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“Superman” de James Gunn



Film américain de James Gunn (2025), avec David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nathan Fillion, Isabela Merced, Edi Cathegi, Anthony Carrigan, Maria Gabriela de Faría, Nicholas Hoult, Sara Sampaio, Frank Grillo, Skyler Gisondo, Wendell Pierce, Alan Tudyk, Pruitt Taylor Vince, Neva Howell, Miriam Shor, Beck Bennett, Mikaela Hoover… 2h10. Sortie le 9 juillet 2025.



Rachel Brosnahan et David Corenswet



Superman fut historiquement le premier super-héros auquel s’est frotté Hollywood il y a tout juste un demi-siècle en lui consacrant des moyens conséquents. Il faut dire que l’histoire de ce journaliste devenu redresseur de torts a de quoi faire fantasmer les scénaristes et qu’il incarne en quelque sorte le comble du Bien. Une sorte de version de l’homme de la rue exacerbé par Frank Capra qui n’a besoin que d’une cabine téléphonique pour dévoiler l’autre versant de sa personnalité et contribuer à sauver le monde en proie aux sept péchés capitaux et à leurs variations les plus tordues. Sans remonter aux serials qui le mirent en scène Avant-Guerre à l’attention exclusive des Américains en proie aux retombées de la crise de 29 et aux méfaits de la Mafia, Superman est donc un anti-héros atypique parce qu’exempt du moindre côté obscur, à l’image de sa cape bleue outremer et de son masque. C’est au réalisateur des Gardiens de la galaxie, James Gunn, qu’a été confié la tâche de ranimer la flamme de celui qu’on avait laissé en héros inoxydable dans Man of Steel sous la houlette de Zack Snyder, il y a une douzaine d’années. Les dates ont d’autant plus d’importance s’agissant de cette saga que le contexte historique exige volontiers des sauveurs quand le monde s’embrase autour de nous. On dissertera à l’envi sur la sortie de ce nouvel avatar alors que le second mandat de Donald J. Trump remet en cause le rôle des États-Unis en tant que gendarme du monde. Superman est quant à lui le plus innocent des sauveurs. Un brave type qui se serait trompé d’époque et ne semble croire au mal que quand il l’affronte.



Nicholas Hoult et David Corenswet



La particularité de Superman est d’être un type banal, journaliste de son métier, parfois raillé par certains de ses collègues, qui va se révéler à lui-même sous l’effet de ses pouvoirs surnaturels, quitte à se trouver paré malgré lui des qualités les plus insoupçonnables. En tant que Monsieur Tout-le-Monde, il se doit donc d’être incarné par un interprète dénué de toute pedigree cinématographique. Ce fut le cas de Christopher Reeves, mais aussi de Brandon Routh, d’Henry Cavill et même avant eux des tout aussi oubliés Kirk Alyn et George Reeves. Sa nouvelle incarnation, David Corenswet, est connu essentiellement pour avoir tenu l’un des rôles principaux de la mini-série “Hollywood” de Ryan Murphy diffusée sur Netflix. Il perpétue la tradition du personnage dont l’amoureuse Lois Lane, qui l’interviewe au moindre prétexte, décrète qu’il est naturellement… sympathique. Sa première apparition le propulse, blessé et sanguinolent, dans un champ de neige où il vient de subir son premier revers sérieux. C’est d’ailleurs sa vulnérabilité qui caractérise ce justicier positif jusqu’à l’extrême, aussi prompt à sauver un bébé… qu’un écureuil ! Avec en prime un soin particulier apporté aux méchants et surtout à leur diversité, à commencer par le plus redoutable d’entre eux, Lex Luthor, que campe avec beaucoup de conviction un Nicholas Hoult chauve, aux antipodes de son rôle dans Juré n°2. Le film exploite avec efficacité un arsenal impressionnant d’effets spéciaux, met en scène une escouade facétieuse de domestiques robotisés, une professionnelle du selfie moins gourde qu’elle n’en a l’air et tire un parti inattendu de Krypto, le chien du héros à l’enthousiasme souvent débordant. Bref, les fans apprécieront… sans doute et on aurait tort de bouder ce plaisir simple. Même s’il faut sans doute une bonne dose d’innocence pour l’apprécier.

Jean-Philippe Guerand





David Corenswet

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