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Affichage des articles associés au libellé Portrait

Martin Scorsese : L’affranchi

Martin Scorsese © Jean-Philippe Guerand Le réalisateur de Taxi Driver creuse depuis un demi-siècle un sillon à part dans le cinéma américain au sein duquel il a réussi à préserver son indépendance et à affirmer son identité. Il est simultanément célébré  au Festival Lumière de Lyon dont il est l'invité d'honneur, du 12 au 18 octobre, et  à la Cinémathèque Française, qui lui consacre une exposition et une rétrospective,  du 14 octobre au 14 février 2016 . Serge Toubiana, Costa Gavras, Martin Scorsese, Pierre Hodgson et le directeur de la cinémathèque de Berlin © Jean-Philippe Guerand Né en novembre 1942 dans le quartier new-yorkais de Little Italy, Martin Scorsese est avec Francis Ford Coppola et Brian de Palma le plus célèbre représentant de cette communauté d’immigrés italiens qui peuple bon nombre de ses films, y compris l’un de ses documentaires les plus intimes, Italianamerican (1974), dans lequel ses propres parents évoquent leurs racines siciliennes.

Fatih Akin : Fort comme un Turc

Fatih Akin © Pyramide Distribution Sélectionné in extremis au Festival de Berlin 2004, Fatih Akin y a décroché l’Ours d’or, suprême consécration que le cinéma allemand attendait depuis des années. Il raconte dans Head-On  (2004), Goya du meilleur film européen, l’histoire d’amour excessive et désespérée de deux écorchés vifs issus de l’immigration turque. Un premier aboutissement pour ce cinéaste né en 1973 qui a joué dans une vingtaine de films et a signé notamment  L’engrenage (1998), Julie en juillet (2000), Solino (2002),  Soul Kitchen (2009),  Prix spécial du jury et Prix de la jeunesse à Venise,  De l'autre côté (2007), European Award et Prix du scénario à Cannes et à Ankara, The Cut (2014), ainsi que les documentaires Crossing the Bridge (2005) et Polluting Paradise (2012). Le destin de Fatih Akin ressemble à celui de l’équipe de football du Danemark sélectionnée au dernier moment pour l’Euro 1992, en lieu et place de la Yougoslavie en guerre

George Lazenby : L’homme qui faillit être star

George Lazenby dans  Au service secret de sa majesté de Peter Hunt  © DR Le premier postulant à la succession de Sean Connery n’a pas résisté à la pression des fans et est reparti comme il était venu. Chronique d’un désastre annoncé. Son nom est Lazenby. George Lazenby. Il n’a fait qu’un Bond et puis s’en est allé. C’était en 1969. Il s’agissait de prendre la relève de Sean Connery dans le rôle récurrent du fameux agent 007 imaginé par Ian Fleming. Né en Australie au moment même où tonnaient en Europe les premiers coups de canon de la Seconde Guerre mondiale, George Lazenby débarque en Angleterre en 1964 (la même année que son compatriote Pierce Brosnan, qui n’a alors que onze ans) par amour pour une femme qui ne cèdera jamais à ses avances. Avec pour toute fortune trois mille francs et un costume de rechange déchiré, il trouve un emploi de vendeur de voitures dans un quartier chic de Londres. Remarqué par un photographe qui lui demande de poser, Lazen

Jean-Marc Moutout : La tragédie du travail

Jean-Marc Moutout © DR L’auteur discret de Violence des échanges en milieu tempéré (2003) se définit volontiers lui-même comme un réalisateur de « péplums sociaux ». Après avoir déboulé comme un chien fou dans le jeu de quilles d’un cinéma français dont il revendique haut et fort la tradition de cinéma du réel pur et dur héritée de Renoir et perpétuée aujourd’hui par ces cinéastes engagés que sont Robert Guédiguian, Stéphane Brizé ou Laurent Cantet, Jean-Marc Moutout a persévéré dans cette veine avec ses films suivants : La fabrique des sentiments (2008) et De bon matin (2011).  Né en 1966, i l a par ailleurs tourné les courts métrages En haut et en bas (1991), Tout doit disparaître (1996) et Electrons libres (1998), le téléfilm Libre circulation (2002), le documentaire Par ici la sortie (2004) et plusieurs épisodes de la série Le bureau des légendes (2015). De quatorze à vingt ans, comme tant d’adolescents romantiques appelés à grossir les rangs des intermitten

