Bu Feng Zhui Ying Film hong-kongo-chinois de Larry Yang (2025), avec Jackie Chan, Zhang Zifeng, Tony Leung Ka Fai, Ci Sha, Wen Junhui, Zhengjie Zhou, Wang Ziyi, Yueting Lang, Lin Qiunan, Zac Wang, Li Zhekun… 2h20. Sortie le 3 décembre 2025.
Jackie Chan et Tony Leung Ka Fai
L’exode des adeptes les plus doués du cinéma de genre vers les plateformes de streaming a provoqué la raréfaction de certains genres sur le grand écran, à l’instar du film de casse. C’est donc une excellente surprise de découvrir une production chinoise qui accommode une tradition occidentale éprouvée à une véritable expertise asiatique : les arts martiaux. The Shadow’s Edge est en fait le remake du film hong-kongais Filatures (2007) de Yau Nai-hoi produit par Johnnie To dans lequel Tony Leung Ka Fai (qui fut L’amant de Jean-Jacques Annaud) incarnait déjà le génie du mal évoqué dans le titre. Avec en prime cette fois le véritable retour du toujours populaire Jackie Chan, après son caméo médiatisé de Karate Kid : Legends. Aujourd’hui septuagénaire, l’acteur qui met un point d’honneur à réaliser lui-même ses cascades campe cette fois un fin limier chargé de reprendre du service pour empêcher de nuire une équipe de monte-en-l’air avec le soutien d’une jeune recrue féminine (Zhang Zifeng) à laquelle le lie un secret ben gardé. Or, il s’avère que ces redoutables gangsters travaillent en fait en famille, puisque ce sont les sept fils adoptifs d’un mafieux surnommé “The Shadow” capables de pirater le système de surveillance ultramoderne en usage à Macao afin de mettre la main sur un pactole en crypto-monnaie. Reste à identifier les coupables et surtout à contrecarrer leurs plans, alors même qu’ils semblent disposer de moyens illimités face à une police réduite à la portion congrue qui compense ses carences technologiques en faisant sortir de sa retraite un vieux de la vieille susceptible de se mettre dans la tête d’un parrain lui aussi à l’ancienne.
Réglé comme une mécanique de précision, The Shadow’s Edge a le mérite de ne jamais bouder son plaisir et de multiplier les séquences spectaculaires sur un registre qui lorgne du côté de franchises hollywoodiennes aussi prestigieuses qu’Ocean’s Eleven et Mission : Impossible. Avec à l’appui un casting soigné où apparaît même le chanteur de K-pop Wen Junhui, membre du groupe Seventeen sous le nom de Joon. Toutes les générations s’y retrouveront. Ce thriller haletant s’est clairement donné les moyens de ses ambitions en ciblant un public international qui pourrait doper le cinéma chinois encore sous-exporté en dehors de l’Asie, à l’exception notoire des films d’auteur qui écument le circuit des festivals sans toujours bénéficier d’une sortie dans leur propre pays. Au-delà de son intrigue criminelle proprement dite qui donne lieu à son lot de séquences spectaculaires, ce film d’action efficace s’impose par le soin dont il a fait l’objet sur les plans techniques et artistiques. Un peu comme si la Chine redécouvrait les atouts oubliés du cinéma hong-kongais de l’âge d’or et cette expertise hors du commun que ses transfuges les plus prestigieux ont emporté en exil, notamment à Hollywood qui a su en faire le meilleur usage et en exploiter les moindres atouts. Au-delà de son haut potentiel purement ludique, The Shadow’s Edge pourrait bien être l’hirondelle qui annonce un nouveau printemps du cinéma chinois à vocation universelle. Tel quel, c’est à tout le moins un spectacle euphorisant qui remplit l’intégralité de son cahier des charges sans bouder notre plaisir.
Jean-Philippe Guerand




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