Relay Film américain de David Mackenzie (2024), avec Riz Ahmed, Lily James, Sam Worthington, Willa Fitzgerald, Matthew Mather, Aaron Roman Weiner, Eisa Davis, Pun Bandhu, Grant Harrison, Jared Abrahamson, Seth Barrish, Victor Garber, Helen Eigenberg, Purva Bedi, Brian O’Neill, Victoria Stevens… 1h52. Sortie le 26 novembre 2025.
Riz Ahmed
David Mackenzie fait partie de ces trop rares réalisateurs qui mettent leur expertise au service d’un cinéma de genre dont la première ambition est de distraire. Sa filmographie tout entière témoigne de cet état d’esprit qui a mené bon nombre de réalisateurs britanniques à Hollywood. De Young Adam (2003) et My Name is Hallam Foe (2007) aux Poings contre les murs (2013) et à Comancheria (2016), ce technicien qui s’efface derrière ses histoires a démontré sa virtuosité à travers une multitude de genres qu’il a servis en les abordant toujours avec un respect de nature à les transcender et parfois en adoptant des angles alternatifs et singuliers. Comme son double titre le souligne, L’intermédiaire (Relay) s’attache ainsi à un homme de l’ombre chargé d’assurer la protection d’une lanceuse d’alertes en danger, mais bénéficie des initiatives qu’il prend pour mener à son terme en toute confidentialité cette mission périlleuse pour des commanditaires aussi puissants que mystérieux. Le handicap principal du film réside dans sa nébulosité de départ, puisqu’on ignore tout de ces pratiques souterraines liées le plus souvent à des affaires clandestines de corruption voire de chantage. On se croirait revenu à l’âge d’or du cinéma d’espionnage qui s’appuyait à la fois sur des intrigues souvent obscures et des agents doubles ou triples tout aussi énigmatiques à la solde d’intérêts souvent opaques.
Riz Ahmed
On pourrait définir L’intermédiaire (Relay) comme une étude de caractères dans laquelle la psychologie compte moins que le comportement de ses protagonistes dont les motivations ne sont jamais très claires. Le scénario du prometteur Justin Piasecki suit parallèlment le “fixer” campé par Riz Ahmed en mode passe-muraille et celle dont il assure la protection rapprochée qu’incarne Lily James. Avec en arrière-plan un jeu du chat et de la souris dont les tenants et les aboutissants demeurent aussi mal définis que la véritable identité de ceux qui semblent en tirer les ficelles en feignant d’en être les victimes. Jusqu’au moment inéluctable où les uns et les autres finiront par se rencontrer pour une question de vie ou de mort, les codes traditionnels du manichéisme se trouvant pour le moins perturbés. D’abord orchestré comme une mécanique de précision, le film ne trouve sa véritable raison d’être que dans sa seconde partie, lorsque les masques tombent et que les personnages dévoilent leur véritable nature. L’occasion pour David Mackenzie de manifester sa virtuosité en tant que metteur en scène, en rendant haletant ce jeu d’ombres peu propice aux séquences spectaculaires. D’un scénario peu opaque, il réussit à tirer un thriller palpitant qui ne trouve véritablement sa raison d’être qu’au cours de son dernier quart d’heure. Il faut jouer le jeu pour goûter les nuances de cet exercice de style rondement mené.
Jean-Philippe Guerand




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