Film américain de Jonathan Entwistle (2025), avec Ben Wang, Jackie Chan, Ralph Macchio, Joshua Jackson, Sadie Stanley, Ming-Na Wen, Aramis Knight, Wyatt Oleff, Shaunette Renee Wilson, William Zabka, Olivia Yang Avis, Aaron Wang, Nicholas Carella, Tim Rozon, Mig Buenacruz, Henri Forget… 1h34. Sortie le 13 août 2025.
Jackie Chan et Ben Wang
Hollywood tire une large part de ses profits du recyclage en tout genre : prequels, sequels, reboots, crossovers et remakes continuent à remplir ses caisses à jets continus, les franchises n’ayant jamais aussi bien porté leur nom. Sorti sous le titre français Le moment de vérité (1984), Karate Kid s’inspirait déjà sans vergogne de la série à succès “Kung Fu” (1972) dans laquelle le “petit scarabée” David Carradine campait un moine shaolin réfugié aux États-Unis. L’opus initial suscite deux autres films et une série TV, puis la déclinaison féminine Miss Karaté Kid (1994) et The Karaté Kid (2010) qui fait entrer Jackie Chan dans la saga. Comme son titre le souligne assez justement, Karate Kid : Legends constitue une sorte d’aboutissement ultime qui emprunte des éléments a priori hétérogènes dont il accomplit la synthèse en remettant au goût du jour le concept de base : un garçon chétif prend de l’assurance à travers la pratique des arts martiaux avec le soutien d’un et même ici de plusieurs aînés bienveillants, ce qui lui permet de conquérir celle dont il est amoureux, par ailleurs sous l’emprise machiste de son pire ennemi. Un résumé sommaire qui décrit assez justement les divers enjeux de cette nouvelle version rehaussée par la présence de Jackie Chan en vieux sage, mais aussi de Ralph Macchio, le héros d’origine révélé par Francis Ford Coppola dans Outsiders (1983), mais associé pour l’éternité au personnage de Daniel LaRusso qu’il retrouve aujourd’hui à l’âge de la retraite.
Karate Kid : Legends égrène les multiples thèmes de la saga avec une efficacité indéniable et n’hésite pas à reproduire des situations éprouvées pour répondre à l’attente du public en démontrant à quel point les mêmes causes produisent les mêmes effets sans que l’expérience serve véritablement de leçon. Le jeune Ben Wang reprend le flambeau sans avoir à rougir d’aucune comparaison à son désavantage et ouvre la voie à une nouvelle génération de combattants rompue aux lois du genre qui ne semble toutefois pas avoir médité suffisamment les enseignements de ses aînés pour déjouer ses assaillants. On passera sur le vernis moralisateur que distillent ses mentors pour goûter la façon dont ce divertissement dénué de prétention mais pas de roublardise recycle de vieilles recettes éprouvées sur le principe de l’amalgame tout-terrain, à travers une convergence des luttes entre le karaté et le kung-fu. En quarante ans, alors même que le monde est devenu toujours plus violent, le principal mérite de cette franchise est de s’accrocher à quelques fondamentaux à travers un personnage qui se bat avant tout pour se défendre dans un esprit de sagesse, face à des adversaires qui affichent ostensiblement un état d’esprit pour le moins différent. Ce film les résume tous et se permet au passage de décrire une société morcelée où presque tous les coups sont permis. Avec en guise de bouquet final un combat sur les toits de New York qui semble préconiser de prendre une certaine hauteur, au propre comme au figuré.
Jean-Philippe Guerand
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