The Accountant 2 Film américain de Gavin O’Connor (2025), avec Ben Affleck, Jon Bernthal, J. K. Simmons, Cynthia Addai-Robinson, Daniella Pineda, Cassandra Blair Ward, John Patrick Jordan, Talia Thiesfield, Paula Rhodes, Fernando Chien, Presley Alexander, Liesel Kopp, Grant Harvey… 2h05. Mise en ligne sur Prime Video le 5 juin 2025.
Ben Affleck possède cette aptitude propre aux plus grandes stars hollywoodiennes de mettre sa renommée au service des causes qui lui tiennent vraiment à cœur, tout en participant de temps à autre à une production à vocation populaire, histoire d’entretenir sa popularité. Et tant mieux si, de temps à autre, ces œuvres de commande remportent un succès inattendu qui conforte son statut. C’est la preuve que le cinéma n’est pas une science exacte, mais un art à géométrie variable dont le public reste la seule boussole valide. Alors quand Mr Wolff a remporté un joli succès un peu inattendu, en 2016, c’est surtout parce que le personnage éponyme qu’y campait Ben Affleck assumait un caractère assez atypique. Il s’agit en effet d’un expert-comptable atteint de troubles autistiques qui met clandestinement son potentiel incroyable au service du crime organisé, sans sortir de sa tanière et tout en menant une vie de père tranquille au fin fond de l’Illinois, tandis que les services secrets cherchent à l’identifier. Un homme aussi tranquille qu’insaisissable que son officier de père a pris soin de faire former aux sports de combat les plus redoutables, ainsi que son frère, afin de les mettre à l’abri de l’adversité en toutes circonstances. Une double compétence physique et intellectuelle qui pare l’aîné d’une personnalité redoutable que sa clandestinité préserve de ses ennemis potentiels.
Dans Mr Wolff 2, notre homme joue au bingo parmi une assemblée de provinciaux très tranquilles et pratique avec une certaine aisance l’art désuet du quadrille, cette danse traditionnelle que pratiquent les pionniers dans certains westerns de John Ford. Difficile de suspecter la véritable nature d’un homme à ce point attaché aux coutumes de l’Amérique profonde. Il fait cette fois équipe avec son frère cadet perdu de vue depuis des années. La facilité aurait consisté à confier cet emploi à Casey Affleck. Il se serait agi d’une erreur au vu des activités professionnelles du personnage au sein desquelles la manipulation des armes occupe une place prépondérante. Déjà présent dans l’opus initial, Jon Bernthal réussit la prouesse de ressembler à Ben Affleck et de personnifier en quelque sorte son brouillon viril et teigneux, le scénario jouant habilement d’une longue complicité devenue instinctive qui consiste à retrouver ses fondamentaux pour ces taiseux. Le réalisateur Gavin O’Connor a décrit lui-même cet opus et sa suite d’ores et déjà envisagée comme “ une version sous stéroïdes de Rain Man ” dont MGM-Amazon a racheté entre-temps la marque à la Warner. La tête et les jambes version Buddy Movie en quelque sorte. C’est donc du deuxième volet d’une franchise qu’il s’agit ici, avec un développement des personnages par le scénariste d’origine, Bill Dubuque, le créateur de la série “Ozark”, et l’expertise à la mise en scène de Gavin O’Connor qui sait mieux que personne pratiquer le mélange des genres avec efficacité. Comme le souligne sa typographie, Mr Wolff 2 est la version au carré du premier film dont on retrouve tous les protagonistes, la cause à défendre résonnant ici en écho aux mesures discriminatoires décrétées par Donald Trump à l’encontre des enfants d’immigrés clandestins séparés de leurs parents au cours de son premier mandat et à nouveau traités de façon inhumaine dans le second. Comme quoi un film de pur entertainment peut parfois avoir aussi un message humaniste à délivrer.
Jean-Philippe Guerand
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