The Bad Guys 2 Film d’animation américain de Pierre Perifel et Juan Pablo Sans (2025), avec (voix) Sam Rockwell / Pierre Niney, Craig Robinson / Jean-Pascal Zadi, Awkwafina / Doully, Marc Maron / Igor Gotesman, Zazie Beetz / Alice Belaïdi… 1h44. Sortie le 30 juillet 2025.
Au cinéma, il est un fait que la méchanceté est souvent plus propice à stimuler l’imagination que la gentillesse. Et pas que des esprits pervers. Prenez les Bad Guys, par exemple. C’est leur fourberie qui fait tout leur sel. Alors quand ils décident de s’amender, on craint paradoxalement non pas le meilleur mais le pire. Un peu comme Grû, le croque-mitaine changé en papa poule de la saga Moi, moche et méchant. Comme si le fait d’être malfaisant pouvait encore choquer les enfants pourtant rompus à la vilenie voire au vice par leur consommation de jeux vidéo et leur fréquentation des réseaux sociaux. Les Bad Guys 2 devenus des… Good Guys mettent désormais leur expertise du mal au service du bien, en tant qu’auxiliaires assermentés des forces de l’ordre. Effet garanti ! D’autant plus que les charismatiques messieurs Loup, Serpent, Requin, Piranha et mademoiselle Tarentule sont désormais commandités par un trio de Bad Girls composé des agents Mistigri (une léoparde des neiges), Pigtail (une laie bulgare) et Apocalypse (une corneille). Une excellente initiative scénaristique qui permet de donner une nouvelle dimension à ces mâles au-delà du Mal dans le contexte d’un monde gagné par les thèses progressistes du mouvement #MeToo qui donne lieu au rattrapage d’un déficit de parité criant au fil d’un traitement de choc.
Comme beaucoup de films d’animation contemporains, Les Bad Guys 2 s’adresse au public le plus large possible en accordant une attention particulière aux cinéphiles. La référence est ici à chercher notamment du côté de la saga Ocean’s Eleven avec ses gentlemen cambrioleurs qui pratiquent leur art illicite comme un véritable sacerdoce. Dans les polars traditionnels, chaque membre du gang est utilisé pour son expertise spécifique. Ici, c’est de l’association de plusieurs espèces que la nature n’a pas prédestiné à se côtoyer que naît l’accumulation des compétences. Avec à la base une série de BD d’Aaron Blabey vendue à plus de trente millions d’exemplaires, “Les super méchants” (Casterman), dont le cinéma est encore loin d’avoir exploité tout le potentiel. Ce deuxième opus n’a jamais à rougir de la comparaison avec l’original, d’autant plus qu’il tire un parti intéressant de sa féminisation à travers des nouveaux personnages qui contribuent à agrandir le cheptel de braqueurs en le diversifiant. Les personnages secondaires sont quant à eux fidèles au poste, de la gouverneure à la cheffe de la police en passant par la chasseuse de scoops et le professeur Marmelade. Le doublage français est en outre particulièrement recommandable, Reem Kherici rejoignant l’équipe de choc initiale formée par Pierre Niney, Igor Gotesman, Doully, Jean-Pascal Zadi et Alice Belaïdi. De là à privilégier exceptionnellement la v.f. par rapport à la v.o., la tentation est pour une fois justifiée.
Jean-Philippe Guerand
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