Film d’animation espagnol de Juan Jesús García Galocha et Pedro Solis García (2024), avec (voix) Alisha Weir / Aaricia Dubois, Conor MacNeill / Arthur Dubois, Gemma Arterton / Séverine Cayron, Sean Bean / Daniel Nicodéme, Miguel Ángel Jenner / Jean-Michel Vovk, Karim Barras, Celia Sol / Estelle Strypstein, Alfonso Vallés / Jean-François Rossion, Eliza Rae Butler / Shérine Seyad, Grace Reilly / Pauline Haugness… 1h23. Sortie le 9 juillet 2025.
L’animation est aujourd’hui un terrain de jeu propice aux fantaisies les plus extravagantes. Ses possibilités infinies ont notamment contribué à engendrer des projets qui auraient été jugés insensés il y a seulement quelques années, pour des raisons économiques, artistiques voire culturelles. Ce sont aujourd’hui deux réalisateurs espagnols qui signent un authentique western sans chercher à déroger aux codes du genre, mais en intégrant les diverses composantes d’un propos moderne : considérations écologiques, respect des peuples primitifs (ici les Cheyennes), protection des animaux et féminisme à l’appui. Buffalo Kids s’attache à la traversée des États-Unis par deux orphelins irlandais en quête de leur oncle. Un périple à haut risque qui va leur donner l’occasion de s’affirmer, tout en apprenant la tolérance au contact d’un garçon prisonnier d’un fauteuil roulant, d’ailleurs inspiré du propre fils de l’un des réalisateurs, Pedro Solis García, lequel en avait déjà fait le personnage principal de son court métrage Cuerdas, couronné d’un Goya en 2014. Il s’est associé pour l’occasion avec Juan Jesús García Galocha dont il avait coproduit le premier long, Sacrées momies (2023). Au-delà du genre même dont il recycle les conventions avec une inventivité renouvelée, ce film d’aventure s’impose aussi comme un hymne vibrant à la tolérance et à ce fameux vivre ensemble si volontiers invoqué ces temps-ci, avec à la clé une invitation à la tolérance et au respect.
Au-delà de la multiplicité des thèmes qu’il aborde, Buffalo Kids s’impose avant tout comme un spectacle foisonnant d’imagination sous prétexte de revisiter les thèmes du western classique à travers le regard de ces enfants espiègles qui se prennent au jeu en rivalisant d’imagination afin de déjouer les pièges innombrables qui se dressent sur leur chemin. Les réalisateurs s’amusent à multiplier les signes de connivence, à l’instar de leur débarquement à New York le jour même de l’inauguration de la statue de la liberté, le 28 octobre 1886. Tout un symbole ! Comme il se doit, le film pratique délibérément le mélange des genres et esquisse à partir du personnage de la petite Mary une future suffragette qui se sent parfaitement à son aise dans ce Nouveau Monde où il suffit d’avoir la gâchette facile pour imposer sa loi, mais où la malice peut constituer une arme tout aussi redoutable. C’est d’ailleurs l’une de ses constantes de jouer sur les clichés pour mieux les bousculer. Avec en prime un propos humaniste qui passe par ce petit Nick qu’adoptent Mary et Tom en assurant sa protection rapprochée. Voici un film qui mêle l’utile à l’agréable sans la moindre mièvrerie et surtout en respectant les conventions du genre qu’il illustre avec panache, humour et empathie. Que demander de plus ?
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire