Bahman Ghobadi © DR
Originaire du Kurdistan iranien, le réalisateur Bahman Ghobadi est né en 1969. Acclamé pour le court métrage documentaire Vivre dans le brouillard (1999), qui obtient une dizaine de récompenses internationales dont deux à Clermont-Ferrand, il passe au long avec Un temps pour l'ivresse des chevaux (2000), qui reçoit la Caméra d’or au Festival de Cannes, puis confirme sa singularité avec Les chansons du pays de ma mère (2002), couronné du Prix François Chalais, Les tortues volent aussi (2004), doublement primé à Berlin, San Sebastian et Fribourg, Demi-lune (2006), deux fois distingué à San Sebastian, Les chats persans (2009), Prix spécial du jury Un Certain Regard à Cannes, et La saison des rhinocéros (2012). On lui doit également les documentaires War is Over et Daf (2003), ainsi qu’un sketch du film collectif Words With Gods (2014).
Vous avez la
particularité d'être à la fois en compétition comme interprète du Tableau noir de Samira Makhmalbaf et à
la Quinzaine des réalisateurs en tant que réalisateur d'Un temps pour l'ivresse des chevaux. Quelle différence faites-vous
entre ces deux situations ?
Bahman Ghobadi Je
ne vois pas vraiment de différence. Je ne suis pas comédien. Je n'ai joué dans Le tableau noir que parce que Samira
Makhmalbaf m’avait demandé de l’aider à préparer son tournage au Kurdistan d’où
je suis originaire. Je n’accepterais de faire l’acteur que pour Abbas Kiarostami,
dont j’ai été l’assistant sur Le vent
nous emportera, ou Mohsen Makhmalbaf, le père de Samira.
Vous sentez-vous
davantage kurde ou iranien ?
Disons
qu’Un temps pour l’ivresse des chevaux
est un film iranien fait par un Kurde mais qu’hormis le réalisateur turc Yilmaz Güney, qui a tourné
au Kurdistan, je ne connais pas mes compatriotes de Turquie, d’Irak et de
Syrie.
Dans quelles
circonstances Un temps pour l'ivresse des
chevaux a-t-il été tourné ?
Le
projet a été particulièrement difficile à monter. On a commencé à tourner
pendant l’hiver 1998 mais on a attendu vainement la neige. Comme mon producteur
m’a laissé tomber et qu’aucun autre n’a voulu prendre le relais, j’ai dû lui
racheter mon film avec le soutien financier de ma famille dont plusieurs
membres m’ont aussi aidé sur le tournage. Le budget prévu, qui était compris
entre 100 000 et 120 000 dollars, en a finalement atteint 150 000.
En outre, depuis le début de 1999, en Iran, on n'est plus obligé de soumettre le
scénario aux autorités mais, en contrepartie, si l’on s'y refuse, on ne bénéficie
d’aucune aide de l’État, ce qui a été mon cas, moins pour des raisons
politiques que personnelles.
Comment envisagez-vous
votre avenir ?
Avant
Un temps pour l'ivresse des chevaux,
j’ai mis en scène une trentaine de courts métrages en super-huit, en seize millimètres
et en vidéo. Dorénavant, j’entends me consacrer à ma carrière de réalisateur et
aider les gens qui viennent tourner au Kurdistan. Quatre films y ont été
réalisés en l’espace de deux ans dont Le
vent nous emportera et le mien.
Propos recueillis par
Jean-Philippe Guerand
en mai 2000
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