I Know What You Did Last Summer Film américain de Jennifer Kaytyn Robinson (2025), avec Madelyn Cline, Chase Sui Wonders, Jonah Hauer-King, Tyriq Withers, Sarah Pidgeon, Billy Campbell, Gabbriette Bechtel, Austin Nichols, Joshua Orin, Freddie Prinze Jr., Jennifer Love Hewitt, Sarah Michelle Gellar… 1h51. Sortie le 16 juillet 2025.
Lors des fiançailles de deux d’entre eux, cinq amis sont témoins d’un accident de la route, sans pouvoir venir en aide au conducteur, avant de quitter les lieux. Un an plus tard, la future mariée reçoit un message anonyme qui fait allusion à ce mauvais souvenir. Dès lors, un inconnu vêtu d’une tenue de pêche et équipé d’un crochet s’en prend aux jeunes gens et à leur entourage avec une rare violence. On reconnaîtra là à quelques détails près l’argument du slasher Souviens-toi… l’été dernier dont l’opus initial avait été réalisé par Jim Gillespie en 1997 avant d’engendrer une suite dès l’année suivante sous la houlette de Danny Cannon. Ce revival tardif se déroule de nos jours dans la ville côtière de Southport en plein boom immobilier où des sales gosses de riches deviennent la cible d’un tueur anonyme auquel ils vont donner du fil à retordre tout en essayant de le démasquer. L’affaire tourne rond et bénéficie d’un subtil équilibre entre scènes d’action pure et des intermèdes plus intimistes. La bonne idée consiste à en avoir la confié la réalisation à une femme, en l’occurrence Jennifer Kaytyn Robinson, qui a la bonne idée de ne jamais ménager ses protagonistes, qu’il s’agisse des jeunes gens arrogants ou de certains de leurs aînés sortis de la naphtaline des opus initiaux, à commencer par le couple rancunier campé par Jennifer Love Hewitt et Freddie Prinze Jr., ainsi que la blonde Sarah Michelle Gellar qui n'a pas pris une ride depuis son rôle-titre de la série “Buffy contre les vampires”.
Jennifer Kaytyn Robinson malmène volontiers ses personnages et semble prendre un malin plaisir à les accabler ou à les railler. Les garçons sont des beaux gosses souvent torse nu soumis au désir de ces dames et préposés à leur servir de doudous, celles-ci s’échelonnant de la nunuche à la perverse polymorphe en passant par la fausse ingénue. La différence principale avec les opus originels réside en fait surtout dans l’évolution des relations entre les sexes et une vision assez subversive des rapports de classe. Ce reboot remplit parfaitement sa fonction ludique et témoigne d’une maîtrise impeccable de tous les codes du genre. Il procède par ailleurs sous l’égide d’une équipe majoritairement jeune d’où émergent notamment la monteuse Saira Haider et la compositrice Chanda Dancy. C’est aussi un signe important à l’adresse de ceux qui stigmatisent la timidité du cinéma hollywoodien à se féminiser pour rattraper son retard par rapport à bien des autres pays et mieux coller à son époque en contribuant à faire évoluer les mentalitéss. Résultat tangible : on croise même une bisexuelle qui assume, ce qui n'est pas si courant dans ce type de productions. Autre constation, Souviens-toi… l’été dernier démontre après le revival récent de Scream que le cinéma qui joue sur nos peurs a encore de beaux jours devant lui, pour peu qu’il prenne soin d’y mettre les formes, s’autorise le second degré et ne se contente pas d’enchaîner les morceaux de bravoure mécaniquement sans parer ses protagonistes d’un supplément d’âme toujours appréciable. La confrontation des générations s’avère quant à elle éloquente sur l’évolution considérable des mentalités survenue en un quart de siècle. Et puis, un film dont le pasteur se prénomme… Judah ne peut pas laisser indifférent.
Jean-Philippe Guerand
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