nippon adepte d’un minimalisme pétri d’humanité a débuté en tant que documentariste avec Another Education (1991). Son film August Without Him  (1994) a obtenu les plus hautes distinctions, mais l’a aussi incité à passer à la fiction. On lui doit en outre Maborosi (1995), lauréat de deux distinctions à la Mostra de Venise, l’Osella d’or du meilleur réalisateur et une mention du Prix de l’OCIC, et After Life (1998) , Prix de la critique internationale à San Sebastian et Grand Prix du festival des Trois Continents de Nantes, et  I Wish - nos vœux secrets (2011), Prix du meilleur scénario à San Sebastian. Comment avez-vous vécu l’ac

Elad Keidan : À la croisée des destins

Elad Keidan © DR Le réalisateur israélien Elad Keidan est né en 1979. Diplômé de l’école de cinéma Sam Spiegel de Jérusalem, il a réalisé deux courts métrages, L’hymne (2008), premier prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes, et Vehu holech (2012), avant de signer son premier long avec  L’esprit de l’escalier  (2015), soutenu par la Fondation Gan pour le cinéma et présenté en sélection officielle à Cannes. Dans quelles conditions techniques et économiques L’esprit de l’escalier a-t-il été réalisé ? Elad Keidan L’esprit de l’escalier a été tourné en vingt-quatre jours, dans soixante-quinze décors différents et avec la participation de plus d’une centaine d’acteurs. Mais, contrairement à ce que pourraient laisser penser ces chiffres, c’est un film très personnel. Quelle est la principale difficulté que vous ayez rencontrée au cours de cette aventure ? Le défi principal résidait dans ma volonté de filmer un instantané de l’ensemble d’une montagne et de tr

Bahman Ghobadi : Des racines et un homme

Bahman Ghobadi © DR Originaire du Kurdistan iranien, le réalisateur Bahman Ghobadi est n é en 1969. Acclamé pour le court métrage documentaire Vivre dans le brouillard (1999), qui obtient une dizaine de récompenses internationales dont deux à Clermont-Ferrand, il passe au long avec  Un temps pour l'ivresse des chevaux (2000), qui reçoit la Caméra d’or au Festival de Cannes, puis confirme sa singularité avec Les chansons du pays de ma mère (2002), couronné du Prix François Chalais,  Les tortues volent aussi (2004), doublement primé à Berlin, San Sebastian et Fribourg,  Demi-lune (2006), deux fois distingué à San Sebastian,  Les chats persans (2009), Prix spécial du jury Un Certain Regard à Cannes, et La saison des rhinocéros (2012). On lui doit également les documentaires War is Over et Daf (2003), ainsi qu’un sketch du film collectif Words With Gods (2014). Vous avez la particularité d'être à la fois en compétition comme interprète du Tableau noir de Sam

Michel Franco : Pures épures impures

Michel Franco © DR Né en 1979, le réalisateur mexicain Michel Franco a signé un court métrage, Entre dos (2003), et quatre longs : Daniel & Ana (2009),  Después de Lucia (2012), film sur le harcèlement ordinaire qui a  été récompensé à Chicago, La Havane et San Sebastian, après avoir  obtenu le Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes des mains du comédien britannique Tim Roth auquel il a confié le rôle principal de son opus suivant,  Chronic (2015), lequel a été couronné du Prix du meilleur scénario à Cannes. Franco a tourné entre-temps  A los ojos  (2013), un projet de longue haleine qu’il n’a toujours pas achevé à ce jour. Votre premier film, Daniel & Ana, était à la Quinzaine des réalisateurs. Le deuxième, Después de Lucia  à Un Certain Regard. Voyez-vous une différence ? Aucune. Pour moi, la Quinzaine reste le vivier mythique qui a révélé tant de grands cinéastes. Ce qui compte, c’est le film, pas la section dans laquelle il est présenté. Par aill