Michel Franco © DR
Né en 1979, le réalisateur mexicain Michel Franco a signé un court métrage, Entre dos (2003), et quatre longs : Daniel & Ana (2009), Después de Lucia (2012), film sur le harcèlement ordinaire qui a été récompensé à Chicago, La Havane et San Sebastian, après avoir obtenu le Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes des mains du comédien britannique Tim Roth auquel il a confié le rôle principal de son opus suivant, Chronic (2015), lequel a été couronné du Prix du meilleur scénario à Cannes. Franco a tourné entre-temps A los ojos (2013), un projet de longue haleine qu’il n’a toujours pas achevé à ce jour.
Votre premier film, Daniel &
Ana, était à la Quinzaine des réalisateurs. Le deuxième, Después
de Lucia à Un Certain Regard. Voyez-vous une différence ?
Aucune. Pour moi, la
Quinzaine reste le vivier mythique qui a révélé tant de grands cinéastes. Ce
qui compte, c’est le film, pas la section dans laquelle il est présenté. Par
ailleurs, Después de Lucia n’est pas
mon deuxième mais mon troisième film. En effet, je l’ai commencé un mois après
avoir terminé le précédent, A los ojos, qui
a nécessité quatre mois de tournage et que j’ai co-réalisé avec ma sœur
Victoria. Il s’agit en fait de l’adaptation d’Entre dos, un court métrage de dix minutes que j’ai tourné à l’âge
de vingt-deux ans et qui a été primé aux festivals de Dresde et de Huesca.
Pourquoi n’en avez-vous pas fait votre premier film ?
J’en ai rêvé pendant dix
ans, mais ce film nécessitait une expérience que je ne possédais pas et je
crois que j’ai bien fait d’attendre pour le tourner. Le personnage principal
est une assistante sociale d’origine modeste qui se consacre aux plus
déshérités, mais son fils a besoin d’une transplantation et elle va tout faire
pour le sauver. J’ai tourné sans scénario et c’est à cause de cette liberté que
j’ai dû rester réactif en permanence, ce qui m’a beaucoup aidé quand j’ai enchaîné
avec Después de Lucia.
Después de Lucia vous a valu d’être accueilli en résidence à la Cinéfondation. Que vous
a apporté cette expérience ?
Je suis venu à Paris de
février à juin 2010 avec cinq autres jeunes réalisateurs parmi lesquels le
chilien Cristián Jiménez, qui préparait Bonsái,
et le colombien Franco Lolli, qui a présenté son court métrage Rodri dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs 2012.
J’ai également profité de ce séjour pour voir des films et nouer des liens avec des
professionnels français parmi lesquels la coproductrice française de Después de Lucia, Juliette Sol.
Vous travaillez déjà sur un nouveau projet ?
Oui, je suis à mi-écriture
de mon quatrième long métrage dans lequel j’improviserai à partir du scénario et où j’ai l’intention de réunir les principaux acteurs de mes trois premiers films, ainsi que leurs
parents, pour raconter l’histoire de trois familles.
Propos recueillis par
Jean-Philippe Guerand
en mai 2012
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