Film australien de Sean Byrne (2025), avec Jai Courtney, Hassie Harrison, Josh Heuston, Ella Newton, Rob Carlton, Liam Greinke, Michael Goldman, Ryland Pearson McManus, Teah Fraser, Sean Richard, Jess Tredinnick, James Munn, Jon Quested… 1h33. Sortie le 23 juillet 2025.
Josh Heuston et Hassie Harrison
Les années 70 ont donné ses lettres de noblesse au cinéma de genre jusque là cantonné à la série B, lorsque Hollywood a attribué des budgets conséquents à des films qui relevaient de ce qu’on qualifiait avec quelque mépris de cinéma d’exploitation. C’est ironiquement au moment même où l’on célèbre le cinquantenaire des Dents de la mer de Steven Spielberg que l’Australien Sean Byrne brode à son tour sur la menace tapie sous les eaux. Il met en scène pour cela un loup de mer psychopathe qui emmène au large ses victimes expiatoires afin de les sacrifier ensuite comme appâts humains. Jusqu’au jour où ce fils taré de Poséidon jette son dévolu sur une surfeuse profilée qui va lui donner du fil à retordre avec une hargne d’autant moins commune qu’il a osé perturber sa journée de glisse. L’argument est élémentaire, mais Sean Byrne connaît ses classiques et pousse vraiment son postulat de départ jusqu’à son terme, quitte à dépeindre le tueur en série comme plus redoutable que les monstres tapis sous la mer dont il exploite les mâchoires et flatte le goût du sang. La mécanique parfaitement huilée joue évidemment sur des psychoses que le cinéma s’est chargé d’exacerber, en choisissant comme maître de cérémonie un dingo d’anthologie aux faux airs de Richard Dreyfuss. Et ce n’est pas un hasard ! Le panache de ce film qui porte sa modestie en bandoulière réside d’ailleurs pour une bonne part dans sa propension à recycler tous les poncifs du genre sans donner à aucun moment l’impression d’appliquer des recettes faciles et de se reposer sur ses lauriers. Qu’importent les invraisemblances, à commencer par la candeur des victimes auxquelles on a sans cesse envie de crier de s’enfuir tant leur avenir semble écrit. Dangerous Animals s’en tient à son cahier des charges pour dérouler son scénario programmatique avec une jubilation communicative.
Jai Courtney
Dangerous Animals perpétue cette tradition du cinéma australien qui consiste à dépeindre des autochtones pour le moins dérangés et toujours prompts à se muer en tueurs en série, l’homme de la rue apparaissant aux antipodes comme un monstre en puissance. Là où Mad Max et tant de psychopathes locaux utilisaient le bush et les grandes étendues désertiques comme terrains de jeu privilégiés, l’action se déporte ici au-delà des côtes, ce qui n’est pas franchement plus rassurant, compte tenu de la nature de la faune sous-marin. Dès lors, le film joue sur tous les codes identifiés mais réussit la gageure de faire du neuf avec du vieux. Jusqu’au moment où le pervers pépère qui sacrifie les jeunes filles depuis son ponton transformé en esplanade sacrificielle se trouve confronté à une donzelle un rien plus coriace. Le film présente la particularité de s’en remettre à des situations convenues que connaissent tous les amateurs du genre, tout en prenant un malin plaisir à inverser les rôles, puisqu’il suffit que l’une des victimes se montre plus résistante pour que son bourreau voie sa détermination renforcée et sa hargne décuplée. La saveur qui émane de ce parcours du combattant réside aussi dans sa façon de jouer des situations les plus convenues pour les retourner à son avantage, le couple de tourtereaux mis en scène ayant tout juste le loisir de faire connaissance avant de croiser la route du grand méchant loup de mer qui nourrit à leur égard des projets nettement moins idylliques. À se demander si ce ne sont pas eux les animaux les plus dangereux.
Jean-Philippe Guerand
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