The Roses Film britanno-américain de Jay Roach (2025), avec Olivia Colman, Benedict Cumberbatch, Andy Samberg, Allison Janney, Kate McKinnon, Belinda Bromilow, Sunita Mani, Ncuti Gatwa, Jamie Demetriou, Zoe Chao, Hala Finley, Akie Kotabe, Emily Piggford, Delaney Quinn, Wells Rappaport, Ollie Robinson… 1h45. Sortie le 27 août 2025.
Olivia Colman et Benedict Cumberbatch
Les scènes de ménage au cinéma, ça peut donner Qui a peur de Virginia Woolf ? (1966) de Mike Nichols, Nous ne vieillirons pas ensemble (1972) de Maurice Pialat ou La guerre des Rose (1989) de Danny de Vito. Des affrontements mettant aux prises les couples formés par Elizabeth Taylor et Richard Burton, Marlène Jobert et Jean Yanne ou Kathleen Turner et Michael Douglas. Le dernier de ces duos, qui avait déjà fait ses preuves au box-office avec À la poursuite du diamant vert (1984) et Le diamant du Nil (1985), misait sur une alchimie solidement établie pour sortir l’artillerie lourde à usage ménager. À l’origine de cette comédie sardonique, il y a un best-seller de Warren Adler publié en 1981 qui met en scène l’implosion spectaculaire d’un couple petit bourgeois avec pour enjeu tous les biens accumulés au fil des années. C’est aujourd’hui Jay Roach, le réalisateur à succès des sagas Austin Powers et Mon beau-père et moi, qui s’empare de ce sujet, en réunissant deux des meilleurs acteurs britanniques, Olivia Colman et Benedict Cumberbatch, rarement confrontés à l’univers de la comédie. Theo est architecte, Ivy cuisinière. Alors que son restaurant à elle prospère et devient une franchise lucrative, les perspectives professionnelles de son époux s’effondrent à la suite d’un bâtiment qu’il a conçu. Quant à leurs enfants, ils font office de lot de consolation de l’un ou de l’autre selon les circonstances. Jusqu’au moment où le vernis craque et où les Rose entrent en guerre l’un contre l’autre. Dès lors, tous les coups sont permis. À commencer par les moins recommandables.
Benedict Cumberbatch et Olivia Colman
La guerre des Rose n’est pas qu’une comédie. C’est d’abord un état des lieux amer de ce que représente un couple dans la société contemporaine, quand chacun est confronté à des problèmes qui l’incitent au repli et que la dissymétrie interne finit par mettre en péril l’ensemble des acquis de la vie conjugale. Cette nouvelle adaptation est l’œuvre du scénariste australien Tony McNamara à qui ses deux collaborations avec Yórgos Lánthimos ont valu des nominations à l’Oscar. C’est dire que s’il joue le jeu de la comédie transgressive, il pare ses protagonistes d’un authentique supplément d’âme et choisit pour cela deux interprètes rompus aux rôles de composition qui trouvent ici matière à manifester leur talent sur un registre à tonalité variable. Cette vision désabusée du couple repose sur un postulat selon lequel la vie de famille constitue un obstacle à l’épanouissement de ses composantes et suppose que l’un doive se sacrifier au profit de l’autre. Jusqu’au moment où il se trouve en droit de demander des comptes à son conjoint en échange de tout ce à quoi il a renoncé pour faciliter sa réussite. Jay Roach va au bout de son propos, mais n’hésite pas à jouer de l’émotion, fort de son expérience probante sur la tonalité dramatique de son biopic de Dalton Trumbo (2015) et Scandal (2019) sur le management toxique de Fox News. Du coup, sa version de La guerre des Rose relève davantage de la comédie de mœurs que de la farce féroce qui culminait à la fin de celui de Danny de Vito. Avec pour point commun l’appât du gain et un affrontement final spectaculaire que l’affiche laisse deviner, même si son issue reste incertaine, ce qui est suffisamment rare à Hollywood pour mériter d’être souligné. Mais c’est la vie, après tout…
Jean-Philippe Guerand
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