Splitsville Film américain de Michael Angelo Covino (2025), avec Dakota Johnson, Adria Arjona, Kyle Marvin, Michael Angelo Covino, Nicholas Braun, David Castañeda, O-T Fagbenie, Charlie Gillespie, Simon Webster, Tyrone Benskin, Stephen Adekolu, Jessika Mathurin, Letitia Brookes, Marc Assiniwi, Robin Guillen… 1h44. Sortie le 10 septembre 2025.
Michael Angelo Covino s’était fait remarquer il y a quelques années avec The Climb (2019), une comédie sociale sur fond de cyclisme dont il tenait l’un des rôles principaux avec son coscénariste et coproducteur, Kyle Marvin. La chronique d’une amitié ponctuée d’histoires d’amour. Comme son excellent titre français le souligne, Libre échange est une nouvelle variation sur le même thème, c’est-à-dire au fond sur un sujet vieux comme le monde : la confusion des sentiments. On y retrouve les deux compères confrontés cette fois à Dakota Johnson et Adria Arjona dans un vaudeville très enlevé qui reprend les mêmes éléments, mais témoigne d’une maturité accrue. Avec en filigrane un discours subliminal sur l’homosexualité d’où il transparaît que la force des sentiments reste supérieure aux inclinations des uns et des autres pour telle ou telle pratique. Il convient de signaler qu’entre-temps, le réalisateur a signé un autre film demeuré inédit en France. Sa vision des relations humaines ne cadre pas avec celle que véhicule le cinéma américain traditionnel. Elle passe par la vérité des sentiments et fait fi des conventions. Chaque personnage est guidé par son libre-arbitre ou plutôt ses pulsions, sans chercher en aucun cas à mesurer les conséquences de ses actes. Il y a quelque chose de la notion d’acte gratuit développée par les surréalistes dans cette approche des relations humaines les plus basiques.
Michael Angelo Covino, Dakota Johnson
et Simon Webster
Il y a dans le cinéma de Michael Angelo Covino une insouciance qu’on rencontre de plus en plus rarement dans le cadre de la comédie sentimentale, ce genre cadré à la perfection par le scénariste britannique Richard Curtis qui a révolutionné le genre par sa rigueur à toute épreuve. Le réalisateur américain prend moins d’égards. Chez lui, quand un homme désire une femme… ou un autre homme, il n’y va pas vraiment par quatre chemins, quitte parfois à endurer un refus ou tout au moins un revers qui n’oblitèrera toutefois pas ses tentatives ultérieures. Ses protagonistes sont des hédonistes et parfois même des obsédés qui ne désarment jamais. C’est même ce qui leur confère une bonne partie de leur charme. Quand sa femme demande le divorce, Carey (Kyle Marvin) se réfugie chez ses meilleurs amis, Julie et Paul (Dakota Johnson et Michael Angelo Covino), dont il découvre que le secret de leur bonheur réside dans la pratique de l’union libre. De nouvelles perspectives s’offrent dès lors à ce ver de terre amoureux d’une étoile, même s’il va dès lors devoir élaborer des stratégies plutôt alambiquées pour séduire son hôtesse devenue son obsession. De ce point de départ assez basique, Libre échange tire des développements où les dialogues occupent une place de choix. Il y a là quelque chose du goût de la Nouvelle Vague pour la conversation et plus particulièrement des marivaudages chers à Rohmer et Rivette dans ces chassés-croisés libertins où les mots constituent la voie d’accès aux actes. Il y a d’ailleurs autant à entendre qu’à voir dans ce petit manuel incorrect de la séduction qui tire le meilleur parti des décors les plus banals et offre à ses interprètes une version actualisée et délicieuse de la fameuse “Screwball Comedy” de l’âge d’or. Avec son content de sous-entendus et de malentendus, d’autant plus savoureux pour peu qu’on ait l’esprit mal tourné.
Jean-Philippe Guerand
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