Hana Laszlo : Le choix des larmes

Hana Laszlo dans  Anderswo  d’Ester Amrami  (2014) © DR Prix d’interprétation à Cannes,  Hana Laszlo  a beaucoup fait rire avant d’exploser sur la scène internationale grâce à son interprétation éblouissante d’une chauffeuse de taxi dans Free Zone  (2005) d’Amos Gitaï.  cette comédienne israélienne née en 1953  avoue toutefois regretter de ne pas avoir pu partager cette récompense avec ses partenaires, la Palestinienne Hiam Abbas et l’Américaine Natalie Portman dans un consensus œcuménique.   Hana Laszlo aime à se définir comme « une survivante ». Issue d’une famille de rescapés de la Shoah arrivée de Pologne en 1948, elle est née cinq ans plus tard sur la Terre Promise. Après avoir accompli ses débuts à l’écran dans des comédies israéliennes pour teenagers et des productions commerciales, elle s’impose comme une fantaisiste de premier plan, quelque part entre Josiane Balasko et Muriel Robin. Sa silhouette s’est alourdie, mais sa personnalité n’a rien perdu de sa pétulan

James Coburn (1928-2002) : Poigne de fer et séduction

James Coburn dans  Pat Garrett et Billy le Kid  de Sam Peckinpah (1973) © DR Les comédiens évoquent volontiers les films qu’ils ont tournés, rarement les rôles qu’ils ont refusés, alors même que c’est d’abord sur leurs choix que se construisent les carrières. James Coburn est aussi fier des uns que des autres. Né James Harrison en 1928, ce colosse nonchalant au sourire éclatant demeure fidèle à la conviction humaniste qui a toujours dicté ses choix , mais nourrit quelques regrets. Comme celui que son agent n’ait pas réussi à convaincre le producteur de Butch Cassidy et le Kid (1969), John Foreman, de lui laisser incarner le personnage qui devait rendre célèbre Robert Redford. Quant au jeu du chat de la souris auquel il s’est livré avec Sergio Leone pendant dix ans avant d’accepter finalement de tenir la vedette d’ Il était une fois… la révolution (1971), il en garde un souvenir plutôt agréable. Et il ne s’en veut nullement d’avoir laissé à Clint Eastwood le rôle de l’homme san

Katy Jurado (1924-2002) : Le repos des guerriers

Katy Jurado © DR Diva oubliée du cinéma mexicain devenue une égérie immortelle du panthéon hispanique, Katy Jurado a réussi à mener sa barque hollywoodienne, en compagnie de partenaires aussi séduisants que Gary Cooper, Spencer Tracy et Marlon Brando.   La vengeance aux deux visages de et avec Marlon Brando (1961) © DR On prétend que les montagnes ne se rencontrent jamais. Il n’en est assurément pas de même des légendes. En dirigeant Katy Jurado dans Divine, l’évangile des merveilles , le cinéaste Arturo Ripstein a bouclé la boucle d’un demi-siècle de ce cinéma mexicain dont il est devenu le chef de file incontesté. Difficile toutefois de reconnaître en l’imposante matrone Mama Dorita qui règne sur une secte millénariste celle qui fut naguère l’une des figures de proue de son pays. Flash-back au début des années quarante. Fille d’une cantatrice et d’un riche propriétaire terrien dont la famille a été spoliée par la Révolution mexicaine, Maria Cristina Jurado Garcia